Les pourparlers entre la Société de transport de Montréal (STM) et le syndicat des employés d'entretien ont été vains.

Les pourparlers entre la Société de transport de Montréal (STM) et le syndicat des employés d'entretien ont été vains.

Ce dernier a déclenché à minuit une deuxième grève des transports en commun en quatre ans, ce qui perturbe les services d'autobus et de métro. Il s'agit du 15e arrêt de travail en 40 ans dans le transport en commun à Montréal.

Hier (lundi), les deux parties ont négocié toute la journée devant un conciliateur. Le syndicat a fait une ultime proposition.

Si la STM s'engageait à poursuivre les négociations sur les salaires et promettait de régler les écarts intergénérationnels dans la caisse de retraite, le syndicat suspendait sa grève.

«L'écart intergénérationnel est un enjeu majeur. On veut que nos jeunes aient les mêmes conditions de retraite que nos employés plus vieux», explique le président du syndicat, Pierre St-Georges.

Mais vers 20h lundi soir, alors que les employés d'entretien étaient tous réunis en assemblée générale, la STM a rejeté loffre du syndicat. Fâchés, les employés d'entretien ont aussitôt voté unanimement pour que le mandat de grève soit maintenu tant que la STM refuserait leur proposition.

Le suspense a duré jusqu'à minuit. La STM n'a pas bougé, et la grève générale illimitée a été déclenchée. «Donc on peut dire que si on tombe en grève, c'est à cause de la STM!» a dit M. St-Georges.

La porte-parole de la STM, Odile Paradis, réfute ces accusations. «On était ouvert à la proposition sur le régime de retraite, mais le syndicat devait en échange accepter notre cadre financier, donc un gel de salaires. Le syndicat veut prendre sans rien donner. La décision d'aller en grève lui revient totalement», soutient Mme Paradis.

Service limité

Comme convenu plus tôt cette semaine par le Conseil des services essentiels, les autobus et le métro fonctionneront aux heures de pointe du matin, de la fin d'après-midi et de la nuit durant la grève.

Au total, il y aura du service pendant neuf heures chaque jour. Le service de transport adapté sera offert comme à l'habitude, mais pas le transport scolaire spécial.

Contrairement au conflit de 2003, les services aux heures de pointe seront aussi maintenus la fin de semaine.

L'utilisation des transports en commun s'annonce tout de même pénible. La STM effectue environ 1,3 millions de déplacements par jour en temps normal.

En 2003, le service de transports en commun avait été perturbé pendant une grève de six jours et l'insatisfaction du public s'était fait sentir.

Salaire et régime de retraite

La STM et le syndicat ne s'entendent pas sur les augmentations de salaire et certaines modifications au régime de retraite.

La société de transport a soumis à ses employés la même offre qu'aux employés de la Ville de Montréal. L'offre comprend un gel salarial en 2007 et 2% pour chacune des quatre années suivantes.

Le syndicat estime pour sa part qu'il est possible d'obtenir une entente à l'intérieur du cadre financier de la Ville en réduisant notamment le temps supplémentaire.

Tous les syndicats de la Ville de Montréal ont entrepris des négociations cette année en vue du renouvellement des conventions collectives. La rapidité du déclenchement d'une grève par le syndicat des employés d'entretien de la STM méduse les spécialistes.

Selon Michel Grant, professeur de relations industrielles à l'UQAM, le syndicat risque gros.

«Il s'agit du premier vrai test du maire Tremblay en termes de fermeté de son offre. Si la Ville flanche avec les employés d'entretien de la STM, les autres voudront la même chose», explique-t-il.

Le professeur estime que la durée de ce bras de fer dépendra de la solidarité syndicale et de l'opinion publique. Le gouvernement libéral minoritaire pourrait aussi être tenté d'intervenir pour calmer l'opinion publique, ajoute-t-il.

Pierre St-Georges fait valoir que ce débrayage est légal et que le syndicat a fait connaître dès le mois de mars la tenue d'une grève à défaut d'une entente.

Dans leur dernière convention collective, échue depuis le 6 janvier, les employés d'entretien de la STM avaient obtenu des hausses salariales de 2,5% par an pendant trois ans.

Le salaire moyen de ces employés, qui entretiennent les autobus et les voitures du métro, est d'environ 50 000$ par année.

À l'automne 2003, la STM et le syndicat s'étaient entendus au terme d'un sprint de négociation. Outre une réduction du service, le déclenchement d'alarmes et de gicleurs ainsi que le sabotage de portes de garage avaient réduit les services d'autobus.

Les usagers des transports en commun ont d'ailleurs remporté un recours collectif à ce sujet. L'affaire a coûté 925 000$ au syndicat et valu un remboursement de 2$ aux acheteurs de carte mensuelle. La STM avait aussi consenti des réductions pour compenser les inconvénients causés par la grève.