Bombardier, Honeywell International, Goodrich et MD Helicopters ont un endroit en commun lorsqu'ils choisissent le pays où aller pour sabrer leurs coûts: le Mexique.

Bombardier, Honeywell International, Goodrich et MD Helicopters ont un endroit en commun lorsqu'ils choisissent le pays où aller pour sabrer leurs coûts: le Mexique.

Ainsi, les sociétés d'aérospatiale, attirées par des salaires qui peuvent n'atteindre que 5$ US l'heure, ouvrent maintenant des écoles de formation et accroissent leurs activités au Mexique tandis que les travailleurs de ce pays démontrent qu'ils sont capables d'accomplir des tâches plus complexes comme l'assemblage de tout un aéronef.

Bombardier a devancé son échéancier de trois ans pour construire des fuselages au Mexique après que les travailleurs de ce pays eurent dépassé les attentes de production dans le domaine des faisceaux de câbles.

Pour sa part, Honeywell, qui compte 1400 travailleurs au Mexique, a commencé ses opérations par la simple production d'échangeurs de chaleur. Mais la compagnie fera bientôt appel à des ingénieurs mexicains pour effectuer des essais sur les systèmes électriques de nouveaux appareils commerciaux de Boeing et de Airbus.

«La décision de confier des travaux à des pays où les coûts sont moindres et de resserrer la production est certainement plus audacieuse que dans le passé», estime Christopher Glynn, analyste de CIBC Marchés mondiaux, à New York.

Bombardier fait le saut

Bombardier est susceptible de commencer à assembler des aéronefs au Mexique dans cinq ou six ans et peut-être même avant, confie Flavio Diaz, patron des activités mexicaines de l'entreprise montréalaise.

Certains éléments de production qui sont présentement effectués en Irlande, seul autre pays autre que le Canada, les États-Unis et le Mexique où Bombardier exploite des usines dans le domaine aérospatiale, sont déplacés au Mexique.

«C'est une histoire d'amour industrielle», lance M. Diaz.

La proximité du Mexique des États-Unis et du Canada a également influencé la décision de Bombardier de se diriger vers le sud. Il faut compter cinq jours pour expédier par la mer un fuselage au Canada comparativement à 46 jours depuis la Chine, ajoute M. Diaz.

L'industrie aérospatiale mexicaine est sur le point de connaître un essor formidable au moment où les entreprises, qui subissent des pressions pour diminuer leurs coûts, découvrent que les travailleurs mexicains sont capables d'effectuer des tâches de production plus complexes, indique Eduardo Solis, responsable de la promotion des investissements en aérospatiale du ministère mexicain de l'Économie.

«Il s'agit d'une évolution naturelle pour nous», ajoute M. Solis.

Les entreprises d'aérospatiale peuvent économiser jusqu'à 40% en produisant au Mexique plutôt qu'aux États-Unis ou au Canada, estime Sergio Tagliapietra, ministre du Développement économique de l'État de Baja California.

Des travailleurs qualifiés, la proximité des États-Unis et des investissements protégés par l'Accord de libre-échange nord-américain contribuent à ce que le Mexique est en mesure de concurrencer la Chine et l'Inde pour obtenir des emplois dans le domaine de l'aérospatiale, ajoute M. Tagliapietra.

Les investisseurs vont probablement récompenser Bombardier, dont le titre a doublé au cours de la dernière année, pour avoir adopté des mesures plus «draconiennes» pour réduire ses coûts en déplaçant des emplois au Mexique plutôt que de chercher à améliorer l'efficacité dans ses usines existantes, croit Richard Stoneman, analyste de Dundee Securities, à Toronto.

Bombardier, qui procure en ce moment de l'emploi à environ 480 personnes au Mexique, pourrait économiser plus de 260 millions US par année une fois que son effectif mexicain atteindra 3500, estime M. Stoneman.

Ces économies annuelles équivalent presque au bénéfice net de Bombardier réalisé au cours des 12 mois terminés en janvier 2007, soit 268 M$ US.

Si bien que les investisseurs pourraient récompenser Bombardier, dont les actions ont doublé depuis un an, parce que sa stratégie mexicaine contribue davantage à réduire les coûts de production que les mesures visant à accroître l'efficacité des usines existantes, affirme Richard Stoneman, analyste chez Dundee Securities.

«Voilà quelque chose que vous ne pouvez pas ignorer», affirme le spécialiste.