Les deux gros terminaux de conteneurs du Port de Montréal, où transitent les trois quarts de son tonnage total, sont mis en vente par leur propriétaire allemand, 18 mois à peine après qu'il en ait pris possession.

Les deux gros terminaux de conteneurs du Port de Montréal, où transitent les trois quarts de son tonnage total, sont mis en vente par leur propriétaire allemand, 18 mois à peine après qu'il en ait pris possession.

Et à l'instar de transactions récentes aux ports de Vancouver et de Halifax, l'achat de la presque totalité des activités de conteneurs au Port de Montréal pourrait attirer plusieurs dizaines de millions de dollars, venant d'importants fonds d'investissement.

Dans l'immédiat, la mise en vente du "Montreal Gateway", le nom de la société qui chapeaute les terminaux Racine et Cast, dans l'est de Montréal, résulte des mesures de redressement annoncées hier par le groupe allemand TUI.

Ce géant du voyage de loisirs et de la navigation commerciale est le même qui, au début de 2005, a mis la main sur CP Navigation pour 2 milliards US, incluant sa filiale portuaire à Montréal.

Avec cette acquisition, TUI a grossi considérablement sa filiale maritime, Hapag-Llyod, désormais l'un des plus gros au monde.

Le chiffre d'affaires de cette division de TUI a plus que doublé depuis un an, à 1,5 milliard d'euros (2,3 millions $) par trimestre.

Mais son résultat financier net, lui, est allé dans le sens inverse. Il affiche un déficit cumulatif de 91 millions d'euros au terme du troisième trimestre 2006.

Il s'agit d'un revirement considérable par rapport au profit de 218 millions d'euros pour la même période, un an plus tôt.

Les dirigeants de TUI blâment les coûts de l'intégration de CP Navigation alors que la concurrence des tarifs s'est accrue, aggravée par un surplus de capacité sur l'Atlantique.

Pendant ce temps, TUI a aussi des problèmes avec ses activités de voyagiste, parmi les plus importantes d'Europe.

Pour redresser la barre, TUI a annoncé hier des mesures qui comprennent le licenciement de 6% de son effectif (3600 postes supprimés), ainsi que le remaniement de nombreux actifs.

Dans sa division maritime, ça comprend "la vente d'un terminal portuaire à Montréal", lit-on dans les communiqués diffusés du siège social de TUI, à Hanovre en Allemagne.

TUI ne donne cependant aucun détail sur l'échéancier et les conditions de la vente de cet actif montréalais.

Au Port de Montréal, le PDG Dominic Taddeo, indique en avoir discuté tout récemment avec des TUI et Hapag-Llyod, et qu'il suit la situation de près.

"Les terminaux de conteneurs de Montréal Gateway comptent pour les trois quarts de tout notre tonnage. On ne peut donc pas se permettre d'accepter toute transaction qui pourrait nuire au Port de Montréal", a indiqué M. Taddeo.

Au dernier compte, quelque 750000 tonnes de marchandises réparties dans 85000 conteneurs-TEU (équivalents de 20 pieds) transitent chaque mois par les terminaux Racine et Cast.

Cela dit, le patron du Port de Montréal, une agence fédérale, s'est dit confiant du bon aboutissement de toute transaction.

"Les terminaux de conteneurs sont exploités selon des baux à long terme avec le Port de Montréal, et notre accord est requis pour toute transfert de bail", a expliqué M. Taddeo.

"Ce fut le cas lors de l'achat de CP Navigation par TUI au début de 2005. Pour le moment, tout indique qu'il en sera de même avec le ou les prochains propriétaires de nos terminaux de conteneurs."

Et ces acquéreurs, qui pourraient-ils être?

"Je ne connais pas les détails financiers de Montreal Gateway, mais je sais que les terminaux Racine et Cast, comme tels, sont rentables", a dit M. Taddeo.

À l'instar de transactions récentes, des investisseurs institutionnels d'importance pourraient être les premiers au portillon des offres.

Entre autres, Teachers, la caisse de retraite multi-milliardaire des enseignants de l'Ontario. Elle vient d'investir 2,4 milliards US dans l'achat d'une firme asiatique de quatre terminaux de conteneurs: deux à Vancouver et deux dans la région de New York.

Et le Port de Montréal, intéressant pour Teachers?

"Nous avons un intérêt pour investir dans des infrastructures. Nous demeurons à l'affût de bons actifs, offerts à des prix adéquats selon nous", a indiqué Deborah Allan, porte-parole de Teachers au siège social de Toronto.

Par ailleurs, un groupe financier d'origine australienne, Macquarie Infrastructure Partners, est aussi pressenti comme acquéreur potentiel des terminaux de conteneurs du Port de Montréal.

D'autant que Macquarie vient d'acheter le principal transbordeur de conteneurs au port de Halifax, Halterm, pour 172,7 millions.

Le Port de Halifax est l'un des principaux concurrents du Port de Montréal dans le marché de l'Atlantique et du nord-est du continent.