Le ministre Claude Béchard a annoncé mercredi qu'il y aurait du ski, cet hiver, au mont Orford.

Le ministre Claude Béchard a annoncé mercredi qu'il y aurait du ski, cet hiver, au mont Orford.

Le syndicat et l'exploitant de la station, à qui il avait servi un ultimatum de 24 heures mardi soir, ont accepté que la convention collective, échue l'an dernier, reste en vigueur jusqu'au 30 avril prochain.

"Normalement, les travailleurs vont être rappelés dans les prochaines heures pour être au travail dès demain matin (aujourd'hui) et procéder à l'inspection et à la mise en place des équipements", a dit hier après-midi le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs.

Ce bel optimisme n'était toutefois pas entièrement partagé par le syndicat des employés du mont Orford (SCFP-FTQ).

"Les textes ne sont pas encore écrits, nous y travaillons, mais comme nous n'avons aucune confiance en M. L'Espérance (l'exploitant de la station), nous voulons d'abord voir les textes", a indiqué en début de soirée à La Presse Marc Bellemare, permanent de la FTQ en Estrie. M. Bellemare croyait néanmoins lui aussi qu'il y aurait du ski cet hiver. Mais il n'était pas en mesure de confirmer que les employés seraient au travail aujourd'hui.

M. Béchard a fait son annonce en Chambre, à la toute fin de la période des questions, hier après-midi. Il aurait souhaité que l'opposition le questionne sur Orford... Mais comme la question ne venait pas, c'est son collègue, le député libéral d'Orford, Pierre Reid, qui a pris l'initiative.

Le ministre, qui a été plus souvent conspué que félicité, ces derniers mois, dans le dossier du mont Orford - le projet de privatisation d'une partie de la montagne a soulevé les critiques de plusieurs citoyens et groupes, ainsi que de l'opposition péquiste - brûlait en effet d'annoncer qu'il avait sauvé la saison de ski 2006-2007.

L'Espérance ou un remplaçant

Lundi, l'exploitant de la station, André L'Espérance, avait annoncé qu'il n'y aurait pas de ski cet hiver, jetant la région dans le désarroi. On y évalue à environ 10 millions $ les retombées d'une saison de ski. La station fournit 400 emplois directs et plusieurs centaines d'emplois indirects.

Qu'est-ce qui a fait changer d'idée à M. L'Espéance? Le ministre Béchard lui a indiqué que s'il ne lançait pas la saison de ski, il lui trouverait un remplaçant. Il considérerait dès lors que M. L'Espérance n'a pas respecté les termes de son bail. Il ne serait alors dédommagé qu'à hauteur de 80 % pour ses investissements, que le gouvernement évalue entre 5 et 15 millions $. L'exploitant risquait ainsi de perdre entre 1 et 3 millions $.

Le gouvernement doit procéder d'ici les prochains jours à un appel d'offres pour la vente d'une partie de la montagne totalisant 475 hectares et comprenant les pistes de ski, le golf et la portion du parc où doivent être construits des condos de luxe.

Hier, M. Béchard a dit ne pas savoir si M. L'Espérance figurerait sur la liste des acheteurs potentiels. Ce qui est certain, par contre, c'est que la vente des pistes de ski mettra fin automatiquement à son bail de 70 ans, signé avec le gouvernement du Parti québécois en 2000. Dans ces circonstances, le gouvernement le dédommagera à hauteur de 100 %.

Le ministre a-t-il menacé M. L'Espérance, lors de leur rencontre de mardi soir?

"Je n'ai menacé personne, ce n'est pas mon genre de menacer", a répondu M. Béchard hier, en conférence de presse. "J'aime mieux informer les gens que les menacer. (M. L'Espérance) m'a informé de sa situation et je l'ai informé de ma détermination (...) J'ai averti M. L'Espérance qu'on était déterminés à avoir un opérateur et qu'on était déterminés à appliquer le bail. Et ça a donné de bons résultats."

Pour le ministre Béchard, l'engagement des représentants de la région de lancer une offensive de promotion pour ramener les skieurs à Orford a également grandement contribué à la résolution de la crise. M. L'Espérance justifiait en effet sa décision de ne pas ouvrir sa station par une baisse de 60 % des ventes d'abonnement, découlant de l'incertitude engendrée par le projet de privatisation d'une partie de la montagne.

Hier, le député d'Orford, Pierre Reid, a indiqué que l'absence de ski cet hiver aurait été "une catastrophe" pour la région.