L'ex-président d'Hydro-Québec, André Caillé, tombe à bras raccourcis sur le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

L'ex-président d'Hydro-Québec, André Caillé, tombe à bras raccourcis sur le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

Il soutient que l'organisme paralyse toute tentative de développement au Québec.

«Je n'ai jamais compris pourquoi nous avons mis en place un système de consultation aussi contraignant!» lance-t-il en entrevue à La Presse, un an après son départ d'Hydro-Québec.

«J'étais pourtant sous-ministre de l'Environnement lorsque le gouvernement du Québec a créé le BAPE, en 1978. J'avais dit à Marcel Léger, ministre de l'Environnement à l'époque: Comment se fait-il qu'on a une centaine de députés assis à la période de questions et que ce ne sont pas eux qui consultent? Pourquoi ce n'est pas bon quand les gens sont élus? Pourquoi faut-il embaucher des gens, des salariés de l'État qui n'ont pas de comptes à rendre à la population? J'étais contre et je le suis toujours.»

André Caillé nous a accordé sa première entrevue de fond depuis qu'il a quitté son poste de président du conseil d'Hydro-Québec, en septembre 2005.

Il en a été le PDG de 1996 à 2005 avant de passer le flambeau à Thierry Vandal. Dégagé de la retenue qu'il s'imposait alors qu'il dirigeait Hydro, l'homme ne se censure manifestement plus.

Pour l'ancien patron de la société d'État, la forme de consultation que mène le BAPE sur l'impact environnemental des grands projets d'aménagement explique en bonne partie la difficulté que l'on a, au Québec, à construire de nouveaux barrages hydroélectriques.

«Il n'y a pas que des recommandations négatives du BAPE, c'est vrai. Mais il y a rarement des recommandations positives. Avez-vous déjà entendu le BAPE dire: allez-y, il faut le faire, c'est important? Non. Ou bien ils ne disent rien parce que leur clientèle va être en maudit, ou bien ils ne disent pas non, de temps en temps, pour que le gouvernement continue à les endurer.»

Quand on fait remarquer à André Caillé que le BAPE n'a pas de pouvoir décisionnel, que le gouvernement peut choisir d'écarter ses recommandations, la réplique ne se fait pas attendre.

«Le poids de la recommandation est tel que de s'y opposer coûte trop cher. Le coût politique est trop élevé, le gouvernement n'ose tout simplement pas.»

André Caillé préférerait un mode de consultation où des députés, choisis dans tous les partis, iraient prendre le pouls de la population.

Ils reviendraient ensuite au Parlement et feraient part de ce qu'ils ont entendu.

«Ceux qui auraient mal agi, mal interprété les propos des gens lors des consultations, perdraient leurs élections.»

Pour ce qui est des études d'impact, André Caillé estime que les spécialistes du ministère de l'Environnement pourraient les faire.

Il ne tient d'ailleurs pas le processus actuel en très haute estime. «Il faut faire attention avec tout ce bataclan de directives d'études d'impact. Ils s'envoient les questions pour être sûrs d'être capables de répondre non.»

André Caillé trouve toute cette façon de procéder très discutable: «J'aimerais mieux un système vraiment démocratique, que ce soit des élus qui fassent ça et qui reviennent avec leurs recommandations. Voilà mon point à moi. La vraie démocratie, c'est qu'il faut voter une fois de temps en temps.»