Le financier Michel Lesage, déjà poursuivi par les autorités réglementaires, vient d'être mêlé à une autre affaire douteuse.

Le financier Michel Lesage, déjà poursuivi par les autorités réglementaires, vient d'être mêlé à une autre affaire douteuse.

Le 5 juillet, le comité de discipline de l'Ordre des comptables agréés a rendu un verdict de culpabilité pour l'un de ses membres.

Selon la décision de l'Ordre, le membre en question a produit une fausse facture à la demande de Michel Lesage. Le comptable reconnu coupable est Sylvain Caron, l'un des associés de la firme comptable Morin Cadieux Matteau et Normand, de Trois-Rivières.

En soi, l'offense ne concerne pas de gros montants, mais elle implique des gens qui ont déjà fait les manchettes. Le méfait touche la production d'une fausse facture de 12 500$ adressée à la firme D-Fense ltée, ce que le syndic de l'Ordre qualifie de «faute gravequi s'apparente à la fraude».

Louis-Philippe Séguin

Rappelons que Michel Lesage fait l'objet de poursuites de l'Autorité des marchés financiers (AMF) dans une autre affaire.

L'AMF réclame 62 000$ d'amendes à Michel Lesage ou à son entreprise, Investissement Blue Ship, pour avoir recueilli des fonds sans prospectus et avoir exercé l'activité de courtier sans permis.

Son collègue Louis-Philippe Séguin et sa firme SPJ pourrait écoper d'amendes de 186 000$ pour les mêmes types d'offenses, auxquels s'ajoutent des accusations de délit d'initiés sur le titre de Garda World.

Le jugement devrait être produit l'automne prochain. Louis-Philippe Séguin, rappelons-le, était l'un des courtiers québécois d'une des firmes de Martin Tremblay, des Bahamas, qui a été reconnu coupable de blanchiment d'argent.

Maurice Montpetit

Dans le dossier du syndic de l'Ordre des comptables, les raisons évoquées pour la production d'une fausse facture sont surprenantes.

Le comptable a raconté au syndic de l'Ordre avoir servi d'intermédiaire pour justifier les honoraires de 12 500$ d'un certain Maurice Montpetit.

Selon M. Caron, ces honoraires sont liés à une collecte de fonds de 137 500$ réalisée par M. Montpetit pour l'entreprise D-Fense, au début de 2005. La collecte s'inscrit dans un processus d'entrée en Bourse de D-Fense.

Maurice Montpetit n'a pas de permis de l'AMF pour recueillir des fonds, nous indique une porte-parole de l'AMF. Il n'est pas clair, cependant, qu'il lui soit interdit d'amasser des fonds pour une société fermée.

Selon le témoignage de Sylvain Caron, les honoraires de 12 500$ de M. Montpetit ont été convertis en actions de D-Fense. Toutefois, comme c'est le cas pour la fausse facture, Maurice Montpetit ne voulait pas que son nom figure sur le certificat d'actions, comprend-on du témoignage de M. Caron.

En effet, les actions ont été émises au nom des conjointes de Maurice Montpetit et d'un collègue, rapporte M. Caron.

Ce n'est pas la première fois que Maurice Montpetit fait les manchettes. En 1992, il s'est vu imposer une amende de 30 000$ par la Bourse de Montréal pour divers manquements aux normes lorsqu'il était directeur de la succursale de Chicoutimi de ScotiaMcLeod.

Essentiellement, la Bourse lui a reproché de s'être placé en conflit d'intérêts par rapport à des clients en détenant une position importante dans la minière junior Ariel, en 1987.

Trois autres représentants ont aussi été mis à l'amende, ce qui constituait à l'époque les plus fortes amendes jamais imposées (total de 145 000$).

Dans cette affaire, Maurice Montpetit a également fait l'objet d'accusations de fraude au criminel, en 1999, mais un juge a ordonné la fermeture du dossier, en 2004, en raison des délais déraisonnables et de la perte de documents par la Couronne.

Joint au téléphone, Maurice Montpetit n'a pas voulu répondre à nos questions, pas plus que le comptable Sylvain Caron. Nous avons tenté par divers moyens de joindre Michel Lesage, sans succès.

L'un de ses avocats dans le dossier de D-Fense, Jean-Félix Brassard, de Desjardins Ducharme, a affirmé ne pas être au courant de ce dossier de fausse facture. Sylvain Caron connaîtra sa sentence disciplinaire au cours des prochains mois.

D-Fense Capital est inscrite en Bourse depuis l'automne 2005. L'AMF a toutefois imposé une interdiction de faire des transactions sur le titre en février 2007 parce que D-Fense était incapable d'adopter ses états financiers en raison d'un différend entre certains administrateurs.

Le 11 juillet, l'AMF a levé l'interdiction, ce qui permettra à D-fense d'être bientôt échangé à la Bourse de croissance TSX.