Un nombre croissant d'entreprises canadiennes se préoccupent de l'impact de la pollution par les gaz à effet de serre (GES), mais elles hésitent à agir tant que la réglementation demeurera trop incertaine et imprécise.

Un nombre croissant d'entreprises canadiennes se préoccupent de l'impact de la pollution par les gaz à effet de serre (GES), mais elles hésitent à agir tant que la réglementation demeurera trop incertaine et imprécise.

C'est ce qu'il ressort d'une enquête parmi les 300 plus grandes entreprises à la Bourse de Toronto qui a été menée par le Conference Board du Canada et la firme de consultants Deloitte Touche, et dont le rapport a été divulgué hier dans la Ville reine.

Cette enquête s'inscrit dans le cadre du Carbon Disclosure Project ou C.D.P., un regroupement international d'investisseurs institutionnels qui réclament la divulgation des émissions de GES par les entreprises où ils investissent.

Ce regroupement dont les membres cumulent 3000 milliards de dollars en actifs gérés comprend la Caisse de dépôt et placement du Québec, l'Office d'investissement du régime de pension du Canada et le fonds Teachers. Les banques CIBC, de Montréal et Scotia sont aussi membres.

" La pollution par les GES et son impact sur les changements climatiques interpellent de plus en plus les entreprises et leurs investisseurs. Dans certains cas, ça devient un risque additionnel pour leurs activités et leurs résultats financiers, mais aussi pour leur réputation, parmi les investiisseurs et toute la société " a résumé David Greenall, analyste principal et responsable de l'enquête du C.D.P. au Conference Board.

Mais avant d'agir davantage, les dirigeants de ces entreprises veulent aussi plus de " clarté réglementaire " en matière de lutte aux GES de la part des gouvernements, en particulier d'Ottawa.

" Ces entreprises réclament un énoncé de politique et un cadre réglementaire plus concrets afin d'établir et de chiffrer leur propres efforts pour réduire les GES ", a souligné Jim Goodfellow, associé et vice-président de Deloitte & Touche au Canada.

Parmi les règlements attendus, l'enquête du projet C.D.P. note la préférence des entreprises canadiennes pour " une solution de marché ", plutôt qu'une réglementation trop contraignante. Comme solution de marché, l'établissement d'un marché de crédits d'émissions de GES revient en tête de liste, à l'instar de ce qui se passe en Europe et aux États-Unis.

Un tel marché permet aux entreprises moins polluantes d'obtenir des crédits de GES qu'elles peuvent revendre à des entreprises plus polluantes, afin de leur permettre d'éviter des pénalités trop onéreuses.

Un tel marché, centré autour de " Bourses du climat ", permet aux entreprises de monnayer concrètement leurs efforts de réduction des GES, ce qui s'avère un incitatif d'affaires additionnel en matière d'environnement.

D'ailleurs, le président de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand, était du nombre des interlocuteurs du Conference Board, hier à Toronto, pour présenter son projet de " Bourse du climat ".

Cette première canadienne, élaborée avec le Chicago Climate Exchange, n'attend plus qu'un bon énoncé réglementaire de la part d'Ottawa pour démarrer un marché qui pourrait valoir plusieurs milliards de dollars.

" Ce que nous entendons et lisons en provenance d'Ottawa ces derniers jours est encourageant, a indiqué M. Bertrand."

" Tout indique que la prochaine politique comprendra une solution de marché, basée sur des limites de GES pour les entreprises, par secteurs d'activité. "

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