Début des années 1990. Les courtiers en valeurs mobilières sont vendus les uns après les autres aux grandes banques. Le plus grand courtier indépendant à capitaux québécois, McNeil Mantha, n'y échappe pas.

Début des années 1990. Les courtiers en valeurs mobilières sont vendus les uns après les autres aux grandes banques. Le plus grand courtier indépendant à capitaux québécois, McNeil Mantha, n'y échappe pas.

En septembre 1991, l'entreprise de 350 employés est vendue à RBC Dominion valeurs mobilières, une filiale de la Banque Royale. Du coup, les deux principaux dirigeants de McNeil Mantha, André Desaulniers et Raymond Désormeaux, empochent 4 M$ chacun.

Aujourd'hui, les deux financiers restent présents dans la communauté d'affaires de Montréal. Mais l'un d'eux, André Desaulniers, ne paie plus ses impôts au Québec. C'est qu'après la vente de son entreprise, André Desaulniers a élu domicile dans la principauté d'Andorre, un paradis fiscal situé dans les Pyrénées, entre l'Espagne et la France.

Au Canada, ce sont les résidents qui paient des impôts. Ceux qui deviennent non résidents sont exempts d'impôts, même s'ils demeurent citoyens canadiens. Un contribuable qui devient non résident doit, avant de partir, payer les impôts sur tous ses gains présumés : maison, chalet, obligations, etc. Une fois cela fait, le non résident ne paie plus ses impôts au Canada, mais dans le pays d'accueil.

«J'ai payé 4 millions de dollars d'impôts dans ma vie. Et 2 millions en partant. Je suis parti très en règle», a dit M. Desaulniers, au cours d'un entretien téléphonique.

Comme tous les non résidents, André Desaulniers ne peut séjourner au Canada plus de six mois par année, sans quoi il devra payer des impôts. Il dit ne venir au Canada que cinq fois par année. Pendant longtemps, il avait un chalet dans les Laurentides, à moins d'une heure de Montréal, mais la propriété a été vendue à son fils pour 1$ à son départ à Andorre. La maison a été revendue depuis.

Même s'il n'est plus résident, l'homme de 65 ans est encore présent dans la communauté d'affaires de Montréal. Ce financier respecté siège au conseil d'administration de l'entreprise Cascades. Son holding personnel, Pyrénées Capital, est un important actionnaire du Groupe Jitney, une firme de négociations virtuelles d'actions de Montréal.

André Desaulniers dit avoir découvert Andorre durant ses vacances de 1972 et il y est retourné fréquemment depuis. «Je suis très heureux à Andorre. La vie européenne, c'est très agréable. Et je serais bien fou d'aller vivre dans le sud de la France quand je peux vivre à côté sans payer d'impôts», dit M. Desaulniers.

Ses présences sporadiques au Québec ne l'empêchent pas d'avoir un numéro de téléphone cellulaire avec le code régional 514.