Peut-on comparer la crise de l'industrie forestière aux difficultés que vit maintenant l'agriculture québécoise? Devant une salle remplie de producteurs, Laurent Pellerin a fait cet inquiétant rapprochement mardi après-midi. "Et si après la forêt, c'était le tour de l'agriculture?"

Peut-on comparer la crise de l'industrie forestière aux difficultés que vit maintenant l'agriculture québécoise? Devant une salle remplie de producteurs, Laurent Pellerin a fait cet inquiétant rapprochement mardi après-midi. "Et si après la forêt, c'était le tour de l'agriculture?"

Le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) a posé cette question à ses membres réunis à Québec pour leur assemblée annuelle. "Savez-vous ce que c'est, la mondialisation? Vous connaissez ça, le bois? La mondialisation, c'est ça", a lancé Laurent Pellerin.

L'effet était réussi. Les producteurs agricoles du Québec doivent de plus en plus composer avec la concurrence de produits étrangers qui arrivent sur les tablettes des épiceries de la province.

Le président de l'UPA a rappelé que plusieurs fromages québécois étaient maintenant faits avec des ingrédients laitiers importés, souvent d'aussi loin que la Nouvelle-Zélande. Ou que le Québec avait complètement perdu le marché du cornichon mariné au profit de l'Inde.

Laurent Pellerin a demandé aux agriculteurs de se rappeler les débuts de la crise de l'industrie forestière. La variation du taux de change, une usine qui ferme, 50% des usines fermées, des milliers d'emploi perdus. Au lendemain de l'annonce de près de 600 licenciements par Olymel, l'image était forte. "La pâte préparée nous arrive de Chine et les arbres poussent plus vite dans le sud des États-Unis et au Brésil, a continué Laurent Pellerin. Est-ce possible que ça arrive un jour à l'agriculture? Est-ce ce possible que ça soit en train d'arriver à l'agriculture?

Le Brésil, précisément, inquiète beaucoup les membres de l'UPA. Le pays produit du maïs, du porc, du poulet et du soya à des prix que les agriculteurs québécois ne peuvent égaler. "Faisons attention à l'agriculture. C'est fragile. Extrêmement fragile", a prévenu Laurent Pellerin, qui voit quand même trois moyens de protéger le marché québécois.

D'abord, a-t-il conseillé, se distinguer des produits importés par la qualité. Toujours offrir des aliments de très haute qualité. Ensuite, bien identifier les produits québécois en épicerie. Ainsi, les consommateurs qui souhaitent acheter des produits locaux pourraient facilement le faire. Finalement, développer des produits de niche.

Mais sur ce dernier point, Laurent Pellerin a fait une mise en garde: il ne faudrait pas abandonner les produits de masse pour se lancer à corps perdus dans des productions spécialisées en y voyant le moyen de sauver l'agriculture québécoise. Et cette fois, l'analogie est venue avec la situation dans le textile qui a aussi dû faire face à la concurrence étrangère. "On nous avait dit qu'on continuerait de faire que des guenilles de qualité au Québec, a rappelé Laurent Pellerin. De la top qualité."

"Dans ce cas, il n'y a pas eu adaptation: il y a eu disparition", a-t-il conclu.

L'UPA et son président blâme le laxisme d'Ottawa dans plusieurs dossiers chauds en agriculture. Dont celui de la "compétition déloyale" des agriculteurs étrangers. "Voilà l'exemple d'un gouvernement qui a perdu le contact avec notre réalité, soutient Laurent Pellerin. Sa vision de l'agriculture n'a rien à voir avec celle des producteurs et des productrices agricoles, qu'ils soient du Québec ou d'ailleurs au Canada."

Le ministre fédéral de l'Agriculture, Chuck Strahl, a confirmé hier sa présence au congrès de l'UPA demain matin. Il est attendu de pied ferme.