L'annonce cette semaine de nouveaux retards de livraison d'un an de l'avion géant A380 et d'un plan d'économies drastique de deux milliards d'euros par an par Airbus, a révélé une crise globale sans précédent chez le constructeur aéronautique.

L'annonce cette semaine de nouveaux retards de livraison d'un an de l'avion géant A380 et d'un plan d'économies drastique de deux milliards d'euros par an par Airbus, a révélé une crise globale sans précédent chez le constructeur aéronautique.

Le plan se traduira par des suppressions d'emplois, à chiffrer d'ici la fin de l'année, sauf à la production, dans cette société européenne de 57.000 salariés, pour économiser 30% sur le fonctionnement.

Partie du fiasco de l'industrialisation de l'A380, la crise a conduit Airbus et sa maison mère EADS à un examen de conscience sur la responsabilité des anciens dirigeants et la difficulté du consortium à devenir une société européenne intégrée.

Son coût est tel --4,8 milliards d'euros de manque à gagner d'ici 2010--, qu'EADS et Airbus s'interrogent sur leurs capacités financières et humaines à mener de front le redressement du programme A380 et le lancement de nouveaux programmes fondamentaux pour l'avenir.

Les nouveaux retards de livraison de l'avion de 555 à 840 places annoncés mardi, les troisièmes en 18 mois, sont pires que prévu par les analystes: aucun avion livré en 2006, un seul en 2007 et 13 en 2008 selon le président d'Airbus Christian Streiff.

Le retard cumulé atteint deux ans et le titre a rechuté de plus de 10% en trois jours.

A la tête d'Airbus depuis juillet pour remplacer Gustav Humbert balayé par la tourmente avec Noël Forgeard, coprésident français d'EADS et ancien patron d'Airbus, M. Streiff n'épargne pas ses prédécesseurs.

Le conseil d'administration d'EADS, co-présidé par le Français Louis Gallois et l'Allemand Thomas Enders a d'ailleurs annoncé mardi "une analyse indépendante sur les responsabilités individuelles" jusqu'au "niveau de la direction".

Les dirigeants d'Airbus et d'EADS tentent aussi de surmonter la rivalité franco-allemande et de rassurer les politiques des deux côtés du Rhin sur les conséquences de la restructuration pour Toulouse et Hambourg.

La crise que traverse Airbus sera d'ailleurs "abordée" lors du conseil des ministres franco-allemand prévu le jeudi 12 octobre à Paris, qui réunira le président Jacques Chirac et la chancelière Angela Merkel, a indiqué un porte-parole du gouvernement allemand.

Face à un éventuel regroupement des activités A380 à Toulouse, M. Enders a réaffirmé jeudi qu'Hambourg "reste le deuxième site de production d'importance après Toulouse". Il a insisté sur "l'équilibre" des pouvoirs et de la répartition des tâches.

M. Streiff a assuré que les suppressions d'emploi qui pourraient toucher d'abord les 4.500 salariés du siège toulousain feraient l'objet d'une concertation avec les syndicats "d'ici novembre", le gouvernement français étant prêt à aider les sous-traitants.

Vendredi, le Comité d'entreprise européen (CEE) du groupe a indiqué que la direction d'EADS avait pris l'engagement de ne prendre aucune décision sur la restructuration d'Airbus "sans dialogue préalable avec les représentants du personnel".

Airbus doit maintenant relever les défis d'avenir: achèvement de l'avion de transport militaire A400M au calendrier "tendu", lancement du long courrier A350XWB et relève de la famille A320, gagne-pain du groupe.

La question A350 va être cruciale. M. Enders s'interrogeait jeudi sur la possibilité de lancer maintenant cet investissement de 9 milliards d'euros, alors que M. Streiff insistait sur la logique industrielle d'un programme "fondamental" face au futur 787 de Boeing.

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dbe/ros/jlb/dmc