C'est le rêve du petit garçon qui se cache au fond du plus sérieux dirigeant d'entreprise.

C'est le rêve du petit garçon qui se cache au fond du plus sérieux dirigeant d'entreprise.

C'est un avion d'affaires qui a l'aspect, et la performance, d'un avion de chasse. Et lorsque le Javelin prend son envol, il peut compter sur un produit bien québécois: ses trains d'atterrissage sont réalisés par Mecaer America, de Laval.

Il fallait voir ces dignes hommes d'affaires, en complet-cravate, ralentir devant le stand d'ATG (Aviation Technology Group) durant le congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA) cette semaine à Atlanta. Invariablement, un sourire béat s'affichait sur leur visage.

«Ils sont comme des enfants dans un magasin de bonbons», a commenté Sue Hugues, d'ATG, en observant le manège.

C'est en 1998 que le fondateur d'ATG, George Bye, ancien entraîneur d'avion de chasse, a entrepris de créer un appareil qui viendrait «donner aux civils l'excitation de piloter un avion de chasse», a raconté Mme Hugues.

Le prototype, développé en collaboration avec Israel Aircraft Industries, a réalisé son premier vol le 30 septembre 2005.

L'appareil, d'aspect résolument militaire avec ses courtes ailes, son nez allongé et son empennage en V, n'est pas encore certifié. Il fait toutefois déjà l'objet de 153 commandes.

«Notre marché cible, c'est le dirigeant qui est aussi un pilote, qui va utiliser cet appareil dans le cadre de ses affaires, mais qui va avoir du plaisir à le faire», a indiqué Mme Hugues.

Le président de ReMax a commandé un Javelin. De même que l'inventeur du Segway, ce petit véhicule à deux roues qui peut transporter une personne en position debout.

Il s'agit de dirigeants qui doivent beaucoup voyager mais qui n'ont pas besoin d'amener avec eux une grosse équipe. Le pilote du Javelin ne peut en effet amener qu'un seul passager, situé directement derrière lui.

«Ce sont des dirigeants qui veulent être remarqués, a déclaré Mme Hugues. C'est comme vouloir conduire une Ferrari plutôt qu'une fourgonnette.»

L'heureux chef d'entreprise risque effectivement d'être remarqué s'il s'amuse à faire voler son appareil à l'envers avant d'atterrir. Le Javelin aura cette capacité, mais pour 20 secondes uniquement, a précisé Mme Hugues.

«Avec chaque vente, nous inclurons une formation spécialisée», a-t-elle indiqué.

Ce joujou pour adulte, qui pourra voler jusqu'à 956 kilomètres à l'heure, coûtera la bagatelle de 3 millions de dollars US. Il n'est cependant pas encore réalité.

«Nous attendons de mettre en place un financement avant de nous engager dans le processus de certification, a déclaré Mme Hugues. En attendons, nous finalisons le design. Nous espérons avoir ce financement d'ici la fin de l'année. À partir de ce moment-là, la certification devrait prendre trois ans.»

Roberto Tonna, le directeur de marketing et des ventes de Mecaer America, attend ce moment avec impatience. Ses trains d'atterrissage équiperont le nouvel appareil.

Mecaer America fabrique présentement les trains d'atterrissage de l'Eclipse 500, un biréacteur d'affaires très léger construit à Albuquerque, au Nouveau-Mexique, qui fait l'objet de 2000 commandes.

«Le nouveau vice-président à l'approvisionnement d'ATG venait d'Eclipse, a raconté M. Tonna. Lorsqu'il est arrivé chez ATG, il nous a appelé.»

Mecaer America, filiale de la société italienne Mecaer, emploie une centaine de personnes dans deux usines de Laval.