À peine quelques heures de plaidoiries finales des avocats et des procureurs fédéraux américains

À peine quelques heures de plaidoiries finales des avocats et des procureurs fédéraux américains

C'est le délai prévu à Chicago avant que le procès pour fraude de l'ex-patron de presse canadien Conrad Black passe à l'étape décisive des délibérations des jurés, afin de parvenir à un verdict.

Cette étape devrait s'amorcer mercredi matin, au terme d'un procès qui en est à sa 15e semaine au palais de justice du centre-ville de Chicago.

Conrad Black et trois anciens adjoints à la haute direction de l'ex-groupe de presse Hollinger, de Toronto, sont accusés par la justice américaine d'avoir détourné au moins 60 millions US de la principale filiale, Hollinger International.

Cette filiale était établie à Chicago et avait ses actions cotées à la Bourse de New York, d'où l'intervention des autorités américaines après les plaintes d'actionnaires établis surtout aux États-Unis.

Les détournements de fonds allégués seraient survenus lors des reventes de journaux par Hollinger et sa filiale entre les années 1998 et 2001, et dont la valeur totale a dépassé les 3 milliards de dollars.

S'ils sont reconnus coupables, Conrad Black et ses coaccusés risquent des peines de plusieurs années de prison, ainsi que de lourdes sanctions financières et professionnelles.

Aussi, Conrad Black fait face à une accusation d'entrave à la justice relativement à un déplacement présumé illégal de boîtes de documents au siège social de Hollinger, au centre-ville de Toronto.

Des images de ce geste, captées par des caméras de sécurité, ont fait le tour des médias au Canada et Londres, où «Lord Black» s'était hissé parmi la société mondaine au temps de son contrôle du quotidien Daily Telegraph.

Mais à Chicago, ces jours-ci, Conrad Black et ses proches -sa femme Barbara Amiel, sa fille et ses deux fils d'une union précédente, ainsi que des amis- en sont réduits à se remémorer ces temps plus glorieux à Londres, Toronto et New York.

Et après trois mois et demi en cour, ils amorceront dans quelques heures la période la plus anxieuse de tout le procès: l'attente d'un verdict des 12 jurés, qui sont des gens bien ordinaires de la grande région de Chicago.

Entre-temps, après la plaidoirie finale des avocats de M. Black la semaine dernière, c'est au tour des avocats des trois coaccusés de plaider «l'innocence» et «l'honnêteté» de leurs clients, pour la dernière fois.

Et l'un après l'autre, ces avocats s'efforcent de contredire devant les jurés, sur un ton parfois dramatique, les éléments de preuve et les arguments des procureurs fédéraux américains.

«Mesdames et messieurs du jury, il n'y a pas l'ombre d'une preuve suffisante pour démontrer toute fraude, tout complot de fraude ou même toute intention criminelle de fraude, comme tentent de vous faire croire les procureurs fédéraux», a insisté hier l'avocat Ron Safer. Il représente Mark Kipnis, un avocat américain qui travaillait à la direction de Hollinger International.

Les coaccusés

Les accusations de fraude qui pèsent sur M. Kipnis et deux coaccusés, l'avocat Peter Atkinson et le comptable Jack Boultbee, soient un peu moindres que celles portées contre Conrad Black.

Les fonds qu'ils auraient détournés ou dont ils auraient participé au détournement varient de quelques centaines de milliers de dollars à 2 millions, comparativement à quelque 20 millions chacun en ce qui concerne Conrad Black et son ex-associé de longue date, David Radler.

Ce dernier a déjà plaidé coupable et a même servi de principal témoin de la justice américaine contre M. Black et ses coaccusés.

Mais selon leurs avocats, les coaccusés de Conrad Black auraient comme lui vécu «des années de cauchemar» personnel et professionnel.

Et quelle que soit l'issue du procès, leur carrière et leur réputation auraient déjà été «ruinées» de façon «irrévocable» et «complètement injustifiée» par les «accusations absurdes de complot et de fraude» portées par les procureurs fédéraux américains.

N'empêche, plus tard aujourd'hui, c'est le chef d'équipe de ces procureurs -Éric Sussman, vedette montante au bureau du procureur fédéral à Chicago- qui aura le dernier mot, au cours de ses deux heures de réplique finale.

Et ce sont les derniers arguments d'avocats que les 12 jurés entendront et auront en mémoire avant d'entamer leurs délibérations.