Selon une étude qui sera publiée ce jeudi, les Canadiens paient 15 cents de plus pour un litre d'essence que ne le justifient les coûts de production et les marges de profit normales de l'industrie pétrolière.

Selon une étude qui sera publiée ce jeudi, les Canadiens paient 15 cents de plus pour un litre d'essence que ne le justifient les coûts de production et les marges de profit normales de l'industrie pétrolière.

Le Canadian Center for Policy Alternatives a étudié le prix de l'essence avant et après le passage de l'ouragan Katrina à l'automne 2005 et il en a conclu que les règles pour établir le prix de l'essence avaient changé du jour au lendemain.

Hugh Mackenzie, économiste et chercheur pour le groupe, a expliqué qu'il y a toujours eu un «écart inexpliqué» entre ce que les consommateurs paient à la pompe et ce qu'ils paieraient si l'industrie liait les prix aux coûts et aux marges de profit traditionnelles.

«Jusqu'à août 2005, ce que nous voyions, c'était une évolution normale des prix où l'écart inexpliqué oscillait entre le positif et le négatif, a-t-il ajouté, mais après l'automne 2005, il y a eu un changement marqué et l'écart du prix s'est retrouvé surtout du côté positif et il s'est mis à augmenter.»

M. Mackenzie a estimé qu'une fois que l'industrie a réalisé que franchir la barrière psychologique d'un dollar pour un litre d'essence n'aurait pas de conséquence néfaste, elle en a profité.

La surcharge à la pompe se situe entre 15 cents pour un litre à Toronto et 27 cents pour un litre à Vancouver, selon l'étude.

M. Mackenzie a plaidé que même si des événements comme le passage de l'ouragan Katrina ou les difficultés qui ont frappé récemment des raffineries peuvent donner une excuse à l'industrie pour augmenter les prix, celle-ci ne peut pas justifier la hausse drastique sur la seule base des coûts.

«Le pétrole brut qui se dirige vers nos réservoirs aujourd'hui ne coûte pas un cent de plus à produire que ce que ça coûtait en 2001 quand le prix à la pompe était de 60 cents pour un litre, stipule le rapport. Le gain pour les producteurs canadiens atteint 1,7 M$ par jour pour chaque dollar d'augmentation du prix du brut.»

Pour soutenir cette thèse, les chercheurs ont établi le rapport entre le prix du brut et le prix de l'essence à la pompe. Au taux de change actuel, ils ont estimé qu'une augmentation de 1,25 $ US du prix du baril devrait résulter en une augmentation d'un cent canadien pour un litre à la pompe.

Toutefois, en septembre 2005, quand le prix du baril de brut a augmenté de 10 $ US, le prix de l'essence à la pompe a plus que doublé et l'augmentation a été à un certain point le quintuple de ce qu'elle aurait dû être.

Tony Marcello, de l'Institut canadien des produits pétroliers, qui représente les principaux raffineurs canadiens, a rejeté l'argument. Il concède que la marge de profit de l'industrie a augmenté, mais a ajouté qu'une série de facteurs le justifiaient, notamment une demande accrue, la spéculation et le fait que plusieurs raffineries nord-américaines ont repoussé des plans de modernisation après le passage de Katrina.

Le député libéral Dan McTeague a dit que le rapport ne faisait que confirmer ce que les Canadiens savaient instinctivement, soit que les pétrolières accumulaient les profits sur leur dos. Il a jugé que la compétition dans l'industrie pétrolière était une illusion.

M. McTeague a ajouté qu'Ottawa devrait agir et modifier la Loi sur la concurrence pour briser ce qu'il qualifie d'être un oligopole classique.