Montréal est l'un des endroits les plus avantageux pour les entreprises technologiques recherchant un pied-à-terre en Amérique du Nord. C'est ce qu'affirment deux enquêtes sur la question.

Montréal est l'un des endroits les plus avantageux pour les entreprises technologiques recherchant un pied-à-terre en Amérique du Nord. C'est ce qu'affirment deux enquêtes sur la question.

Cependant, l'organisme Montréal International déplore qu'Ottawa ne poursuive pas les mesures du gouvernement précédent, reconnaissant l'importance économique de certaines industries technologiques montréalaises.

La revue économique BusinessWeek a publié, le mois dernier, un dossier sur les endroits dans le monde où l'investissement est le plus attrayant. Elle conclut que Montréal est une destination de choix. Ses atouts? Le faible niveau d'imposition des entreprises et la présence de grappes industrielles riches en occasions d'affaires.

BusinessWeek note aussi la présence d'une forte concentration de diplômés- Montréal compte la deuxième concentration de diplômés en Amérique du Nord- et une qualité de vie qu'on ne retrouve pas ailleurs.

" Pour le commun des mortels, Montréal n'est pas nécessairement associé à ces facteurs, constate Élie Farah, vice-président de Montréal International. Le fait qu'un magazine non biaisé les mentionne nous donne beaucoup de crédibilité. "

M. Farah se réjouit aussi d'une étude de la firme KPMG qui place Montréal au sommet des grandes villes ayant les meilleurs avantages concurrentiels pour les entreprises étrangères. " Quand on tente d'attirer de grandes entreprises à Montréal, on a de la concurrence de pays comme la Chine et l'Inde, mais nos plus grands rivaux demeurent Toronto, Vancouver et l'État de New York ", dit-il.

Le fédéral pas convaincu

Avec ces chiffres en poche, Montréal International espère mener le gouvernement fédéral à reconnaître les grappes industrielles montréalaises, comme le multimédia, les sciences de la vie ou l'aérospatiale. Mais la Ville part de loin.

" Le gouvernement précédent avait élaboré des mesures stratégiques pour aider l'industrie aérospatiale québécoise, mais le gouvernement actuel ne les a pas poursuivies ", déplore M. Farah.

Les chiffres à eux seuls ne suffisent pas à convaincre des présidents d'entreprises étrangères que Montréal est la ville qu'il leur faut. " On doit offrir plus qu'un tremplin vers le marché américain, explique Élie Farah. Notre stratégie est d'offrir des occasions d'affaires propres à Montréal. "

Dans ce contexte, la formation de grappes d'entreprises spécialisées dans des secteurs connexes est un atout incontournable. La présence de PME et d'entreprises en démarrage est un autre avantage. Voilà un argument de taille à la faveur de l'investissement en capital-risque dans les technos montréalaises.

Le Conseil national de recherches du Canada, principal outil fédéral pour l'investissement dans la recherche et développement (R&D), le reconnaît d'emblée, mais comme le constatait Statistique Canada la semaine dernière, le Canada reste encore l'un des pays industrialisés qui investissent le moins dans la R&D.

" Quand une entreprise désire s'installer à l'étranger, elle peut partir de zéro et risquer quelques années de pertes. Plusieurs entreprises préfèrent s'installer dans un nouveau marché par voie d'acquisition. Ça leur coûte un peu plus cher, mais ça les rapproche d'un profit éventuel. "

Le concept de grappe industrielle, introduit au cours des années 90 par le gouvernement provincial afin d'organiser l'investissement au Québec, a permis de développer avec succès certains secteurs technologiques spécifiques à la région montréalaise, comme l'aérospatiale, les sciences de la vie et les TIC.

Quand vient le temps de faire valoir son point de vue, l'industrie profite du poids du nombre. C'est ainsi qu'elle a obtenu du gouvernement provincial une aide financière équivalant à 37,5 % des coûts de main-d'oeuvre qu'implique la création de nouveaux projets multimédias, comme des jeux vidéo.

" Nous sommes tous concurrents, explique Maxime Julien, chef de l'exploitation des studios d'Electronic Arts à Montréal, mais on s'appelle au besoin, quand il faut proposer de façon unie un projet au gouvernement. " L'industrie du multimédia orbite autour d'un organisme, appelé Alliance NumériQc, qui représente environ 5000 travailleurs spécialisés.

C'est grâce à ce genre de collaboration, entre une industrie locale regroupée et un gouvernement attentif, que Montréal est devenu La Mecque de l'animation et du 3D, pour citer le magazine économique BusinessWeek. Un coup de pouce du fédéral, selon Montréal International, ne pourrait que confirmer le succès de cette stratégie.

Alain.mckenna@lapresse.ca

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