Des géants de l'agroalimentaire tels que Kraft ou Nestlé vendent du café récolté de façon illégale dans un parc national indonésien censé servir de refuge à des espèces animales menacées d'extinction, accuse le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Des géants de l'agroalimentaire tels que Kraft ou Nestlé vendent du café récolté de façon illégale dans un parc national indonésien censé servir de refuge à des espèces animales menacées d'extinction, accuse le Fonds mondial pour la nature (WWF).

Les grains provenant de l'immense parc Bukit Barisan Selatan (BBS) se retrouvent sous des dizaines de marques dans les rayons des supermarchés d'Europe, des États-Unis ou du Japon, affirme l'organisation au terme d'une longue enquête.

BBS, une réserve forestière théoriquement protégée, héberge les derniers tigres, éléphants et rhinocéros sauvages de Sumatra. Mais elle se réduit comme peau de chagrin, rongée par l'extension illicite des champs de caféiers.

«Si cette pratique de défricher illégalement la terre pour le café n'est pas arrêtée, les rhinocéros et les tigres s'éteindront là-bas en moins d'une décennie», prévient Nazir Foead, un des responsables du WWF-Indonésie.

L'Indonésie est le deuxième exportateur mondial de robusta et plus de la moitié de sa production passe par le port de Lampung, ville située au sud de Sumatra, juste à côté de BBS.

Déjà, presque 20 % de la superficie du parc a été convertie pour les cultures et le café y pousse sur plus de 45 000 hectares, précise le WWF, photos satellite à l'appui. «La plupart de la vie sauvage a déjà quitté ces zones», déplore l'organisation écologiste.

Son rapport rendu public ce matin s'intitule «Gone in an instant» («Très bientôt disparus»), un jeu de mots avec «instant coffee» (café soluble).

Les enquêteurs du WWF ont suivi les sacs de café, de la récolte par les villageois indonésiens jusqu'aux quais de Lampung, en passant par le réseau compliqué des coopératives locales.

Leur conclusion est que le café «illégal» est mélangé au café «légal» (récolté en dehors du parc), dans un contexte de laxisme des autorités indonésiennes.

«Les négociants des villages et des cantons mélangent les cafés», explique Nazir Foead. Résultat, «tout le café exporté de Lampung est vicié», y compris les quantités achetées par le géant américain Starbucks.