Le milliardaire Richard Li a fait une entrée remarquée jeudi dans la course à l'acquisition de BCE (T.BCE).

Le milliardaire Richard Li a fait une entrée remarquée jeudi dans la course à l'acquisition de BCE [[|ticker sym='T.BCE'|]].

Âgé de 41 ans, l'homme d'affaires n'en est pas à ses premières armes dans le domaine des télécommunications. Il a mis sur pied puis revendu en 1995 le premier service de télédiffusion par satellite en Asie.

Propriétaire du groupe Pacific Century, il a organisé en août 2000 le rachat de l'opérateur HKT pour 28,5 milliardsUS, une somme record en Asie continentale. Sa nouvelle cible: la téléphonie canadienne.

Un riche homme d'affaires de Hong Kong, connu en Asie pour ses placements tumultueux dans les télécoms, s'intéresse au sort de BCE, la société mère de Bell Canada.

Il s'agit de Richard Li, fils cadet du milliardaire Li Ka Shing, l'un des 10 hommes les plus riches du monde.

Une entreprise privée de Richard Li, Pacific Century Group, joint le consortium dirigé par la firme d'investissement américaine Cerberus Capital, qui envisage une offre d'achat pour BCE.

La part de Pacific Century, encore en négociations, sera «probablement minoritaire», a commenté Richard Li, après une assemblée d'actionnaires jeudi à Hong Kong.

Outre Cerberus, ce consortium comprend la caisse de retraite de 28 milliardsde dollars des employés d'hôpitaux de l'Ontario, surnommée HOOPP.

Il fait concurrence au premier groupe intéressé à BCE, qui comprend la Caisse de dépôt et placement du Québec, l'Office d'investissement du Régime de pensions du Canada (RPC) et la firme new-yorkaise Kohlberg Kravis Roberts (KKR), spécialisée en gros rachats d'entreprises.

Par ailleurs, la participation de Richard Li au consortium mené par Cerberus pourrait l'aider à satisfaire les normes fédérales de propriété canadienne minimale, à propos de BCE.

En effet, M. Li, âgé de 41 ans, détient la citoyenneté canadienne depuis plusieurs années. Il a acquis ce statut comme des milliers d'autres résidants de Hong Kong avant la rétrocession de cette ex-colonie britannique à la Chine, il y a une décennie.

Richard Li fait aussi partie de l'une des familles les plus influentes en affaires en Asie.

Son père, Li Ka Shing, 78 ans, dirige une fortune estimée à 23 milliards US, composée d'actifs très diversifiés en Asie et ailleurs dans le monde.

Au Canada, Li Ka Shing contrôle la pétrolière Husky Energy, de Calgary. Il est aussi investi au capital du groupe immobilier Concord Pacific, un important promoteur de tours de condominiums à Toronto et à Vancouver.

Par ailleurs, Li Ka Shing fut pendant plusieurs années un actionnaire important de la Banque CIBC. La revente de ce bloc d'actions en janvier 2005, pour environ 1,2 milliard, a servi à créer une fondation en son nom au Canada, qui finance des projets communautaires et charitables.

Mais en dépit de son intérêt pour le Canada, il est très peu probable que Li Ka Shing s'implique dans les ambitions de son fils Richard envers BCE.

En fait, le père et le fils sont présumés en relations difficiles depuis une transaction avortée de Richard Li dans les télécoms.

La bisbille remonte au mois de novembre 2006, alors qu'une entreprise cotée à la Bourse de Singapour et contrôlée par Richard Li, Pacific Century Regional Development, tentait de vendre son bloc d'actions de la plus grosse entreprise de télécoms de Hong Kong, PCCW.

La transaction évaluée à 1,2 milliard US a subitement été rejetée par les actionnaires minoritaires de Pacific Century Regional après que le père de Richard Li se soit avéré être le principal bailleur de fonds de l'acquéreur des actions.

Or, Richard Li n'avait pas été informé de cette participation de son père en coulisses, alors qu'il tente depuis des années de s'en affranchir professionnellement.

De plus, cette relation familiale suggérait un grave conflit d'intérêts à la direction de Pacific Century Regional lors de sa décision de vendre ses actions de PCCW, au détriment de ses actionnaires minoritaires.

Trimestres décevants

Par ailleurs, pour l'entreprise de télécoms PCCW, cette bisbille parmi son actionnariat s'ajoutait à une longue succession de trimestres décevants, en affaires et en Bourse.

Aux dernières nouvelles, malgré ce revers gênant, Richard Li a continué de racheter des actions de PCCW à la Bourse de Hong Kong, jusqu'à hauteur de 28%.

Quant à son intérêt pour la société canadienne BCE, tout indique qu'il s'agit d'une ambition personnelle de Richard Li.

Dans un bref communiqué, hier, sa société Pacific Century mentionne que PCCW a décliné l'invitation de son actionnaire principal à participer à un consortium d'achat de sa semblable canadienne.

Jusqu'à maintenant, la principale transaction d'affaires au Canada de Richard Li remontait au début des années 90. Il avait acheté le contrôle de la firme torontoise Gordon Capital, qui était en disgrâce après des infractions réglementaires.

Remise d'aplomb, Gordon Capital a été revendue en 1998 à la banque HSBC, dirigée de Londres et de Hong Kong, qui en a fait le noyau canadien de sa filiale boursière.

Par ailleurs, Richard Li a un frère aîné, Victor, 43 ans, qui s'est fait connaître dans le milieu d'affaires torontois pour sa tentative d'investir dans la restructuration de faillite d'Air Canada, il y a quatre ans.

Avec l'une de ses sociétés privées, Trinity Time Investments, Victor Li prévoyait investir 650 millions en échange de 31% de la nouvelle société Gestion ACE Aviation, qui a émergé de la restructuration d'Air Canada.

Toutefois, son offre fut supplantée par celle de la firme d'investissement Cerberus Capital et un partenaire européen, Deutsche Bank. Ce tandem demeure à ce jour un investisseur important au capital de Gestion ACE Aviation.

Et maintenant, Cerberus Capital est la firme à laquelle s'associe le frère cadet de Victor Li, Richard, pour participer à une offre éventuelle pour BCE.