Le nouveau secrétaire américain au Trésor Henry Paulson entame mardi sa première visite en Chine, où il compte appeler à davantage de réformes économiques, mais Pékin lui a fait savoir par avance qu'il n'entendait pas se laisser forcer la main.

Le nouveau secrétaire américain au Trésor Henry Paulson entame mardi sa première visite en Chine, où il compte appeler à davantage de réformes économiques, mais Pékin lui a fait savoir par avance qu'il n'entendait pas se laisser forcer la main.

Avec la tenue des élections parlementaires du 7 novembre, l'ancien banquier d'affaires vedette de Wall Street est sous pression dans son pays pour revenir de son déplacement de quatre jours avec des résultats concrets sur les contentieux commerciaux du moment entre les deux pays.

Ils sont nombreux: Washington considère que la monnaie chinoise est sous-évaluée, permettant aux entreprises du pays de vendre plus facilement leurs produits à l'étranger, il souhaite que Pékin ouvre davantage ses frontières aux marchandises et services étrangers et se plaint de la faiblesse de la lutte contre la contrefaçon dans le pays.

Henry Paulson, qui a succédé à John Snow en juillet, a toutefois prévenu les contempteurs de la Chine dans son pays qu'ils ne devaient pas attendre de "solution rapide".

Lors des réunions du G7-Finances, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale à Singapour, au cours du week-end, il a ainsi estimé qu'il serait "présomptueux" de sa part de dicter à Pékin le taux de change souhaitable du yuan.

Il n'en a pas moins, avec le G7, maintenu la pression pour que la Chine assouplisse son système de change, qui empêche toute appréciation significative du yuan par rapport au dollar. La Chine doit rendre ce système "beaucoup plus flexible", a-t-il dit.

Les Etats-Unis veulent en outre utiliser le Fonds monétaire international dans le cadre de cette campagne, en faisant en sorte que l'institution de Bretton Woods renforce sa surveillance des politiques de change.

M. Paulson a jugé "essentiel" que le FMI s'engage dans cette voie, faute de quoi les tensions commerciales entre pays pourraient dégénérer. "Si le FMI ne se charge pas de cette tâche, la pression va monter pour que chaque pays à titre individuel agisse à sa place", a-t-il averti.

A son retour à Washington, le Trésor américain commencera la rédaction d'un rapport bi-annuel très attendu sur les politiques de change dans le monde. Jusqu'à présent il s'est refusé à accuser la Chine de "manipuler" sa monnaie mais la pression monte.

Des parlementaires, tant dans le camp démocrate que républicain, sont favorables à l'imposition de sanctions commerciales contre Pékin. Ils estiment que l'afflux de produits chinois aux Etats-Unis, favorisé par la faiblesse artifielle du yuan, coûte des milliers d'emplois dans le pays.

En Chine même, Henry Paulson doit rencontrer notamment le président Hu Jintao, des chefs d'entreprises et parler à des étudiants lors d'un débat dans la capitale.

Mais il est peu probable que Pékin fasse beaucoup de concessions à l'occasion de cette visite.

Le gouverneur de la Banque de Chine Zhou Xiaochuan, présent à Singapour avec M. Paulson, n'a cessé de répéter que son pays prendrait son temps pour aménager son régime de change.

"Nous pensons que cette réforme du taux de change doit être progressive", a-t-il dit dans une interview publiée lundi dans un journal de Singapour. Elle devra en tout état de cause être précédée par une réforme du secteur bancaire et des marchés financiers, ce qui prendra du temps, a-t-il dit.

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