Le témoignage fort attendu de l'ancien lieutenant de Conrad Black, David Radler, a finalement commencé, lundi, au procès pour fraude et extorsion de l'ancien baron de la presse.

Le témoignage fort attendu de l'ancien lieutenant de Conrad Black, David Radler, a finalement commencé, lundi, au procès pour fraude et extorsion de l'ancien baron de la presse.

Après avoir été assermenté, Radler a reconnu avoir conclu une entente avec la poursuite: «Mon obligation est de dire la vérité», a-t-il déclaré avant d'entreprendre son témoignage.

Radler était entré dans le tribunal la tête basse mais les yeux rivés sur la barre des témoins. Black et lui ne se sont pas salués, mais Black s'est penché vers l'avant et lui a jeté un bref coup d'oeil avant de se caler dans son fauteuil.

Après avoir plaidé coupable et avoir reconnu avoir «pris de l'argent de Hollinger International de manière non autorisée», Radler a raconté aux jurés avoir rencontré Black en 1969, quand ils avaient respectivement 27 et 25 ans, et qu'ils ont alors décidé de se lancer en affaires ensemble en achetant le quotidien The Record, à Sherbrooke.

«J'ai été impressionné par le savoir et les habiletés de M. Black et j'ai pensé que ce serait un partenaire fantastique», a dit Radler en évitant le regard froid que Black lui lançait.

Les jurés ont entendu, lundi, d'autres détails concernant les controversés paiements de non-concurrence qui se trouvent au coeur des accusations contre Black et trois autres hommes, mais les experts croient que le témoignage de Radler sera crucial à toute l'affaire.

Le gouvernement américain prétend que Black, Jack Boultbee, Peter Atkinson et Mark Kipnis ont illégalement empoché des dizaines de millions de dollars qui auraient normalement dus être remis aux actionnaires de Hollinger International.

Radler, le partenaire d'affaires de Black pendant 40 ans, devrait affirmer que Black et les autres ont mis cette fraude sur pied quand ils ont constaté que d'autres sources de revenus étaient quasiment taries.

Il devrait aussi affirmer que les accusés se sont illégalement insérés dans les ententes de non-concurrence et qu'ils l'ont fait en sachant pleinement qu'ils contrevenaient ainsi à leurs devoirs fiduciaux.

Le témoignage de Radler prend encore plus d'importance maintenant que d'autres témoins importants ont essuyé le feu nourri du contre-interrogatoire des avocats de Black.

L'ancien président du comité de vérification de Hollinger International, James Thompson, a ainsi été forcé d'admettre, la semaine dernière, avoir approuvé les paiements en question sans avoir complètement pris connaissance des documents pertinents.

Black maintient depuis le début n'avoir eu aucune intention malhonnête, et les experts estiment qu'il reviendra maintenant à Radler de convaincre les jurés que Black et les autres co-accusés ont sciemment fraudé les actionnaires de Hollinger International.

Les avocats de Black tentent de limiter l'étendue du témoignage de Radler, en faisant valoir que ses révélations à un grand jury en 2005, qui pourraient être répétées à Chicago, étaient vagues et hypothétiques.

Ils ont indiqué avoir l'intention de démontrer que Radler cherche simplement à sauver sa peau. En échange de son témoignage contre Black, il a accepté de purger 29 mois de prison et d'acquitter une amende de 250 000 $ US.