La recherche s'est avérée une véritable bouée de sauvetage pour L'Alliance Boviteq, qui a dû affronter une période de vaches maigres avec la crise de la vache folle.

La recherche s'est avérée une véritable bouée de sauvetage pour L'Alliance Boviteq, qui a dû affronter une période de vaches maigres avec la crise de la vache folle.

Cette PME de Saint-Hyacinthe est issue du Centre d'insémination artificielle du Québec (CIAQ), propriétaire du regretté Starbuck, roi de la reproduction bovine dans les années 80.

Depuis sa création, en 1986, L'Alliance Boviteq a connu son lot d'ennuis. En 2003, elle a perdu près de 70% de sa clientèle le jour où les Américains ont décidé de fermer leur frontière dans la foulée de la crise de la vache folle. Et depuis plusieurs années, la vente d'embryons à l'étranger, autrefois la vache à lait de la PME québécoise, n'offrait aucune possibilité de croissance à long terme.

" La puissance de notre modèle d'affaires actuel, dit André Barnabé, repose sur le fait que nous faisons de la recherche appliquée qui est transmissible à l'industrie. Mon volet commercial me met en contact avec la réalité des éleveurs. Je crois que nous sommes parmi les seules entreprises au monde à être aussi intégrées. "

En effet, L'Alliance Boviteq joue deux rôles : elle est un laboratoire de recherche et une " superclinique de fertilité " où in vivo et in vitro se côtoient. Elle héberge des vaches " élite " du Québec, de l'Ontario et des provinces maritimes qui sont mises en gestation ou dont on utilise les ovules pour les féconder et les implanter dans des vaches porteuses.

Ce faisant, la PME maskoutaine en profite pour travailler en laboratoire avec tout ce qui touche notamment la fertilité, sa grande spécialité. L'entreprise compte 20 employés dans ses laboratoires de Saint-Hyacinthe et de Sainte-Madeleine, dont plusieurs vétérinaires spécialisés en reproduction bovine. Six des chercheurs de l'entreprise sont titulaires d'un doctorat.

Les travaux de recherche de L'Alliance Boviteq sont à l'étape de la génomique, c'est-à-dire de la lecture de l'ADN. " Nous en sommes à l'étape des sciences de la vie ", indique André Barnabé. Selon lui, il sera possible de connaître à l'avance les meilleurs embryons, c'est-à-dire les bovins qui seront les plus performants. Par conséquent, la PME pourra améliorer encore l'héritage génétique de feu Starbuck, dont les descendants figurent à ce jour parmi les meilleurs reproducteurs du Québec.

Avant l'épisode de la vache folle, la PME a gardé jusqu'à 35 vaches à la fois, dont certaines venaient d'aussi loin que la Californie. La croissance annuelle de l'entreprise frôlait alors les 25%. Du jour au lendemain, en 2004, elle s'est retrouvée avec seulement trois vaches. Depuis, L'Alliance Boviteq a repris du poil de la bête. Lors du passage de La Presse Affaires , l'entreprise gardait une bonne vingtaine de bovins. Les compétences en recherche de la PME québécoise sont à ce point poussées et estimées que des vétérinaires de partout dans le monde (Asie, Afrique, Europe, etc.) viennent y recevoir une formation en matière de reproduction bovine. "

IL NE FAUT PAS BRÛLER LES ÉTAPES

" Ça peut paraître ennuyeux pour des gens d'affaires qui aiment l'action, mais s'asseoir et penser à ce qu'on veut faire et où on veut aller avec l'entreprise est quelque chose de très important. Il ne faut pas brûler d'étapes ", explique André Barnabé, PDG de L'Alliance Boviteq.

Selon lui, toute personne qui songe à fonder une entreprise ou qui est déjà dans le milieu des affaires devrait toujours garder à l'esprit de ne jamais précipiter les choses. " C'est sûr qu'il y a parfois des occasions à saisir, mais le conseil que j'ai toujours reçu et que j'applique encore c'est de

ne pas négliger son plan d'affaires et de prendre le temps qu'il faut pour voir de quoi l'avenir peut être composé ", affirme M. Barnabé.

Dès son arrivée en 2001 à la direction de L'Alliance Boviteq, André Barnabé s'est appliqué à mettre en place un programme de recherche et développement.

" Ça nous a pris un an pour tout organiser notre programme. Ça a été long mais, aujourd'hui, on arrive avec des résultats. Et l'an prochain, on va se rasseoir et on va se reposer la question : où estce que l'on veut aller pendant les cinq prochaines années ? "

FRONTIÈRES ET VÉTÉRINAIRESLes Américains ne se sont pas gênés pour fermer leur frontière en 2003 lorsque que des cas de vache folle ont été détectés au Canada. Du coup, L'Alliance Boviteq a perdu 70% de son chiffre d'affaires, qu'elle préfère taire.

"Si la frontière américaine ouvrait demain, j'aurais un heureux problème. Je ne pourrais pas suffire à la demande ", affirme André Barnabé. Ces temps-ci, dit-il, la PME est à la recherche de cinq nouveaux employés, dont un vétérinaire en reproduction bovine.

"Mais ça ne va pas être facile, ditil. Il y en a de moins en moins. Les vétérinaires sont de plus en plus de femmes et elles choisissent les petits animaux au lieu des gros comme le bovin. Un autre casse-tête. "