Cinq ans de léthargie, et ça continue: Montréal terminera l'année avec l'une des pires croissances économiques du pays, pendant qu'à l'autre bout de l'autoroute 40, Québec flirte avec les villes de l'Ouest... dans le peloton de tête.

Cinq ans de léthargie, et ça continue: Montréal terminera l'année avec l'une des pires croissances économiques du pays, pendant qu'à l'autre bout de l'autoroute 40, Québec flirte avec les villes de l'Ouest... dans le peloton de tête.

Les nouvelles prévisions économiques dévoilées hier par le Conference Board sont claires: l'embellie économique espérée pour la métropole ne se produira pas cette année. " L'économie de Montréal est toujours léthargique ", constate l'organisation, qui prévoit une hausse du produit intérieur brut (PIB) d'à peine 1,9 % pour la métropole pour 2006, loin de la moyenne canadienne de 3,1 %. Depuis 2001, le taux de croissance annuel moyen à Montréal a été inférieur à 2 %.

En fait, seules les villes de Saguenay et de Saint-Jean, Terre-Neuve, affichent de pires perspectives que Montréal pour 2006. Pas plus tard qu'au printemps dernier, le même Conference Board avait pourtant prédit une croissance de 2,6 % pour la métropole. Que s'est-il passé depuis?

" L'économie américaine nous laisse en plan plus que prévu ", répond Mario Lefebvre, directeur du Service des notes de conjoncture métropolitaine au Conference Board. Le secteur manufacturier, déjà fort occupé à se débattre avec la hausse du dollar, a écopé. Après un recul de 7,7 % entre 2001 et 2005, il n'a pas été en mesure de se relancer cette année.

La hausse du dollar frappe évidemment toutes les villes canadiennes. " Mais il y a quelque chose de différent à Montréal par rapport à Toronto ou à Calgary: la croissance de la population, souligne M. Lefebvre. Quand je regarde dans ma boule de cristal pour faire une prévision de croissance (économique), la première chose que je considère, c'est la croissance démographique. Après tout, en parle des consommateurs et des travailleurs qui vont former l'économie. " Avant de rêver de boom économique à Montréal, dit l'économiste, il faudra donc penser à " limiter les dégâts en termes d'immigration interprovinciale ".

Outre le recul manufacturier, le secteur des services présente un bilan " assez solide ", avec une croissance prévue de 2,7 % en 2006. Du côté de la construction, la hausse des taux d'intérêt devrait faire chuter les mises en chantier résidentielles de façon " marquée " à court terme; on compte sur les nombreux projets institutionnels d'envergure, dont la construction des deux hôpitaux universitaires, pour sauver les meubles.

Patience, dit le Conference Board: l'embellie finira par venir à Montréal. Sauf que la crainte d'une correction de l'économie américaine incite l'organisation à modérer son optimisme. La prévision de croissance pour Montréal en 2007 est rabaissée à 2,8 %, alors qu'on la voyait à 3,1 % au printemps.

Québec s'envole

Pendant que Montréal traîne dans les bas-fonds du classement canadien, la ville de Québec, elle, y figure tout en haut. La Capitale Nationale n'est devancée que par Calgary, Edmonton et Saskatoon en termes de croissance économique prévue pour 2006. La conjoncture défavorable à la production manufacturière la touche beaucoup moins que Montréal: alors que le secteur compte pour près de 30 % de l'économie montréalaise, la proportion glisse sous les 10 % à Québec. La ville bénéficie actuellement de l'argent investi dans des infrastructures en vue de célébrer son 400e anniversaire, et Ultramar y a investi 400 millions de dollars dans ses installations de raffinage.

Sans surprise, l'Ouest canadien continue d'occuper le haut du classement avec des croissances prévues atteignant 6,6 % à Calgary. Une étude de Statistique Canada est venue ajouter hier une dimension historique au boom albertain: jamais, au pays, une province n'a connu un tel essor économique.

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