Des entreprises québécoises se retrouvent avec des problèmes de liquidités pour au moins 60 jours, indirectement touchées par la crise du «papier commercial adossé à des actifs» vendu par la Banque Nationale.

Des entreprises québécoises se retrouvent avec des problèmes de liquidités pour au moins 60 jours, indirectement touchées par la crise du «papier commercial adossé à des actifs» vendu par la Banque Nationale.

Au lieu d'avoir leur argent au terme de ces placements, elles devront se contenter de lignes de crédit offertes par la banque qui leur avait vendu ce papier commercial non garanti.

«J'ai 8 millions de pris dans ces types de placement, qui étaient vendus par le groupe Marchés monétaires de la Banque Nationale», a dit lundi un président d'entreprise québécoise qui a parlé à La Presse Affaires à la condition que le nom de sa firme ne soit pas indentifié.

«La banque nous a offert (lundi) une ligne de crédit en attendant que cette histoire-là soit démêlée et que notre argent - espérons-le - redevienne liquide.»

Actif dans une firme qui gère d'importantes sommes devant être placées à court et moyen terme, le président interviewé hier se retrouve exclu des mesures de soutien aux entreprises annoncées hier par la Banque Nationale.

La Nationale a limité à 2 millions de dollars les rachats de papier commercial adossé à des créances qu'elle a vendues à sa clientèle d'affaires. La banque exclut aussi les firmes considérées comme «investisseurs qualifiés» selon la réglementation en valeurs mobilières.

La Nationale estime que les investisseurs, qui avaient des liquidités suffisantes pour investir plus de deux millions de dollars dans du PCCA, ont certainement une valeur nette supérieure à cinq millions. À partir de ce niveau, ils sont considérés comme «investisseurs qualifiés».

«En réalité, ces gens-là ont les moyens de cheminer avec nous dans le processus de restructuration», a expliqué Louis Vachon, lors d'une conférence de presse avec les médias lundi après-midi.

Les firmes, qui ne sont pas couvertes par les rachats annoncés hier par la Nationale, doivent s'inscrire au syndic Pierre Laporte, de Ernst & Young, qui a été chargé de recenser les firmes touchées par la crise.

Un consortium de firmes financières, incluant la Caisse de dépôt et placement du Québec et la Banque Nationale, a entrepris de restructurer les échéances du PCCA, les transformant en placements à plus long terme.

«Nous, nous faisons affaire avec la Nationale depuis plusieurs années. Quand nous avons des liquidités à placer à court terme, on appelle notre contact au Marchés monétaires de la banque et on lui demande ce qui est disponible ce jour-là», a dit le président d'entreprise.

«Parfois, ce sont des certificats de dépôt, parfois c'est du papier commercial de trusts (fiducies) qui consolident des dettes. Et c'est toujours du papier qui a les meilleures cotes de risque.»

«Et il n'y a rien qui contienne, à notre connaissance, des hypothèques américaines risquées. Seulement des hypothèques canadiennes et des dettes de cartes de crédit canadiennes. C'est du solide, sauf qu'à cause de la crise du subprime américaine, personne n'en veut en ce moment. Alors on est pris avec. Et d'après nos avocats, on est loin d'être les seuls dans cette situation.»

Le porte-parole de la Banque Nationale, Denis Dubé, n'a pu être joint à ce sujet lundi.

Plusieurs institutions financières ont vendu à leurs clients commerciaux des fiducies de dettes très bien cotées par la Dominion Bond Rating Services (DBRS), mais non garantis. Vingt-trois de ces fiducies sont maintenant épaulées par l'effort de restructuration.

Certains ont des noms astronomiques comme Apollo, Comet, Gemini, Planet, ou Rocket Trust. D'autres ont des noms musicaux comme Aria, Opus et Symphony Trust. Au moins un a un nom très optimiste, compte tenu des circonstances: Encore Trust.

Un homme d'affaires faisant partie du conseil d'administration d'une firme de haute technologie de Montréal a dit à La Presse Affaires hier qu'une dizaine de millions, presque tout l'argent de la firme, est gelé dans de tels véhicules de placement.