Les acheteurs d'autos neuves au Canada depuis deux ans auraient payé leur véhicule trop cher en dépit de la forte appréciation du dollar, qui est supposée réduire l'écart de prix avec les États-Unis.

Les acheteurs d'autos neuves au Canada depuis deux ans auraient payé leur véhicule trop cher en dépit de la forte appréciation du dollar, qui est supposée réduire l'écart de prix avec les États-Unis.

Et cette surcharge serait le résultat d'une «conspiration» entre les constructeurs automobiles et leurs concessionnaires, afin de profiter de la réduction du taux de change aux dépens des clients.

C'est ce que prétend une requête en recours collectif de 2 milliards de dollars inscrite mercredi en Cour supérieure de l'Ontario par une firme d'avocats torontoise, qui représente des automobilistes mécontents.

La requête cible les filiales des grands constructeurs automobiles au Canada et aux États-Unis, ainsi que les associations nationales de concessionnaires des deux côtés de la frontière.

«Ces intervenants de l'industrie automobile ont conspiré pour dissuader et même empêcher les achats transfrontaliers de véhicules. Ils voulaient ainsi protéger leurs prix gonflés au Canada malgré la hausse du dollar canadien, qui a réduit le coût d'importation des véhicules», a expliqué l'avocat Henry Juroviesky, qui mène la requête de recours collectif.

La demande cible le versement d'un dédommagement à tous les acheteurs -ou locataires à long terme- d'automobiles neuves au Canada entre les mois d'août 2005 et août 2007. En tout, la réclamation pourrait s'élever à 2 milliards de dollars.

De plus, la requête réclame des «dommages exemplaires» d'au moins 100 millions.

L'annonce de cette requête survient alors que les achats de véhicules aux États-Unis par des automobilistes canadiens augmentent rapidement.

Ils sont attirés par les prix moindres en dollars américains, qui sont devenus encore plus attrayants par l'appréciation du dollar canadien proche de la parité.

Pour le moment, les constructeurs automobiles et leurs associations de concessionnaires se sont abstenus de commenter la requête de recours collectif déposée à Toronto.

Réponse attendue

Mais du côté des regroupements de consommateurs et d'automobilistes, on se réjouit déjà de son impact sur l'opinion publique, qui pourrait inciter les constructeurs et leurs concessionnaires à rajuster leurs prix au Canada.

«On sait qu'une telle requête en recours collectif peut prendre des années avant d'aboutir à un règlement. Mais dans l'immédiat, sa médiatisation a le grand mérite de sensibiliser et d'informer davantage les consommateurs», a commenté George Iny, président de l'Association de protection des automobilistes (APA)

«L'annonce de cette requête mettra de la pression sur les constructeurs pour qu'ils abaissent leurs prix en dollars canadiens. Mais aussi, qu'ils modèrent leurs propos intimidants contre les consommateurs qui importent un véhicule acheté chez un concessionnaire américain, comme les menaces de déni de garantie par exemple», a indiqué M. Iny.

«En fait, si les constructeurs automobiles avaient été plus prévoyants, ils auraient dû offrir des rabais d'ajustement au taux de change aux acheteurs. Ça aurait été perçu comme un geste de bonne volonté, au lieu de susciter la grogne jusqu'au déclenchement d'une requête en recours collectif.»

Selon des données fédérales divulguées par La Presse Affaires, mardi, le nombre de véhicules neufs achetés chez des concessionnaires américains par des Canadiens était en hausse de 60% en août dernier, par rapport au même mois l'an dernier.

Le volume de ces achats transfrontaliers avoisine maintenant les 17 000 véhicules par mois, presque deux fois plus qu'il y a un an.

Toutefois, selon l'APA, l'importation au Canada d'un véhicule acheté chez un concessionnaire américain comporte des obligations douanières et réglementaires qui peuvent réduire considérablement l'écart de prix favorable.

C'est surtout les cas pour les véhicules peu chers et à plus grands volumes, pour lequel les constructeurs offrent des promotions touchant les prix ou les taux d'intérêt et de location qui sont exclusifs à chaque pays.

N'empêche, selon l'APA, tout acheteur canadien au comptant d'un véhicule de plus de 25 000$, avant frais et taxes, aurait intérêt à vérifier le prix de ce véhicule en dollars américains.