Malgré un faible rendement de 3,9 % réalisé l'an dernier, la Société générale de financement (SGF) a tout de même offert à ses 10 cadres supérieurs des primes de rendement totalisant près de 900 000 $, révèlent des documents obtenus par Le Soleil.

Malgré un faible rendement de 3,9 % réalisé l'an dernier, la Société générale de financement (SGF) a tout de même offert à ses 10 cadres supérieurs des primes de rendement totalisant près de 900 000 $, révèlent des documents obtenus par Le Soleil.

Selon des renseignements recueillis en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics, les cadres supérieurs de la société d'État - incluant le pdg - se sont partagé l'an dernier différente, bonis de performance qui ont atteint 840 000 $.

Dans certains cas, les membres de la haute direction de la SGF ont encaissé des primes atteignant jusqu'à 40 % de leur salaire. Par exemple, le président-directeur général Pierre Shedleur a touché, en plus de son salaire annuel de base de 257 000 $, des primes de rendement de 107 000 $ (41 %).

Les neuf autres membres de la haute direction de l'entreprise, dont les salaires annuels varient entre 193 000 $ et 213 000 $, ont pour leur part encaissé en 2005 des primes de rendement de 733 250 $, soit environ 30 % de leur salaire de base.

Pour les vice-présidents aux investissements de la SGF, des primes de 356 440 $ ont notamment été offertes par l'entremise du programme annuel de rémunération variable alors que 373 810 $ ont été versés grâce au programme triennal de rémunération.

Objectif : rentabilité

Hier, le conseiller juridique de la SGF, Michel Sainte-Marie, a expliqué que, sans la rentabilité, les primes ne sont pas versées aux membres de la haute direction. "C'est une condition essentielle", a-t-il fait valoir.

Depuis 2005, un nouvelle politique de rémunération de la haute direction est d'ailleurs en vigueur à la SGF. Le versement de primes est permis à la condition que la SGF réalise un bénéfice net. Dorénavant, la moitié du montant des primes est calculé à partir de la rentabilité des placements plutôt qu'au nombre d'investissements réalisés comme c'était le cas sous l'administration précédente.

Il faut dire qu'entre 2001 et 2004, la SGF n'a pas été en mesure d'atteindre l'équilibre financier en déclarant de lourds déficits. Ce qui n'a pourtant pas empêché les cadres de cette société d'État d'empocher d'importants primes de "performance".

Par exemple, entre 2001 et 2003, la structure de bonification en place a rapporté à 13 membres de la haute direction des primes pouvant atteindre en moyenne 50 % de leur rémunération de base alors que leur employeur affichait des pertes de 771 millions $.

En 2004, près d'un million $ ont été versés en primes de rendement de toutes sortes alors que la SGF avait déclaré un rendement négatif de 2,9 % et une perte de 52 millions $.

Il est vrai qu'en 2005, la SGF a renoué avec les profits en enregistrant un bénéfice de 3,9 % ou 70 millions $. Malgré l'atteinte de cette rentabilité, la SGF n'a cependant pas réussi à s'autofinancer l'an dernier. Pour couvrir entièrement ses coûts de financement, la société devait réaliser un rendement de 4,1 %.

Parmi les bons coups en 2005, la SGF a revendu à profits des actions de sociétés qu'elle détenait dans son portefeuille. La SGF a ainsi fait des gains totalisant 135 millions $ en vendant une partie de ses placements dans Rona, Atrium et Miranda.