Rien ne va plus chez Loto-Québec. Pour la première fois depuis près de 10 ans, les profits sont en forte baisse. Au cours des 12 derniers mois, ils ont chuté de 150 millions de dollars.

Rien ne va plus chez Loto-Québec. Pour la première fois depuis près de 10 ans, les profits sont en forte baisse. Au cours des 12 derniers mois, ils ont chuté de 150 millions de dollars.

Au banc des accusés, on retrouve la fameuse loi antitabac en vigueur depuis le 31 mai dernier. Depuis qu'ils ne peuvent plus fumer dans les bars, les clients de Loto-Québec boudent les appareils de loterie vidéo.

Des documents du ministère des Finances, obtenus par Le Soleil, démontrent que la dernière année a été difficile pour Loto-Québec alors que les profits amassés ont atteint 1,45 milliard de dollars. En 2005-2006, soit une année plus tôt, la société d'État avait dégagé un bénéfice net de 1,6 milliard.

Pour le gouvernement Charest, l'incidence de cette baisse de rentabilité est significative. Loto-Québec ne versera que 1,372 milliard en dividendes à son principal actionnaire, comparativement à 1,524 milliard un an plus tôt.

Chez Loto-Québec, on explique que les trois quarts de ce manque à gagner est dû à la nouvelle loi antitabac. «Il y a un lien direct», a indiqué vendredi le porte-parole Jean-Pierre Roy.

La direction de la société d'État n'a toutefois pas voulu commenter ses résultats financiers. Le rapport annuel de Loto-Québec sera déposé en juin à l'Assemblée nationale.

Les loteries aussi en baisse

Les données obtenues par Le Soleil démontrent qu'autant le secteur des billets de loterie (-3 %), des appareils de loterie vidéo (-10 %) et des tables de jeux des trois casinos québécois (-4 %) ont généré moins de revenus.

Au troisième trimestre, par exemple, le bénéfice net de Loto-Québec a chuté de près de 15 %, tandis que ses revenus ont reculé de 8 %.

En 2006, les 13 516 appareils de loterie vidéo qui représentent 30 % des profits de Loto-Québec ont ainsi vu leurs revenus se replier de 13 %. Une première en trois ans. Les ALV avaient vu leur chiffre d'affaires croître de 5 % l'an dernier et de 9,6 % en 2003-2004.

Loto-Québec explique que la maturité du marché des loteries se confirme en sol québécois. «On constate une transition dans le comportement de notre clientèle», a précisé M. Roy.

Du côté des casinos, la société d'État reconnaît également que la concurrence nord-américaine pour attirer de nouveaux joueurs se fait de plus en plus sentir.

Plusieurs casinos ont augmenté considérablement leur offre de jeu ces derniers temps en Ontario et dans le nord-est des États-Unis. Résultat: les casinos de Montréal et de Lac-Leamy (Gatineau) sont en perte de vitesse.

Pour l'heure, Loto-Québec dit ne pas avoir l'intention de se lancer dans le secteur des casinos en ligne. «Ce n'est pas dans nos plans», a assuré le porte-parole.

Chemin faisant, la société d'État s'attend à enregistrer d'autres baisses de revenus au cours des prochaines années. Dans ses plus récentes prévisions financières, le ministère des Finances anticipe une baisse des profits de Loto-Québec de 43 millions de dollars en 2007.