Grâce à ses investissements à l'étranger, le Canada a amélioré le solde de son compte courant au troisième trimestre.

Grâce à ses investissements à l'étranger, le Canada a amélioré le solde de son compte courant au troisième trimestre.

La détérioration de ses exportations nettes de biens et de services a été largement compensée par de plus fortes entrées de dividendes et de revenus d'intérêts provenant de placements faits hors frontière, révélait hier Statistique Canada.

Un surplus du compte courant signifie qu'il rentre au pays plus d'argent qu'il n'en sort. Cela crée de la demande pour notre monnaie et représente un gage de sa force à terme.

Cette nouvelle n'aura cependant pas suffi à la revigorer hier. Le huard n'a pu contrer la poussée soudaine du billet vert, dopé par la révision à la hausse de la croissance américaine au troisième trimestre. Le département américain du Commerce a porté de 1,6% à 2,2% l'expansion économique durant l'été, soit bien davantage que ce à quoi s'attendaient les experts.

En revanche, cette révision, encourageante en apparence, repose avant tout sur le gonflement inattendu des stocks. Cela présage que le dernier trimestre sera plus faible car les entreprises devront réduire leur production pour écouler le surplus d'invendus. L'embellie du billet vert serait éphémère.

Le surplus canadien du compte courant s'est élevé à 5,1 milliards au troisième trimestre, compaarativement à 4,7 milliards durant le printemps. Les experts misaient plutôt sur un excédant de 3,4 milliards, ce qui aurait représenté une baisse de 800 millions par rapport aux chiffres du printemps, avant l'annonce de leur révision à la hausse.

Ces résultats mettent fin à deux reculs d'affilée, après le sommet historique du quatrième trimestre de 2005. L'automne dernier, le Canada avait grandement tiré partie de la demande américaine en produits énergétiques dans la foulée des ouragans Katrina et Rita.

Au cours du troisième trimestre, caisses de retraite, fonds communs et compagnies d'assurance ont acquis une valeur record de titres étrangers. Ce type de placement est de plus en plus prisé depuis qu'Ottawa a fait sauter la limite de 30% de titres étrangers dans les portefeuilles des caisses de retraite ou dans les régimes d'épargne-retraite.

Les Canadiens ont investi 10,6 milliards en investissements directs à l'étranger, mais surtout placé 21,3 milliards en titres boursiers et obligataires hors frontières. Cela porte à 61,6 milliards les sorties de capitaux canadiens après neuf mois, soit presque autant que durant toute l'année 2000, qui marque encore un sommet.

Les étrangers se sont pour leur part rués sur les entreprises canadiennes. À hauteur de 26,2 milliards, la valeur de leurs investissements directs a quadruplé par rapport à celle du deuxième trimestre. Ils ont cependant été moins friands d'actions et d'obligations canadiennes.

Au net, le Canada a réduit de plus de 1 milliard son déficit chronique au chapitre des investissements.

Cela ne se reflétera pas cependant dans les données sur la croissance de l'économie au troisième trimestre qui seront dévoilées ce matin. Les chiffres du produit intérieur brut (PIB) ne tiennent comptent que des exportations nettes des biens et des services. Or, à ce chapitre, il y a eu légère détérioration des uns et des autres.

Voilà pourquoi la majorité des experts s'attendent à ce que l'expansion de l'économie aurait été limitée à 2% durant l'été, soit une performance aussi terme qu'au printemps.