"Hérouxville, leur solution est poche, pour utiliser un mot à la mode chez les jeunes. Avant d'avoir un code de vie, il faut avoir une vie."

"Hérouxville, leur solution est poche, pour utiliser un mot à la mode chez les jeunes. Avant d'avoir un code de vie, il faut avoir une vie."

Et vlan! Le ton était donné dès le début de la conférence tenue, jeudi matin, devant une salle comble, dans le cadre du Salon Priorité-Emploi dont les activités débutent ce vendredi matin, à l'édifice Expo Sherbrooke.

Guadalupe Vento ne pratique pas la langue de bois, comme on peut rapidement le constater. Elle dit ce qu'elle pense avec, il est vrai, beaucoup d'humour qui aide à faire passer la pilule.

Propriétaire d'une firme de formation sur mesure et de coaching de gestion, Mme Vento est diplômée en sciences politiques et en sociologie de l'Université Laval. Elle détient également un diplôme en administration de l'ÉNAP. Elle possède dix-neuf années d'expérience en sensibilisation à l'interculturel. Elle connaît donc très bien le sujet. Elle est originaire de Cuba et habite le Québec depuis 41 ans.

Dans un discours centré sur les manières de bien intégrer les immigrants en milieu de travail, elle a ironisé sur l'habitude de recourir à la météo pour établir une relation avec les autres. Ainsi, par exemple, a-t-elle rapporté, la jeune femme qui est allée la chercher à l'hôtel, ce matin, lui a d'abord fait des remarques sur la température.

"Mais il y a aussi la catégorie des statisticiens. Ceux-là vont te dire que s'il fait froid ce matin, c'est quand même mieux que l'an passé à pareille date. Mais comment font-ils pour se préoccuper d'une telle donnée?", a-t-elle lancé.

Tout cela, c'était pour en venir au fait que les immigrants pratiquent, eux, le "minitétage". Ils établissent un contact en s'adressant directement à la personne, la complimentant au passage et en lui parlant de sa famille avant de passer au vif du sujet.

Ainsi, a expliqué Mme Vento, un Africain qui s'adressera à une fonctionnaire auprès de qui il est venu chercher le formulaire XYZ, ne dira pas: bonjour madame, j'aurais besoin du formulaire XYZ. Aller directement au but n'est pas dans sa culture. Il aurait le sentiment de donner l'impression qu'il traite cette personne comme une vulgaire machine distributrice de formulaires. Il s'informera d'abord, deux fois plutôt qu'une, sur sa santé, lui dira qu'il aime beaucoup son chemisier, lui demandera si les enfants figurant sur les photos sur son bureau sont bien les siens et ajoutera qu'ils sont beaux comme leur mère. Enfin, seulement, il demandera le formulaire.

"Mais non il n'a pas cruisé la fonctionnaire. Et non tous les Africains ne sont pas prêts dès le lever du lit. Il a juste pratiqué le minitétage... Lâchez la météo, changez les trois minutes de météo pour le minitétage, c'est un investissement garanti. Vous verrez", a-t-elle lancé.

Plus tard, elle a parlé de cette jeune directrice des ressources humaines qui se plaint au patron de l'entreprise de ne pas être écoutée par le nouvel employé, un Arabe.

Mais non, a-t-elle expliqué, l'Arabe n'a pas un problème avec le fait qu'elle soit une femme. Il en a sûrement avec le fait qu'elle est jeune. Dans sa tête, elle ne peut être sa supérieure puisque, dans sa culture, le respect hiérarchique s'établit selon l'âge.

Les employés immigrants, a-t-elle souligné, en plus d'apporter leur formation et leur expérience professionnelle, enrichissent une organisation de travail par leur motivation, leur ténacité, leur stabilité, leur adaptabilité, la confiance en soi et le goût de l'enracinement. Il faut toutefois les aider à connaître des limites et à respecter les règles.

Au Québec, a-t-elle signalé, on ne connaît pas le racisme. On n'a pas de compétence dans ce domaine. Dans toute l'histoire québécoise, il n'y a pas eu plus de 4000 esclaves dont environ un millier de Noirs mais cela n'a pas duré. Par contre, il y a ce qu'elle appelle la xénophobie théorique, le "nous" québécois qui s'explique par l'histoire mais qui n'a plus les mêmes ciments, aujourd'hui.

"Je suis Cubaine mais j'habite le Québec depuis 41 ans. Mais il ne se passe pas une journée sans qu'on me demande des informations sur l'état de santé de Castro. Aussi, pour ne pas les décevoir, je dois régulièrement aller sur Internet pour me tenir au courant de ce sujet", a-t-elle expliqué.