Il ne pouvait même pas servir d'alcool il y a à peine quatre mois, le voilà maintenant dans un club sélect international. L'hôtel Godin vient d'être admis dans le réseau des Preferred Hotels and Resorts, un signe de relance pour l'homme qui vient d'en prendre les rênes.

Il ne pouvait même pas servir d'alcool il y a à peine quatre mois, le voilà maintenant dans un club sélect international. L'hôtel Godin vient d'être admis dans le réseau des Preferred Hotels and Resorts, un signe de relance pour l'homme qui vient d'en prendre les rênes.

" C'est une relance. C'est positif, c'est très positif ", a lancé hier Georges Villedary, directeur général de l'hôtel, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires. Le Godin, qui tient pignon sur rue coin Sherbrooke et Saint-Laurent, devient le premier hôtel montréalais à entrer dans le club des " Preferred ", un réseau international d'hôtels indépendants haut de gamme dont font partie seulement quatre autres hôtels canadiens.

Le gestionnaire refuse de dire combien il lui en coûte pour figurer sur la prestigieuse liste. " Disons que c'est un bon montant, mais qui en vaut l'investissement ", dit-il. M. Villedary espère qu'avec ses 17 bureaux disséminés dans le monde, l'organisation aidera le Godin à amener des clients chez lui.

Ce n'est pas pour rien que M. Villedary parle de relance. Le septuagénaire a lui-même pris les rênes de l'établissement dans la tourmente, lors d'une opération " grand ménage " visant à se débarrasser des anciens gestionnaires de l'hôtel.

En mai dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec et Daniel Langlois, fondateur de Softimage et propriétaire du Cinéma Ex-Centris, ont réussi à faire prendre la porte aux anciens gestionnaires après des mois de démarches juridiques.

Massimo Lecas, Angelo Leone et Roberto Pesut avaient entre autres défrayé la manchette par leur incapacité d'obtenir un permis d'alcool pour leur hôtel en raison d'infractions dans certains de leurs autres établissements, dont Le Globe et le Buena Notte. Le groupe Lecas est propriétaire de 40 % du Godin, comparativement à 55 % pour la Caisse par l'entremise de sa filiale Cadim et 5 % pour M. Langlois. Toutes ces parties se retrouveront devant un arbitre le 4 décembre prochain pour régler les litiges qui les divisent encore.

M. Villedary, qui a relancé plusieurs hôtels au Canada dont le Hyatt de Yorkville, à Toronto, avait un beau défi devant lui. " Financièrement, si ça continuait comme ça, ce n'était pas tenable. Un hôtel qui tourne entre 22 à 25 % d'occupation, à l'année, ne peut pas faire d'argent ", a-t-il expliqué hier.

Le Godin a finalement obtenu trois permis d'alcool le 23 juin dernier, soit pour les minibars des chambres, la terrasse et le bar du premier étage. M. Villedary affirme avoir redressé la situation de façon " substantielle ". Il confie toutefois que l'hôtel n'a pas encore retrouvé le chemin de la rentabilité. " Mais les prévisions montrent qu'il peut être rentable ", soutient-il.

Dans six mois

Quant à l'effet de l'adhésion au réseau Preferred Hotels and Resorts, M. Villedary compte en voir les répercussions d'ici six à neuf mois. " C'est un réseau très important et très bien connu internationalement ", confirme William Brown, vice-président à la direction de l'Association des hôtels du Grand Montréal, qui explique qu'on y retrouve surtout des hôtels indépendants qui ne font pas affaire sous des bannières. " Si on s'aperçoit, par exemple, que notre clientèle provient de Los Angeles, on va faire appel au bureau des ventes de Preferred de l'endroit ", explique M. Villedary. L'homme souligne qu'il a déjà géré des hôtels membres du réseau... et qu'il sait comment en tirer profit.

" Il n'y a que les charnières qui grincent qui reçoivent de l'huile ", lance-t-il, énigmatique. " Ça veut dire que c'est un peu à nous de pousser les bureaux de vente de Preferred et de leur dire de ne pas nous oublier, explique-t-il lorsqu'on l'invite à s'expliquer. Il faut faire des visites, il faut faire des appels. Il faut, en somme, peut-être pas leur casser les pieds, mais disons les solliciter sans cesse. "

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