À 14 ans, elle était Miss Rodéo à Val-d'Or en Abitibi. Dix ans plus tard, propriétaire d'une vingtaine de salons de coiffure et d'esthétique dans tout le Québec, elle était devenue la reine de la beauté.

À 14 ans, elle était Miss Rodéo à Val-d'Or en Abitibi. Dix ans plus tard, propriétaire d'une vingtaine de salons de coiffure et d'esthétique dans tout le Québec, elle était devenue la reine de la beauté.

Aujourd'hui, Marie-Josée Dupuis prend le temps de vivre. «Je voulais être une artiste, une coiffeuse d'avant-garde, et j'étais devenue, à 25 ans, un commis voyageur, visitant mes salons de Jonquière à Sherbrooke en passant par Rivière-du-Loup, Saint-Georges de Beauce et Montréal. C'était trop.»

Marie-Josée Dupuis et son père, Jean-Guy Dupuis, copropriétaires de la chaîne de salons de coiffure Escompte Coiffe, ne possèdent plus qu'une douzaine de salons dans lesquels 150 employés reçoivent, chaque semaine, de 7000 à 8000 clients.

Un peu plus dans le temps de Fêtes. C'est quand même pas si mal. Et ils en sont fort aises. Sept salons dans la région de Québec, trois au Saguenay et un à Rimouski. C'est tout et c'est bien.

«Des salons de type familial. Des salons de proximité. Pas de salons de sous-sol ni des salons de centres commerciaux dans lesquels il faut payer pour les lustres, les gardiens et les planchers de marbre. Cela nous permet de continuer d'offrir des services à des prix raisonnables, sans rendez-vous, dans des commerces facilement accessibles et toujours près de chez vous. Chez nous, tout le monde peut se faire couper les cheveux pour moins de 20 $, taxes et pourboire inclus. Qualité-prix, c'est dur à battre», précise Mme Dupuis.

C'est elle qui a entraîné son père dans l'aventure. Son père qui, en Abitibi, vendait des maisons mobiles aux travailleurs et construisait des bâtiments commerciaux comme des centres commerciaux.

D'une aventure commerciale à l'autre, la famille Dupuis a déménagé à Loretteville en 1976. Et la petite Miss Rodéo a troqué le saloon pour le salon et se faire coiffeuse-esthéticienne.

Ce qu'elle est devenue effectivement en 1977, à l'âge de 17 ans, après avoir suivi son cours à l'École de coiffure Jacques Lemieux, rue de l'Église à Québec. Premières mises en plis chez Jacques Despars à Place Québec. Ensuite avec Claudette Magnan du Salon Claudel à Loretteville.

Entrepreneur

Pendant ce temps-là, le père continue à travailler comme entrepreneur en construction dans la région de Québec.

Un jour, à la suite d'une faillite, il peut récupérer tout l'ameublement d'un salon de coiffure. Il entrepose le tout pendant quelques mois, jusqu'à ce que sa fille décide de se lancer en affaires à son compte. Comme lui.

Il achète aussi des immeubles, M. Dupuis. Un jour, un local commercial se libère dans un immeuble qu'il possède au 156, rue Racine.

«C'est le bon timing!» qu'il dit à sa fille, qui ouvre alors son premier salon, le 26 janvier 1979. Elle n'avait pas encore tout à fait 18 ans.

C'est comme propriétaire de son salon de coiffure qu'elle rencontrera son mentor, Luc Traversier, de Montréal, un des coiffeurs les plus reconnus du temps, qui offrait alors des formations avancées.

Avec lui, elle parcourra le monde, accumulant les stages ici et là, année après année, dans les écoles les plus renommées comme Vidal Sassoon, Tony & Guy d'Angleterre, Alexandre de Paris, Jean-Louis David de France et Vincence Nobile d'Italie.

Chaque fois, elle revient à Loretteville avec des idées nouvelles, des coiffures à la mode de Paris et de Milan, deux ans avant qu'on en entende parler à Québec. À cause de ça, le salon va très bien merci. «Bien au-delà de nos espérances.»

Les affaires vont si bien qu'en 1980, Escompte Coiffe ouvre un deuxième salon sur la 2e Avenue, dans Limoilou. Un salon de quartier. Pas un grand salon. Un salon à l'image des gens du quartier.

D'autres suivront rapidement. Le père est entrepreneur et ambitieux. Il faut que ça avance. Et ça avance. Lui s'occupe de la commercialisation et elle s'occupe de la création.

Le tandem plaît sûrement. Escompte Coiffe a décroché toutes les années, depuis que cette promotion existe dans la région de Québec, le Prix du meilleur commerce, le choix des consommateurs.

Une bonne quinzaine de plaques sont accrochées dans la salle de réunion du siège social, au 165, chemin Sainte-Foy, dans une belle vieille maison bourgeoise qui sert aussi, évidemment, de salon de coiffure pour les femmes et les hommes des quartiers Montcalm et Saint-Jean-Baptiste.

Aujourd'hui, on s'est un petit peu calmé le pompon dans la famille Dupuis. Marie-Josée voyage encore, mais elle trouve maintenant son inspiration capillaire dans les grands rassemblements de spécialistes à New York où à Las Vegas.

Et puis on ne songe pas tant à agrandir le réseau qu'à agrandir les salons pour offrir davantage de services à la clientèle.

À la coiffure et à l'esthétique, on a décidé d'ajouter des lits de bronzage et surtout des spécialistes pour les massages de toutes les sortes. Dans tous les salons où l'espace le permet. Genre spa détente, comme on dit.

Puis la jeune fille s'est mariée, il y a maintenant 25 ans, à Patrick Robitaille qui lui a fait deux beaux garçons. Maxime, 21 ans, et Christopher.

La tête du plus âgé sert régulièrement de modèle masculin à sa mère lorsque celle-ci veut afficher publiquement son talent de créatrice, de maître coiffeuse. Il pourrait bien prendre la relève de la mère et du grand- père dans les années à venir.

«Même si on a déjà opéré une vingtaine de salons Escompte Coiffe, on n'a jamais offert de franchise. Tout est prêt. On a notre petit kit de franchise. Mais on ne l'a jamais proposé. Si tu veux que ta franchise marche bien, tu dois t'en occuper énormément et, tant qu'à t'en occuper énormément, aussi bien garder tout l'argent pour toi. Pourquoi la séparer avec un franchisé?» dit Jean-Guy Dupuis.

«Tous les salons de coiffure de Québec offrent les mêmes produits et leurs coiffeurs ont suivi les mêmes cours dans les mêmes écoles de coiffure. Et les mêmes stages de perfectionnement avec les mêmes distributeurs de produits. Ce qui fait la différence, c'est le talent et les dépenses fixes. Le beau grand salon dans le beau grand centre commercial, tu le payes et tu refiles le loyer au client. Pas nous! Mais on a le talent par exemple!»