Vélo, baignade, massage, cocktail, table champêtre : pas de doute, l'ACDA a trouvé la recette pour passer un sacré bel après-midi. Mais les affaires, là-dedans, se brassent-elles vraiment ?

Vélo, baignade, massage, cocktail, table champêtre : pas de doute, l'ACDA a trouvé la recette pour passer un sacré bel après-midi. Mais les affaires, là-dedans, se brassent-elles vraiment ?

Oui, soutiennent les organisateurs. Et mieux que sur un terrain de golf.

«Un tournoi de golf, c'est 12 heures. Tu sors de là et tu as rencontré trois gars que, en fait, tu connaissais déjà», lance un Gilles Dionne un brin sarcastique.

«Quand tu es rendu à la remise des trophées, continue-t-il, tu te retrouves avec 352 personnes. Et là, c'est trop gros. C'est «salut, salut», et ça reste très superficiel.»

Selon lui, les sorties de vélo, qui réunissent chaque fois environ une centaine de participants, sont plus propices aux échanges. Les pelotons de vélo se forment d'eux-mêmes, selon les affinités et le calibre des participants. Au retour, les occasions de jasette sont légion, que ce soit en reprenant ses esprits dans la rivière, en descendant une Bitburger ou en dégustant du méchoui.

La Presse Affaires a bien vu quelques cartes d'affaires s'échanger à Chatham. Mais soyons franc : la plupart des conversations tournent autour du vélo.

Pour Lise Cardinal, auteure du livre Réseautage d'affaires : Mode de vie, ce n'est pas un problème. Parce que le but des activités de réseautage n'est pas tant de conclure des transactions que de connaître ceux avec qui on pourra éventuellement les faire.

«On achète une personne avant d'acheter son service, souligne Mme Cardinal. On fait des affaires avec des gens avec qui ont a des affinités. Et ça peut être aussi subjectif qu'avoir des enfants du même âge. Ou la même sorte de vélo.»

Selon elle, en réunissant des gens qui ont une passion commune comme le fait l'ACDA, «on a déjà franchi un gros pont. On a le même vocabulaire, souvent les mêmes moyens financiers. Ça facilite grandement les choses.»

«C'est sûr qu'on ne parle pas nécessairement d'affaires, admet Pierre Gagnon. Sauf qu'à un moment donné, tu découvres qu'un membre qui est gestionnaire d'immeubles a fait affaires avec un architecte qui est membre de l'ACDA. C'est ça le principe. Tu rencontres des gens, et au moment où tu as besoin d'un service, tu penses à eux.»

Surtout que le réseautage ne se limite pas aux 200 membres de l'ACDA. Ceux-ci connaissent des gens qui connaissent des gens, qui connaissent des gens... «Partez du fait que chaque personne de 21 ans et plus a au moins 250 contacts à partager, dit Lise Cardinal.

En réseautage, la question magique est «connaîtrais-tu quelqu'un qui...» Une fois que vous l'avez posée, vous allez voir les gens se mettent à l'oeuvre pour vous et qui, à même leur portfolio de contacts, font vont référer à d'autres.»

Bref, pour un patron, envoyer un employé pédaler par un mercredi après-midi sur son temps de travail n'est peut-être pas aussi naïf qu'il n'y parait. «Pendant toutes ces années, la qualité des contacts développés via l'ACDA et les références de demande de financement ont toujours justifié mon implication dans l'organisation auprès de mon employeur», dit Pierre Gagnon, de Desjardins Gestion d'Actifs.

Des exemples ? Un prêteur hypothécaire a confié à La Presse Affaires être déjà débarqué dans le bureau de son patron le lendemain d'une sortie de vélo pour faire annuler un prêt que sa firme était sur le point d'accorder à une entreprise. «Prêter de l'argent, c'est une question de confiance, explique-t-il. Et en discutant avec des avocats, on apprend parfois des choses qu'il est bon de savoir...»