Lola Topchieva est assise sur une petite fortune. Un magot de 300 000$.

Lola Topchieva est assise sur une petite fortune. Un magot de 300 000$.

Comme des dizaines de millions de ses compatriotes, la Russe de 49 ans a hérité de l'appartement qu'elle habitait au moment de la chute de l'URSS.

Elle n'a pas payé un sou pour son coquet logis de 615 pieds carrés, situé en haut d'une tour bétonnée de Lefortovo, un quartier central de Moscou.

«En 1992, l'appartement valait 10 000$, il y a 10 ans, 70 000$, et maintenant, il vaut environ 300 000$» raconte la travailleuse autonome, debout dans sa petite cuisine vert pomme.

Avec des prix aussi élevés que ceux de Londres et New York dans l'immobilier, Moscou est devenue une ville extrêmement chère.

La tendance à la hausse s'étend peu à peu à la grandeur de la Russie, surtout dans les grandes villes comme Saint-Pétersbourg et Ekaterinbourg.

Contrairement à Lola Topchieva, les gens de la nouvelle génération n'ont pas eu la chance de recevoir un appartement gratuit du gouvernement. Ils doivent payer des fortunes pour se loger –certaines résidences de luxe se louent jusqu'à 40 000$ par mois à Moscou—, et ils n'ont souvent d'autre choix que d'habiter à plusieurs ou demeurer chez leurs parents à long terme.

Les choses pourraient changer. La clé se résume en un mo: hypothèque. À l'heure actuelle, seuls 1% des Russes ont un prêt hypothécaire. Une bonne proportion de banques n'en offre même pas. La dette hypothécaire moyenne est de 44$ par habitant... contre 44 000$ pour le reste de l'Europe!

«L'histoire du marché hypothécaire est très jeune en Russie, raconte Elena Klepikova, responsable du financement de l'habitation pour l'IFC, une branche de la Banque Mondiale. La loi sur les hypothèques a été adoptée en 1998. On est en 2007, donc c'est très facile pour nous de parler d'histoire, parce qu'elle est très courte.»

Plusieurs facteurs ralentissent le développement d'un vrai marché hypothécaire. Le principal problème, c'est qu'il est très difficile de faire des enquêtes de crédit, un frein majeur pour les banques.

Et même si le salaire moyen augmente rapidement (il atteint aujourd'hui 560$ CAN par mois), bien des Russes sont encore payés en tout ou en partie au noir. Leur faible salaire officiel les disqualifie d'emblée pour un prêt.

Le Montréalais Nuri Katz, qui dirige maintenant la firme immobilière Century 21 en Russie, est confiant de voir le marché hypothécaire prendre son envol. Il salive presque lorsqu'il en parle.

«En Russie, plus de 95% des gens possèdent leur appartement libre de toute hypothèque, rappelle-t-il. S'ils étaient capables de financer ces appartements, d'obtenir de l'argent pour ces appartements, ils pourraient injecter dans l'économie des trillions de dollars. C'est plus que le pétrole! C'est stupéfiant de penser à ça.»

L'IFC travaille présentement à développer un guide de «meilleures pratiques» hypothécaires, qui sera remis à toutes les banques russes.

L'organisation a colligé de l'information dans plusieurs institutions financières du monde entier pour préparer son document, dont le Mouvement Desjardins, à Montréal.

L'accès plus facile à une hypothèque permettra à des millions de Russes d'améliorer leurs conditions de vie, croit Elena Klepikova. Ne serait-ce qu'en optant pour un appartement de quatre pièces plutôt que trois.

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