L'empire des dépanneurs Couche-Tard (ATD.B) accélère le rythme de son expansion aux États-Unis, achetant 236 magasins de Shell pour un montant non dévoilé.

L'empire des dépanneurs Couche-Tard (ATD.B) accélère le rythme de son expansion aux États-Unis, achetant 236 magasins de Shell pour un montant non dévoilé.

La compagnie s'entend, par la voie de sa filiale Circle K, avec Shell Oil US et son affilié Motiva Enterprises pour mettre la main sur les magasins dont les emplacements sont éparpillés dans plusieurs États.

Ils sont présentement exploités sous la bannière Shell à Bâton Rouge (22), Denver (71), la région de Memphis (16), Orlando (28), au sud-ouest de la Floride (46) et à Tampa (53).

Le géant des dépanneurs estime que l'acquisition annoncée hier ajoutera 340 millions de gallons à ses activités au niveau du carburant, ainsi que 120 millions US en ce qui concerne les ventes de marchandises. De plus, un impact se ferait sentir sur le bénéfice d'exploitation sur une base annuelle.

" Le prix d'achat devrait dépasser les 250 millions US, dit Martin Goulet, analyste de la Financière Banque Nationale. Toutefois, avec des liquidités de 271 millions US et plus de 1 milliard US de marges de crédit, nous croyons que la transaction sera facile à financer. "

Sur les 236 emplacements, 175 sont exploités par l'entreprise, 49 appartiennent à des propriétaires indépendants et 12 sont liés par des contrats d'approvisionnement en carburant.

Couche-Tard continuera à détenir les locaux et approvisionnements en carburant de 25 dépanneurs indépendants, et en à louer 24. Elle convertira sa nouvelle acquisition en magasins Circle K, et continuera à vendre le carburant de Shell.

Par la même occasion, l'entreprise étendra la présence des produits de Shell à 250 des magasins déjà exploités par Circle K. La chaîne entend acheter les immeubles de 200 emplacements et prendra en charge 24 baux. L'entreprise dirigée par Alain Bouchard investira 45 millions US sur cinq ans afin de les rendre conformes aux normes de sa filiale états-unienne.

Le partenariat élargi avec Shell ne fermerait toutefois pas de portes à Couche-Tard, qui voit dans sa situation un outil de négociation auprès d'éventuels vendeurs.

" Ça n'enlève rien à ce qu'on peut faire avec d'autres pétrolières, soutient Richard Fortin, chef de la direction financière de Couche-Tard. Nous avons beaucoup de volume disponible à l'heure actuelle. C'est clair que nous nous en servirons comme monnaie d'échange. Des acteurs comme British Petroleum et Shell sortent graduellement de marchés qu'ils considèrent non stratégiques en vendant des magasins, et Couche-Tard fait partie des acheteurs. "

Un autre Circle K

L'estomac de Couche-Tard est-il plein? " Non! C'est certainement une acquisition importante. C'est la plus grosse depuis celle de Circle K en décembre 2003, mais nous rêvons de faire éventuellement un nouveau Circle K ", répond Richard Fortin.

À l'époque, l'entreprise mettait la main sur un réseau de 1663 emplacements, doublant sa taille d'un seul coup. Aujourd'hui, son empire compte 5205 magasins, dont 3244 vendent du carburant.

Selon M. Fortin, les 236 magasins qui passeront sous la bannière Circle K ne seront pas trop difficiles à intégrer. " Le défi, c'est toujours d'acheter le bon actif, au bon endroit et à bon prix. Cette acquisition est répartie dans plusieurs de nos régions d'activité. Pour ces gens-là, ajouter 75 ou 100 magasins n'est pas exceptionnel. Ils sont habitués à le faire. "

L'entreprise n'aurait pas à chercher trop longtemps pour trouver un vendeur.

" Ce qui est le plus significatif avec cette acquisition, c'est qu'elle pourrait mener à un marché encore plus grand avec Shell, dit Jessy Hayem, de Valeurs mobilières Desjardins. C'est le troisième achat que Couche-Tard fait auprès de Shell et les deux compagnies ont une relation depuis longtemps. "

" Nous estimons que Shell a un réseau de détail de 5000 magasins et 20 % d'entre eux pourraient être mis en vente ", ajoute l'analyste.

En faisant main basse sur 71 magasins dans la région de Denver, Couche-Tard effectue une percée dans une nouvelle région. Denver est prometteuse et les activités locales seront confiées à une équipe déjà expérimentée.

Les investisseurs ont bien réagi à l'acquisition de Couche-Tard. L'action a gagné 99 cents, à 24,34 $, à la Bourse de Toronto.

Pour sa part, Martin Goulet, de la Financière Banque Nationale, voit ce développement d'un bon oeil. " Il solidifie la présence de Couche-Tard dans les marchés clés du Sud-Est. De façon plus importante, le nombre de magasins à Denver procure une masse critique dans la région dès le premier jour. "

Présentement, l'analyste fixe un cours cible de 25,50 $ pour l'action, avec l'attente d'un rendement " aussi bon que le secteur " (sector perform).

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