Une petite question pour vous: avez-vous modifié votre comportement, ces dernières années, afin de consommer de manière plus responsable?

Une petite question pour vous: avez-vous modifié votre comportement, ces dernières années, afin de consommer de manière plus responsable?

Pensez-y... ne serait-ce qu'un petit geste : utiliser des produits nettoyants moins nocifs ; installer un thermostat électronique pour réduire votre consommation d'énergie ; trimbaler votre épicerie dans un sac fourre-tout réutilisable.

Parions que vous répondrez par l'affirmative, car la consommation responsable est devenue monnaie courante dans l'ensemble de la population.

Il en va de même pour l'investissement responsable. Depuis quelques mois, plusieurs nouveaux fonds destinés au grand public font leur apparition sur les tablettes des grandes institutions financières.

Jusqu'à récemment, les fonds éthiques étaient surtout offerts par des familles spécialisées, comme Acuity, Ethical Funds et Meritas, ou encore par des fonds de travailleurs, comme Bâtirente ou Fondaction au Québec.

Mais les banques et les familles de fonds communs traditionnelles flairent la tendance. En Europe, le créneau de l'investissement responsable chez les particuliers grimpe de 20 % par an. En Australie, la progression est encore plus forte. Les actifs y ont été multipliés par six, depuis cinq ans.

«Les habitants y sont très à l'affût des questions environnementales à cause de la vague de sécheresse qui ravage la nature et les récoltes», explique Michael Jantzi, président Jantzi Research, spécialiste de l'investissement responsable.

Il faut dire que partout sur la planète, les préoccupations de longue date des investisseurs socialement responsables se retrouvent actuellement à l'avant-scène. On n'a qu'à penser au réchauffement climatique.

«L'environnement, la gouvernance d'entreprises sont à l'agenda de tous. C'est un phénomène catalyseur. Grâce à cela, la population devient extrêmement consciente», dit Marc Dubuc, vice-président marketing des Fonds Desjardins.

Pour cette raison, il croit que l'investissement responsable prendra beaucoup d'ampleur.

Nouveautés sur les tablettes

C'est ce qui a motivé Desjardins à conclure, la semaine dernière, le mariage de sa famille de fonds Nord-Ouest à la famille de Vancouver Ethical Funds, qui compte la plus grande brochette de fonds responsables au Canada.

L'objectif sera d'accélérer la distribution des fonds Ethical au Québec. Mais Desjardins ne sait encore au juste de quelle façon il procédera au déploiement.

De son côté, le Groupe Investors a annoncé cette semaine que son fonds éthique ferait bientôt des petits. Lancé il y a vingt ans, le Fonds Summa Investors est l'un des pionniers des fonds socialement responsables au Canada.

À partir de novembre prochain, Investors y greffera le Fonds IRS mondial Summa Investors qui investira à l'échelle planétaire, ainsi que le Fonds mondial leaders en environnement qui aura une approche proactive en matière d'environnement.

Suivant aussi le filon de l'environnement, les Fonds mutuels TD ont créé, au début de septembre, le Fonds mondial de développement durable TD. Ce fonds investit dans des grandes entreprises qui contribuent au développement durable, mais aussi dans des petites sociétés qui développent des technologies afin de produire de l'énergie propre.

Mais c'est la Banque Royale qui a été la première banque, cet été, à offrir des fonds socialement responsables : le Fonds équilibré Jantzi RBC, le Fonds actions canadiennes Jantizi RBC, et le Fonds actions mondiales Jantzi RBC.

RBC a forgé une entente avec Jantzi Research, qui a développé un indice boursier des 60 sociétés canadiennes socialement responsables. À l'intérieur de ce bassin, l'équipe de gestionnaires de RBC puisera les entreprises qui ont les meilleures perspectives financières, afin de maximiser le rendement.

L'indice Jantzi a déjà inspiré la création de deux autres produits. La famille de fonds négociés en Bourse iShares a créé en mai dernier un fonds indiciel qui reproduit la composition de l'indice Jantzi. Comme il n'y a pas de gestionnaire actif, les frais de gestion sont très faibles (0,5 % par année), ce qui constitue un avantage indéniable pour ce fonds.

Les frais sont nettement moindres que ceux du Fonds Jantzi offert depuis par la famille Meritas (2 %) qui copie lui aussi l'indice Jantzi. Toutefois, avec la famille Meritas, les investisseurs savent que les gestionnaires ne feront pas seulement qu'investir dans des entreprises socialement responsables, ils tenteront aussi de faire bouger les entreprises.

Passer à l'action

Comme d'autres investisseurs militants, les gestionnaires de Meritas dialoguent avec les dirigeants d'entreprises pour faire évoluer des dossiers épineux.

Quand on leur ferme la porte au nez, ils soumettent des propositions d'actionnaires et vont en débattre en assemblées annuelles.

Et surtout, ils votent en respectant des critères responsables, plutôt que d'appuyer la position des dirigeants les yeux fermés comme c'est encore la tradition chez beaucoup de gestionnaires de fonds communs.

Justement, l'Association canadienne pour l'investissement responsable a publié une étude la semaine dernière qui le démontre clairement. Elle a analysé les votes de près d'un millier de fonds distribués par 27 des plus grandes familles de fonds au Canada.

Certaines familles, comme Fidelity et AIC, votent systématiquement dans le même sens que les dirigeants. À l'inverse, d'autres familles comme AIM Trimark, Banque Nationale et RBC, appuient assez souvent des propositions d'actionnaires minoritaires qui réclament des changements de la part des patrons d'entreprises.

On peut imaginer que pour les grandes familles qui lancent ces jours-ci des fonds socialement responsables, il s'agit peut-être d'un premier pas vers la mise en place d'une politique de responsabilité sociale dans l'ensemble de leurs fonds.

De nombreuses caisses de retraite, comme la Caisse de dépôt et de placement du Québec, se sont dotées récemment d'une telle politique.

À quand le jour où tous les fonds communs seront socialement responsables ?