Jean Coutu (T.PJC.A) pourrait obtenir de Rite Aid plus de 3,8 milliards US pour ses pharmacies américaines, soit 420 M$ US de plus que ce qui avait été annoncé en août dernier.

Jean Coutu [[|ticker sym='T.PJC.A'|]] pourrait obtenir de Rite Aid plus de 3,8 milliards US pour ses pharmacies américaines, soit 420 M$ US de plus que ce qui avait été annoncé en août dernier.

Ce gain considérable provient de la montée en Bourse du titre de Rite Aid au cours des derniers mois.

En plus de verser 1,45 milliard en argent et de prendre en charge une partie de la dette de Coutu, Rite Aid s'est aussi engagée à céder 250 millions d'actions ordinaires au groupe québécois.

Ce bloc, qui valait environ 1,1 milliard de dollars à l'annonce de l'entente, en valait mercredi 1,52$. La somme est considérable, mais rien n'est encore joué: les actionnaires de Rite Aid doivent se prononcer ce matin (jeudi) sur la mégatransaction pendant une assemblée extraordinaire à Harrisburg, en Pennsylvanie.

Leur vote consacrera ou mettra à mort l'entente entre les deux géants.

En clair, les actionnaires décideront s'ils appuient ou non l'octroi de 250 millions d'actions à Jean Coutu, ce à quoi plusieurs groupes s'opposent. Ce transfert d'actions représente une condition essentielle à l'achat des 1859 pharmacies Brooks et Eckerd par Rite Aid, insiste-t-on chez le géant américain.

«Un vote contre la proposition d'émettre ces actions ordinaires de Rite Aid au Groupe Jean Coutu sera dans les faits un vote contre l'acquisition de Jean Coutu USA», a averti la direction de Rite Aid dans un épais document remis aux actionnaires en novembre.

Selon plusieurs analystes, la transaction sera bénéfique pour les deux entreprises, même si elle comporte des risques pour Rite Aid. Pour les opposants, toutefois, les possibilités de dérapage dépassent de loin les bénéfices potentiels.

CTW Group, qui conseille diverses caisses de retraite de syndicats détenant des actions de Rite Aid, milite depuis des mois pour convaincre les actionnaires de rejeter l'entente.

«Rite Aid paie trop cher et fait courir trop de risques à ses finances et ses activités», a fait valoir dans un rapport William Patterson, directeur de l'organisme.

L'analyste Neil Currie, de la firme UBS, croit qu'il y aura «beaucoup de place pour l'erreur» si la transaction va de l'avant, notamment à cause du fort niveau d'endettement de Rite Aid.

«L'entente va combiner ensemble deux grosses entreprises qui ne sont certainement pas les meilleures de l'industrie dans l'espoir, je crois, de créer un grande société qui deviendra l'une des meilleures de l'industrie, a dit M. Currie, joint à New York. Ce sera une tâche difficile.»

L'issue du vote de ce matin est difficile à prévoir, mais la plupart des personnes interrogées s'attendent à ce que l'octroi de 250 millions d'actions soit approuvé sans trop de peine. Selon elles, la prise de valeur du titre des deux entreprises depuis le 24 août témoigne du bien-fondé de la transaction.

André Belzile, premier vice-président aux finances et affaires corporatives chez Jean Coutu, a tenu un discours similaire à La Presse Affaires.

«On demeure confiant que ça va se passer très bien, comme on l'avait prévu au départ, a-t-il dit. Juste l'évolution du cours boursier, ça devrait vous donner une bonne indication: si les gens étaient négatifs par rapport à la transaction, l'action n'aurait pas monté de presque 2 $.»

Le vote de ce matin n'est pas la dernière étape. Avant d'être conclue, la transaction Coutu-Rite Aid devra recevoir l'aval de la Federal Trade Commission (FTC), l'organisme américain qui surveille les lois de la concurrence. Déjà, la FTC a demandé plus de temps pour mener son enquête. Confiantes, les deux entreprises misent sur une conclusion de toute l'affaire en mars prochain.

Le Canada sourit à Coutu

Du côté canadien, on se réjouit des effets bénéfiques du délestage possible de Brooks et Eckerd pour Jean Coutu.

D'après Stephen Gauthier, gestionnaire de portefeuilles montréalais qui détient des actions du groupe, la transaction permettra à Jean Coutu de se concentrer de nouveau sur ses activités canadiennes. L'entreprise compte 327 établissements franchisés au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario.

«C'est une société qui va se ramasser avec un bilan très, très solide, qui va facilement pouvoir prendre de l'expansion de nouveau, a avancé Stephen Gauthier. Déjà, les revenus progressent très bien au Canada. S'ils focussent là-dessus et qu'ils n'ont plus à regarder au sud de la frontière, je pense que c'est un bon deal.»

Le gestionnaire, qui a vendu toutes ses actions de Jean Coutu quand l'entreprise a acheté les pharmacies Eckerd de JC Penney en 2004 (avant d'en racheter un bloc au printemps 2005), estime que le titre pourrait revenir aux alentours de 18$ ou 19$ au cours des prochains mois.

Rite Aid est la troisième chaîne de pharmacies aux États-Unis avec des revenus de 17,3 milliards en 2006. L'entreprise a annoncé le 24 août dernier qu'elle souhaitait acheter les pharmacies américaines de Jean Coutu contre 1,45 milliard en argent, 250 millions d'actions ordinaires et la prise en charge d'une dette de 850 millions.

La transaction, évaluée à l'époque à 3,4 milliards, a aujourd'hui une valeur globale de plus de 3,8 milliards, du moins sur papier. Si l'entente se conclut comme prévu, Jean Coutu deviendra le principal actionnaire de Rite Aid avec 32% des actions en circulation.

Mercredi, l'action de Rite Aid a perdu 1 cent US, à 6,08 $ US, à la Bourse de New York et celle de Jean Coutu a gagné 22 cents, à 15,67 $, à la Bourse de Toronto.