Hier matin, succursale de la SAQ de la rue Place d'Armes à Montréal. Pendant qu'une employée affiche des rabais sur des bouteilles sélectionnées dans le cadre de la promotion "La foire aux vins français", sa collègue, elle, fait le travail inverse : elle change les prix, à la hausse, sur l'ensemble des bouteilles en magasin.

Hier matin, succursale de la SAQ de la rue Place d'Armes à Montréal. Pendant qu'une employée affiche des rabais sur des bouteilles sélectionnées dans le cadre de la promotion "La foire aux vins français", sa collègue, elle, fait le travail inverse : elle change les prix, à la hausse, sur l'ensemble des bouteilles en magasin.

Les amateurs l'ont peut-être déjà remarqué : depuis mercredi, autant leur Bordeaux préféré que la bouteille Vodka coûtent plus cher : 2,5% de plus en moyenne. Pourquoi? La raison est triple.

Il y a d'abord la hausse des droits d'accise décrétée par le gouvernement Harper lors de son budget du 2 mai dernier. Ces droits s'appliquent sur les vins, les spiritueux et le tabac, sauf sur les produits entièrement fabriqués au Canada. L'augmentation devait entrer en vigueur le 1er juillet, en même temps que la réduction de la TPS. "Mais les modalités se sont avérées plus complexes que prévu, et c'est finalement entré en vigueur hier (mercredi) ", explique Alain Bolduc, vice-président, communications, à la SAQ.

On se trouve également dans l'une des onze " fenêtres " du calendrier au cours de laquelle la SAQ permet aux producteurs de vins de modifier leurs prix. Les amateurs de vins remarqueront cependant que les prix des vins européens grimpent souvent davantage. L'explication réside dans la fluctuation de l'euro par rapport au dollar canadien. Un dossier que la SAQ connaît bien : l'hiver dernier, La Presse avait révélé que la société d'État avait attendu des mois avant d'ajuster ses prix lorsque l'euro avait perdu de la valeur, allant même jusqu'à inciter certains producteurs à profiter de l'occasion pour hausser leurs prix.

Le scandale avait soulevé l'ire des consommateurs, si bien qu'en février dernier, la SAQ a pris un engagement : aussitôt que l'euro fluctue de plus de 3% par rapport au dollar canadien, les prix suivront, à la hausse comme à la baisse. Les augmentations de mercredi reflètent donc aussi la hausse de l'euro par rapport au huard. Notons qu'une hausse de 3% de l'euro ne se traduit pas par une augmentation de 3% sur le prix de la bouteille, puisque que celui-ci reflète aussi des dépenses - de transport et de mise en marché, par exemple - qui se chiffrent en dollars canadiens.

La SAQ jure qu'il n'y a aucun lien entre la campagne de promotion des vins français qui bat actuellement son plein et les hausses de tarif. " Nos campagnes sont planifiées 18 mois à l'avance. Et en plus, on s'attendait à une hausse des droits d'accise le premier juillet ", dit M. Bolduc, de la SAQ.

Les rabais annoncés dans le cadre de la campagne s'appliquent aux nouveaux prix ajustés mercredi, et non aux anciens. Le rabais d'un dollar sur le Beaujolais Mommessin, par exemple, ne paraîtra que de 85 cents à ceux habitués de payer la bouteille 13,50 $.

Certaines situations ont provoqué l'agacement des employés de la succursale de la SAQ visitée hier par La Presse Affaires. Ils expliquent qu'une des augmentations les plus substantielles notées parmi la liste de " 37 pages " qui leur a été fournie s'applique à une bouteille de 750 millilitres de vodka française Grey Goose. Traditionnellement vendu à 40 $, le produit en promotion est maintenant annoncé en grande pompe avec son nouveau prix bien en évidence... à 41 $.

(c) 2006 La Tribune (Sherbrooke, Qc). Tous droits réservés.