Le Québec boursier a rétréci cet été. L'acquisition de BCE et d'Alcan, deux géants aux racines québécoises, créera un vide dans le Québec boursier.

Le Québec boursier a rétréci cet été. L'acquisition de BCE et d'Alcan, deux géants aux racines québécoises, créera un vide dans le Québec boursier.

À court terme, ces superachats sont enrichissants: Depuis le début de l'année, le titre d'Alcan a gagné 82% et celui de BCE a pris 28%. Cela a donné un bon coup de main au portefeuille de plusieurs investisseurs qui ont investi dans des produits financiers liés à la performance des sociétés de chez nous.

Par exemple, le plus important fonds communs dédié au Québec, le Fonds Équilibré Desjardins Québec, a progressé de 12% depuis le début de l'année, même s'il conserve 40% de son portefeuille en obligations et en liquidités.

Le titre d'Alcan était la plus importante position de son portefeuille, représentant 7%de son actif de 220 millions. Le titre de BCE figurait au troisième rang, avec un poids de 6,6%.

«Les investisseurs sont certainement très contents. Le rendement du fonds est exceptionnel», se réjouit le gestionnaire Jean Philippe Choquette, de Fiera YMG Capital.

Le Fonds d'entreprises québécoises Investors, géré par Christine Décarie, a aussi profité des acquisitions: Alcan se situait au quatrième rang dans son portefeuille, avec une pondération de 4,3%.

BCE était aussi parmi ses favoris, avec une pondération de 2,6% Par contre, le Fonds Banque Nationale croissance Québec, qui se concentre sur les plus petites sociétés, ne contenait pas des deux titres.

Qu'à cela ne tienne! Le fonds a tout de même bénéficié de la vague de consolidation qui a aussi emporté plusieurs petites entreprises québécoises.

Entre autres, le fonds avait investi dans Van Houtte et dans Ciment Saint-Laurent , toutes deux envolées cette année. I l était aussi actionnaire de Laperrière & Verreault qui a vendu l'une de ses trois divisions.

«La valeur de transaction représentait 33 $ par action. Le titre qui s'échangeait à 31$ a tout de suite grimpé à 41$», racontent les gestionnaires du fonds Christian Cyr et Marc Lecavalier, de Gestion de Portefeuille Natcan.

Bonne nouvelle aussi pour les porteurs d'obligations boursières émises par Épargne Placements Québec, des titres dont le capital est garanti à l'échéance (5 ans ou 10 ans), mais dont le rendement est relié à l'indice Québec IQ-30.

BCE occupe le premier rang de cet indice qui reflète la performance boursière des 30 sociétés qui ont le plus d'influence sur l'économie de la province. Le titre d'Alcan figure en huitième position de l'indice.

Encore du choix

À plus long terme, la disparition de toutes ces entreprises québécoises réduira l'univers de placement du Québec. Mais cela ne coupe pas l'inspiration des gestionnaires.

«Ça fait juste en sorte qu'on va réinvestir dans des sociétés de moyenne taille. C'est encore facile à gérer», assure M. Choquette. Une opinion partagée par M. Cyr et M. Lecavalier: «Ça crée un vide à court terme. Mais il y a plein d'autres sociétés en expansion: Garda, Couche-tard, Transat... Avec le temps, d'autres multinationales vont se créer.»

Lorsqu'ils passeront à la caisse, les gestionnaires n'auront donc aucune difficulté à redéployer leur argent.

En at tendant la clôture des transactions, M. Choquette conserve dans son portefeuille les titres d'Alca n , de même que ceux de BCE. Il en a même rajouté puisque le titre s'échange en dessous de son prix d'acquisition. En plus, le titre de BCE offre un généreux dividende.

«Dans des marchés aussi tumultueux, j'aime autant les conserver», explique le gestionnaire. Lorsqu'il décidera de larguer ses positions, M. Choquette augmentera simplement le poids des titres qu'il détient déjà, comme Bombardier, CAE, Rona ou Gildan.

«Il y a encore beaucoup d'entreprises de qualité», ditil. Par contre, elles ne sont pas dans les mêmes secteurs. Il n'y a pas vraiment de solution de rechange à BCE dans le secteur des services de télécommunications au Québec, ni à Alcan, dans le secteur des matériaux.

«Ça nuit légèrement à la diversification. Ça nous force à aller davantage dans le secteur des produits de consommation, des services financiers et des sociétés industrielles», admet M. Choquette.

LES POIDS LOURDS DU QUÉBEC BOURSIER

Les 15 titres les plus importants de l'indice Québec Scotia Capital

Société / Pondération

BCE / 10%

Alcan / 10%

Canadien National / 10%

Power Corp. / 9,4%

Financière Power / 5,5%

Banque Nationale / 5,2%

Bombardier / 5,1%

Pages Jaunes /4,1%

SCN-Lavalin / 3,6%

Gildan / 2,3%

Metro / 2,3%

CGI / 2,1%

Saputo / 2%

CAE / 1,9%

Alimentation Couche-Tard / 1,8%

NB: En date du 29 août 2007

Source: Scotia Capital