Arnold Schwarzenegger a un message pour les trois grands constructeurs d'automobiles américains: «Grouillez-vous le cul!»

Arnold Schwarzenegger a un message pour les trois grands constructeurs d'automobiles américains: «Grouillez-vous le cul!»

Le gouverneur estime qu'ils ne font pas assez d'efforts pour produire des véhicules plus écologiques. Selon lui, Ford, Chrysler et General Motors sont voués à disparaître s'ils ne changent pas.

«Mon message, c'est grouillez-vous le cul (get off your butt) et venez nous rejoindre! La Californie fait sans doute plus que quiconque pour sauver les constructeurs américains d'automobiles. Nous les poussons à changer leurs pratiques.

S'ils ne changent pas, quelqu'un d'autre prendra leur place», a-t-il dit lors d'une conférence sur l'environnement à l'Université Georgetown, à Washington, cette semaine.

M. Schwarzenegger se bat actuellement pour que le gouvernement fédéral lui donne le droit de limiter la pollution automobile en Californie. S'il gagne son pari, les constructeurs devront réduire de 25 % les émissions polluantes des voitures neuves vendues en Californie, l'État le plus peuplé et le plus riche au pays.

Schwarzenegger a fait cette sortie alors qu'un représentant républicain du Michigan, Joe Knollenberg, vient de faire ériger à Detroit un immense panneau publicitaire sur lequel on peut lire: «Arnold to Michigan: Drop Dead!» («Arnold dit au Michigan: Crevez!»)

M. Knollenberg estime que le programme environnemental de Schwarzenegger signera l'arrêt de mort de l'industrie automobile américaine, déjà mise à mal par la concurrence asiatique et européenne. Se conformer aux exigences de la Californie coûterait 85 milliards aux trois géants de Detroit, selon lui.

Schwarzenegger a tourné cette pub en ridicule durant son allocution. «Il y a un panneau au Michigan qui m'accuse de coûter 85 milliards de dollars à l'industrie automobile. C'est faux. Ce que je dis, c'est que la technologie va sauver Detroit. Si Detroit ne bouge pas, nous savons tous - soyons honnêtes - que quelqu'un d'autre va le faire. Les Japonais vont le faire. Les Chinois vont le faire. Les Allemands vont le faire.»

Les constructeurs n'ont pas tardé à riposter aux propos du gouverneur. Pour le porte-parole de General Motors, Greg Martin, il est faux de dire que les constructeurs américains regardent passer le train.

«La technologie est la solution, mais ce n'est pas au gouvernement de dire aux consommateurs quoi acheter», a-t-il dit, ajoutant que GM met sur la route plus de voitures économiques que les autres entreprises.

Pour le porte-parole de Chrysler, Jason Vines, l'industrie est en bonne position pour rebondir au cours des prochaines années. «Nous nous tenons debout et nous innovons comme jamais auparavant. Nous allons nous imposer à nouveau.»

Les constructeurs américains d'automobiles vivent des moments difficiles depuis plusieurs années. GM a perdu 10,4 milliards de dollars en 2005, puis 2 milliards en 2006, après avoir fait d'importantes coupes dans sa main-d'oeuvre. Quant à Ford, elle a perdu 12,7 milliards en 2006. Également en difficulté, la compagnie Chrysler est actuellement à la recherche d'un acheteur.

Au même moment, Toyota, Nissan et Honda sont toutes trois en train d'agrandir leurs installations au Japon ou d'en construire de nouvelles, ce qui ne s'était pas vu depuis des décennies.

Schwarzenegger, dont le penchant pour les Hummers est légendaire, soutient que les constructeurs n'ont pas à cesser de produire des VUS pour respecter l'environnement. Il possède lui-même deux Hummers: l'un qui fonctionne au biodiesel, l'autre à l'hydrogène. «C'est le genre de changements qu'il faut faire. Il ne faut pas se débarrasser des VUS, il faut les améliorer.»

Cela dit, le bilan du gouverneur en la matière est plus nuancé que ses sorties publiques, estime la Ligue of Conservation Voters, un groupe vert californien.

Chaque année, ce groupe donne un score de 0 à 100 pour les projets de loi «verts» acceptés ou refusés par le gouverneur. Pour 2006, Schwarzenegger a reçu un score de 50, alors qu'il avait obtenu 58 en 2005. Son prédécesseur, Gray Davis, avait obtenu 75 en 2002, et 85 l'année précédente.

«En dépit de ses sorties publiques pro-environnement, le bilan du gouverneur Schwarzenegger, pour ce qui est d'autoriser des projets de loi bons pour l'environnement, demeure médiocre», soutient la ligue dans son plus récent rapport annuel.