L'ancien gouverneur de l'Etat de l'Illinois, James R. Thompson, a affirmé, mardi, que des membres importants du conseil d'administration de Hollinger International ont été tenus dans l'ignorance pendant qu'une somme de 15,2 M$ US, qui aurait due être remise aux actionnaires de l'entreprise, était plutôt transférée vers une société torontoise contrôlée par Conrad Black.

L'ancien gouverneur de l'Etat de l'Illinois, James R. Thompson, a affirmé, mardi, que des membres importants du conseil d'administration de Hollinger International ont été tenus dans l'ignorance pendant qu'une somme de 15,2 M$ US, qui aurait due être remise aux actionnaires de l'entreprise, était plutôt transférée vers une société torontoise contrôlée par Conrad Black.

«Hollinger International aurait dû recevoir les paiements de non-concurrence, a dit M. Thompson, mais il a été remis à quelqu'un d'autre.»

Black et trois autres hommes ü Jack Boultbee, Peter Atkinson et Mark Kipnis ü sont accusés d'avoir empoché des dizaines de millions de dollars en paiements de non-concurrence. De tels paiements sont courants dans le monde de l'édition et les quatre co-accusés affirment n'avoir rien fait de mal. Mais le gouvernement américain estime que ces paiements auraient dû être remis aux actionnaires de Hollinger.

M. Thompson est apparu calme et affable à la barre des témoins, dans le même tribunal où il a déjà agi à titre de procureur en chef. C'est d'ailleurs sa réputation d'adversaire farouche de la corruption qui lui a permis d'être élu gouverneur de l'Illinois à quatre reprises.

M. Thompson a reconnu qu'il n'était pas très familier avec le monde des journaux quand il s'est joint au conseil d'administration de Hollinger, ce qui ne l'a pas empêché d'éventuellement occuper la présidence du comité de vérification de l'entreprise. Ce comité devait notamment réviser les transactions entre parties liées ü des transactions entre Hollinger et une entreprise dans laquelle ses gestionnaires avaient un intérêt financier.

Le procureur du gouvernement américain, Eric Sussman, a tout d'abord questionné M. Thompson au sujet de la vente par Hollinger International du magazine American Trucker à la firme Primedia en novembre 1988. Une somme d'environ 2 M$ du prix de vente a été remise à Hollinger plutôt qu'à Hollinger International.

Me Sussman a demandé à M. Thompson si un dirigeant de Hollinger International l'avait informé que cette somme était redirigée vers l'entreprise torontoise.

«Non», a dit M. Thompson.

«Quand avez-vous été informé d'une transaction qui envoyait 2 M$ à Hollinger?», a demandé Me Sussman.

«Beaucoup plus tard», a répondu M. Thompson. Quand Me Sussman lui a demandé d'être plus précis, M. Thompson a expliqué que cela s'est produit quand le conseil d'administration s'est rebellé contre la gestion de Black et a amorcé une enquête externe de l'entreprise.

M. Thompson a ensuite déclaré que les principaux dirigeants de Hollinger International auraient dû informer le comité de vérification que des fonds étaient réacheminés vers Hollinger, «puisque c'était une transaction entre parties liées».

M. Thompson a aussi expliqué que le comité de vérification n'a jamais été informé des 12 M$ en paiements de non-concurrence que Hollinger recevrait de la vente de 45 journaux appartenant à Hollinger International, ni du 1,2 million $ remis à Hollinger dans le cadre de la vente d'autres journaux de Hollinger International à une entreprise dans laquelle Black lui-même détenait une participation.