Patience. C'est le mot d'ordre qui semble se dessiner pour tous ceux touchés par la crise du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), alors qu'on apprenait mercredi que le PCAA repose en grande partie sur des produits financiers complexes... et parfois contaminés par des actifs risqués.

Patience. C'est le mot d'ordre qui semble se dessiner pour tous ceux touchés par la crise du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), alors qu'on apprenait mercredi que le PCAA repose en grande partie sur des produits financiers complexes... et parfois contaminés par des actifs risqués.

Et la patience risque d'être aussi de mise pour certains retraités québécois. Selon des chiffres fournis à La Presse Affaires par la Régie des rentes du Québec, jusqu'à 55 régimes de retraite de la province en liquidation sont actuellement touchés par la crise, ayant une partie de leurs actifs gelée en raison de l'utilisation de papier commercial.

Ces régimes doivent trouver des solutions de rechange pour une partie de leurs liquidités. Cette situation pourrait conduire à des délais dans le versement de rente de certains retraités.

Bref, on n'est pas sorti du bois, selon Jean Bergeron, directeur du Group-conseil en gestion d'actifs au bureau montréalais de Morneau Sobeco, firme de services-conseils en régime de retraite.

«On dirait qu'il y a des mauvaises nouvelles chaque jour, s'est-il exclamé hier. Et je pense que ça n'ira pas en s'améliorant: on va en avoir d'autres, et ça va être long. Peut-être que les pertes vont être plus élevées que ce qu'on avait anticipé.»

Mercredi, la firme de cotation de crédit DBRS indiquait que les trois quarts du PCAA actuellement gelé selon la «convention de Montréal» repose sur des «obligations de dette en collatéral», des structures financières complexes dont il pourrait être très difficile d'estimer la valeur.

DBRS estime aussi que 7% de ces structures, ou 1,8 milliard de dollars, sont liés aux hypothèques résidentielles américaines, dont les défauts de paiement font les manchettes.

Mercredi, le comité Crawford chargé de restructurer le PCAA a fait savoir qu'il se donnait deux mois de plus pour accomplir sa mission.

L'opération est complexe: les titres PCAA sont garantis par des groupes d'actifs (cartes de crédit, hypothèques, etc.) qui ont été groupés et réarrangés à plusieurs niveaux. Il faut maintenant refaire le processus inverse -l'équivalent, pour reprendre une analogie de notre collègue Francis Vailles, de «détricoter un chandail de laine et de retrouver les moutons».

Le fait que les trois quarts du PCAA reposent sur les fameuses «obligations de dette en collatéral» -collateralized debt obligations ou CDO- pourrait compliquer encore davantage la tâche.

«Selon moi, ça va aller loin en 2008 avant que l'on soit capable de restructurer ces choses-là, a dit hier Jean Bergeron. (...) Ça va être long et pénible de faire ça.»

Selon des sources qui suivent le dossier, la proportion d'actifs risqués comme les hypothèques résidentielles américaines varie grandement selon les différents conduits de PCAA. Le chiffre de 7% mentionné par DBRS n'est qu'une moyenne.

«Selon ce qu'on entend, il y en avait beaucoup (de conduits) qui n'en avaient pas du tout, et on entend dire que pour d'autres, ça pouvait aller jusqu'à 50% (la proportion de PCAA qui repose sur les hypothèques résidentielles américaines)», a indiqué une source près du dossier.

Au Québec, plusieurs entreprises comme Transat A.T., Jean Coutu et l'Industrielle Alliance ont investi dans le PCAA. Environ 20% des régimes de retraite canadiens seraient aussi touchés.

La situation n'est pas trop grave pour la plupart d'entre eux, qui n'ont pas besoin de liquidités immédiatement. Elle l'est beaucoup plus pour ceux qui sont en cours de liquidation totale ou partielle -parce qu'une usine ferme, par exemple, et qu'on doit acheter des rentes pour les employés.

Selon le Régime des rentes du Québec, il y a actuellement 108 régimes en voie de terminaison totale au Québec, dont environ 55 seraient touchés par l'utilisation de papier commercial.

«Nous savons que quelques régimes ne sont pas en mesure de liquider la caisse de retraite à cause de l'utilisation de papier commercial adossé à des créances», a fait savoir Herman Huot, porte-parole de la RRQ.