Affectée par le retrait progressif de ses loteries vidéo des quartiers défavorisés et par l'interdiction de fumer dans les lieux publics, Loto-Québec met une croix sur sa croissance.

Affectée par le retrait progressif de ses loteries vidéo des quartiers défavorisés et par l'interdiction de fumer dans les lieux publics, Loto-Québec met une croix sur sa croissance.

La société d'État a ouvertement renoncé à une stratégie d'expansion en divulguant, mercerdi, un chiffre d'affaires en baisse pour la première fois de son histoire.

"La donne a changé à Loto-Québec : l'ère de la croissance continue est révolue», déclare le PDG Alain Cousineau, qui entend soumettre un nouveau plan de développement au gouvernement cet automne.

Loto-Québec dégage un profit de 1,47 G$ et des revenus de 3,8 G$ pour sa dernière année financière, chiffres qui représentent des reculs respectifs de 5,4 % et de 9 %, dus surtout à une chute des ventes de loteries vidéo. Ces dernières ont régressé de 16 % à 200,9 M$.

L'an dernier, le chiffre d'affaires de la société avait franchi le cap des 4 G$, soit un sommet.

«Les efforts pour réduire l'accès aux loteries vidéo dans les zones et les quartiers économiquement fragiles se sont intensifiés au cours du dernier exercice», indique Loto-Québec.

Au début mai, le réseau québécois des loteries vidéo comptait 2905 points d'exploitation, soit 217 de moins qu'à la même période un an plus tôt.

Depuis l'entrée en vigueur de la politique de retrait des quartiers défavorisés adoptée en mai 2004, pour faire contrepoids au projet de déménagement du casino de Montréal à Pointe-Saint-Charles, la société dit avoir retiré ses machines de 758 lieux en tout.

Elle entend continuer dans le même sens au cours des prochaines années, notamment en enlevant d'ici la fin de 2009 tous ses appareils situés à proximité des deux futurs salons de jeux attenants aux hippodromes de Trois-Rivières et de Québec.

C'est une filiale de Loto-Québec, la Société des salons de jeux, qui exploitera ces salons créés dans la foulée de la privatisation des hippodromes. Les revenus doivent aller à leur nouveau propriétaire, Attraction hippiques Québec, dont le mandat est de relancer l'industrie des courses de chevaux.

Loto-Québec explique aussi la baisse de son chiffre d'affaires par la loi québécoise, en vigueur depuis un an, qui interdit de fumer dans les lieux publics.

Quant aux loteries, casinos et bingos, ils ont seulement maintenu leurs niveaux de revenus, «ce qui confirme la maturité de leurs marchés respectifs», admet Loto-Québec.

Conséquence du ralentissement des affaires, l'entreprise a versé substantiellement moins de redevances au gouvernement: ses dividendes annuels se chiffrent à 1,39 G$, soit 146 M$ ou 9,5 % de moins que l'année précédente.

Alain Cousineau s'inquiète par ailleurs du développement d'une industrie clandestine du jeu.

«Tous les observateurs notent que le jeu illégal est de plus en plus présent dans notre société et prive l'État de revenus légitimes importants», soutient-il.

Il dénonce notamment les appareils et les paris sportifs illégaux, les sessions de poker et les jeux d'argent sur Internet.