L'éditeur de logiciels comptables Fortsum Solutions d'affaires a réussi à se tailler une place en faisant un choix auquel d'autres se refusent : ne pas se battre contre des géants de l'informatique. Cette stratégie lui a permis d'installer ses logiciels de comptabilité jusqu'au ministère du Revenu et d'espérer faire son entrée dans les banques.

L'éditeur de logiciels comptables Fortsum Solutions d'affaires a réussi à se tailler une place en faisant un choix auquel d'autres se refusent : ne pas se battre contre des géants de l'informatique. Cette stratégie lui a permis d'installer ses logiciels de comptabilité jusqu'au ministère du Revenu et d'espérer faire son entrée dans les banques.

Fortsum se définit comme l'éditeur de logiciels comptables le plus important au Québec. Il sert plus de 75 000 PME canadiennes, la plupart au Québec. Acomba et Tools sont les produits les plus populaires de l'entreprise, autrefois connue sous le nom de Fortune 1000.

L'entreprise de Québec a été fondée en 1984 par deux bacheliers en administration de l'Université Laval : François Taschereau et Denis Ratté. "Le pire, c'est qu'à l'université on détestait la comptabilité et que l'informatique, ce n'était pas fort dans ce temps-là. On voulait donc faire un produit facile à utiliser ", explique François Taschereau, président et chef de la direction de Fortsum.

Depuis qu'ils ont racheté en 1998 l'entreprise qu'ils avaient eux-mêmes fondée, les deux collègues d'université ont rendez-vous, disent-ils, avec la croissance. L'un de leurs secrets : s'allier au camp ennemi. Fortsum dit avoir compris qu'il ne servait à rien d'essayer de battre sur leur propre terrain des géants comme Microsoft ou Sage et leurs logiciels respectifs, Dynamic et Accpac.

"À la place (et par accident), nous avons rendu nos logiciels compatibles avec ceux de nos concurrents. Nous avons aussi décidé de continuer à vendre nos propres produits tout en devenant revendeurs et installateurs des produits Microsoft et Sage", explique François Taschereau.

La PME a ainsi fait quelques acquisitions, notamment le groupe Conseil LVMB, un intégrateur de solutions informatiques de Laval. En misant sur une offre de services diversifiés (édition, revente, conseil, etc.), Fortsum vise à "consolider le marché québécois". Elle est en voie de réussir, car le savoir-faire de la PME trouve écho (avec son logiciel Auditor's Drill) jusqu'au ministère du Revenu du Québec. Et Fortsum est actuellement en négociation avec des institutions financières québécoises.

D'autres acquisitions sont à venir, selon M. Taschereau. La PME québécoise possède pour l'heure des bureaux à Québec, Montréal, Laval et Longueuil. D'autres " bureaux satellites " ouvriront dans un proche avenir, affirme l'homme d'affaires. "Si on réussit à bien s'implanter au Québec, notre coup de circuit, ce sera l'Amérique du Nord", dit-il.

Société distincte

Le Québec est un endroit unique en Amérique du Nord, pas seulement parce qu'on y parle français. Il l'est aussi en matière de programmes sociaux. Mais au plan de la comptabilité et de la fiscalité, la province est vraiment une société distincte. Et cela, Fortsum en tire avantage.

" Le Québec est vraiment un marché singulier, explique François Taschereau. Dans leur gestion, les PME doivent intégrer des programmes comme la CSST ou bien tenir compte des deux ordres de gouvernement. C'est en quelque sorte une barrière pour les autres fabricants de logiciels de comptabilité. "

Plusieurs entrepreneurs s'arrachent les cheveux devant la complexité et le nombre de programmes dont il faut tenir compte dans la gestion d'une entreprise au Québec. Fortsum y voit plutôt des occasions d'affaires. "Il faut en profiter, être opportuniste ", résume M. Taschereau.

FIBRE PATRIOTIQUE

N'eût été la fibre patriotique de ses deux fondateurs, Fortsum serait aujourd'hui une entreprise américaine. Fondée en 1984, la PME a été vendue 10 millions de dollars à QuébecTel en 1998. François Taschereau et Denis Ratté y sont toutefois demeurés actifs.

Fortune 1000 est ensuite passée dans le giron de Telus, laquelle a été sondée par des acheteurs américains. "On s'est dit: "On ne peut pas laisser des Américains s'emparer du marché québécois des logiciels de comptabilité." On a donc racheté l'entreprise. On avait des amis et des collègues qui risquaient de perdre leur emploi", dit François Taschereau.

L'entreprise a adopté la raison sociale Fortsum en 2004. Depuis, les visées de la PME dépassent les frontières québécoises. "Nous sommes des enfants de J.-A. Bombardier. Nous sommes très créatifs, au Québec. Et plus que jamais la technologie nous permet d'avoir accès au monde entier", explique M. Taschereau.

Peu de transactions sur le titreLa PME emploie près de 200 personnes. Les logiciels de Fortsum se vendent entre 500 $ et 3000 $. L'entreprise tire également ses revenus à partir de frais annuels et de services conseil. Les ventes de Fortsum totalisent 20 millions de dollars. Ses objectifs de vente sont de 30 millions de dollars en 2007 et 50 millions en 2008. Depuis août 2004, la PME de Québec est inscrite à la Bourse de croissance TSX sous le symbole FRT, mais il est fréquent qu'il n'y ait aucune transaction sur le titre pendant une journée. Près de la moitié des 33 millions d'actions en circulation appartiennent aux dirigeants et aux administrateurs. RoyNat Capital fait également partie des principaux actionnaires.

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