Les grands projets d'investissement comportent toujours une part de risque, comme le recteur de l'UQAM l'a appris, à ses dépens.

Les grands projets d'investissement comportent toujours une part de risque, comme le recteur de l'UQAM l'a appris, à ses dépens.

Roch Denis, un professeur de sciences politiques d'expérience, a été obligé de démissionner en novembre dernier, après qu'un trou de 40 millions et un manque à gagner de 60 millions aient été mis au jour au Complexe des sciences, un nouvel immeuble du centre-ville constitué de salles de cours, de résidences pour les étudiants et de bureaux en location.

Le projet avait été approuvé par le conseil d'administration de l'institution et l'entrepreneur responsable des travaux, Pomerleau, jure que la construction s'est déroulée dans les règles et à l'intérieur du budget prévu.

Que s'est-il passé ? La firme KPMG a reçu le mandat de faire la lumière sur cette question. Avant même la fin des travaux au Complexe des sciences, l'université avait ouvert une autre gros chantier, celui de l'Ilôt Voyageur.

Ce projet constitué de salles de cours et de résidences et d'une tour à bureaux devait coûter 250 millions et s'autofinancer grâce à la location des bureaux.

Le coût du projet à été revu à la hausse, à 320 millions, et sa rentabilité n'est plus assurée, ce qui a forcé l'UQAM et son partenaire, la firme immobilière Busac, à revoir l'ensemble. L'exercice est en cours.

Dans les deux cas, le conseil d'administration n'a pas eu un portrait complet du projet, affirme une source proche du dossier. Le coût des travaux d'ingénierie n'avait pas été inclus dans l'évaluation du projet de Complexe des sciences, selon elle.

Dans le cas de l'Îlot Voyageur, la direction de l'université a décidé après que le projet eut été approuvé de réduire le nombre de places de stationnements, pour satisfaire les groupes écologistes qui trouvent qu'il y a déjà trop de voitures au centre-ville. «Quand on touche un élément d'un projet, tout se met à branler», estime cette source.

Selon elle, il y a des questions à se poser lorsqu'on laisse des universitaires sans aucune expérience de la construction engager des centaines de millions de dollars dans des projets dont la rentabilité n'est pas assurée.

À commencer par celle-ci: le conseil d'administration d'une université, qui est là pour veiller sur la mission principale de l'institution, a-t-il la compétence requise pour juger de la valeur de projets immobiliers ?