Envie d’aller voir les Rocheuses ou la mer cet été ? Il se pourrait qu’à elle seule, la location de la voiture soit aussi chère que les billets d’avion pour s’y rendre et le logement dans un hôtel quatre étoiles. Loin de se résorber, la pénurie de véhicules n’a pas fini de donner des maux de tête, y compris à ceux qui veulent faire un achat.

En s’amusant à regarder les prix d’une escapade à Calgary à la mi-juillet, on a vraiment l’impression d’avoir la berlue. Des billets d’avion sont offerts à 410 $, tandis que certaines voitures coûtent à peu près le même prix… par jour ! Et il ne s’agit pas de Porsche ou de luxueuses décapotables.

Une petite Rio coûte 3376 $ pour une semaine (482 $ par jour), sur Expedia. Le site Rentalcars.com propose une Corolla à 3630 $ (518 $ par jour). Les grandes enseignes réputées comme Avis, Budget ou Hertz n’ont à peu près rien de disponible.

Curieusement, les modèles plus gros risquent d’être plus économiques pour s’évader dans les montagnes, malgré le prix de l’essence. Une Sonata vous coûtera environ 1400 $. On dirait presque une aubaine, si on a oublié qu’il y a trois ans, on pouvait s’en tirer pour 25 $ par jour.

C’est plus avantageux de se rendre jusqu’à Vancouver, où la plupart des véhicules sont un peu moins chers qu’à Calgary. Et pour ceux qui rêvent d’une escapade jusqu’en Gaspésie, les loueurs montréalais facturent environ 1100 $ par semaine pour leurs petits véhicules. Si vous avez des enfants et de l’équipement de camping à transporter, prévoyez 1500 $ pour un VUS ou plus de 2000 $ pour une fourgonnette.

  • Prix pour la location d’une voiture compacte pendant une semaine à Calgary, à la mi-juillet

    CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU SITE RENTCARS.COM

    Prix pour la location d’une voiture compacte pendant une semaine à Calgary, à la mi-juillet

  • Prix pour la location d’une voiture compacte pendant une semaine à Calgary, à la mi-juillet : 3290 $

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    Prix pour la location d’une voiture compacte pendant une semaine à Calgary, à la mi-juillet : 3290 $

  • Prix pour la location de véhicules à Calgary, pour une semaine, à la mi-juillet

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    Prix pour la location de véhicules à Calgary, pour une semaine, à la mi-juillet

  • Prix pour la location de véhicules à Vancouver, pour une semaine, à la mi-juillet

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    Prix pour la location de véhicules à Vancouver, pour une semaine, à la mi-juillet

  • La location d’auto pour une semaine, à Montréal, à la mi-juillet, coûte tout près de 1200 $.

    CAPTURE D’ÉCRAN DU SITE HOTWIRE

    La location d’auto pour une semaine, à Montréal, à la mi-juillet, coûte tout près de 1200 $.

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Ces prix n’ont absolument rien d’habituel.

« Selon moi, on est à des sommets historiques », dit la présidente du Regroupement des loueurs de véhicules du Québec (RLVQ), Annie Roy. Après l’explosion des prix à l’été 2021, ses membres s’attendaient à un retour à la normale en 2022.

Ce n’est pas le cas. La demande surpasse l’offre. Et les prix sont à l’avenant.

Alors que les voyages reprennent, les loueurs de véhicules sont incapables de rebâtir leur parc (vendu en début de pandémie) à cause de la pénurie. Les manufacturiers approvisionnent d’abord leurs concessionnaires. Il manque aussi de pièces pour réparer les véhicules brisés, et ceux qui ont été la cible de voleurs. Beaucoup de catalyseurs disparaissent. En plus, le prix des pièces a bondi « de 25 à 45 % », et il manque de personnel.

« Ce n’est pas jojo pour personne », résume Annie Roy. Elle suggère aux Québécois de réserver le plus vite possible pour l’été qui s’en vient. Sinon, ils risquent de se retrouver le bec à l’eau.

Le cofondateur du site d’aubaines et d’astuces pour les voyageurs Flytrippers, Andrew D’Amours, peut en témoigner. En arrivant à l’aéroport de Dallas, il a constaté qu’aucune entreprise de location n’avait de véhicule disponible. Outre la réservation « longtemps d’avance », le globe-trotter insiste sur l’utilisation d’un comparateur en ligne. Car aucune enseigne n’est moins chère en tout temps et dans toutes les villes, quoi qu’en dise son beau-frère.

Autre astuce : louer dans une succursale à l’extérieur du site de l’aéroport. Parfois, c’est moitié prix. Ça vaut la peine de prendre un taxi pour s’y rendre. On peut aussi économiser gros en refusant les assurances inutiles.

Consultez les conseils de Flytrippers pour économiser

Et pourquoi ne pas choisir une destination où la location d’une voiture ne sera pas requise, quitte à payer plus cher l’avion et le logement ?

Les vacanciers ne sont pas les seuls à devoir subir les perturbations dans le secteur automobile.

Desjardins vient de publier une analyse sur le « profond déséquilibre » qui touche cette industrie au Canada et exerce de la pression sur les prix. Le document ne contient rien d’encourageant pour les consommateurs qui prévoient acheter un véhicule cette année.

L’une des principales sources de problèmes, la pénurie de semi-conducteurs, est actuellement accentuée par Vladimir Poutine. Beaucoup de matériaux et de matières premières qui entrent dans la composition des semi-conducteurs et d’autres pièces proviennent de la Russie et de l’Ukraine. Cela pourrait ralentir encore davantage les usines, au moment où les stocks sont déjà faibles.

« La remontée de la production mondiale de semi-conducteurs est encourageante, mais un retour à la normale ne peut être envisagé avant 2023. Dans ce contexte, les ventes de véhicules resteront limitées au Canada en 2022 et les prix continueront de grimper », écrit l’économiste principale de Desjardins, Hélène Bégin.

Il faudra donc attendre l’an prochain pour que la surchauffe s’atténue.

D’ici là, les automobilistes qui veulent se procurer un véhicule neuf devront faire une croix sur les aubaines et prendre leur mal en patience. Le délai de livraison pour les modèles électriques, par exemple, est de 12 à 24 mois. C’est plus court pour les modèles à essence, mais la prévoyance est de mise si sa location vient à échéance.

Consultez les conseils de l’Association pour la protection des automobilistes

Comme si ce n’était pas assez, le faible niveau des stocks « fait en sorte que les taux d’intérêt offerts par les constructeurs sont nettement supérieurs à ceux proposés avant le début de la pandémie », indique Hélène Bégin. Pour des modèles très recherchés, le taux peut dépasser 6 %.

Dans ce contexte inédit, les véhicules d’occasion continuent de prendre de la valeur. D’ailleurs, en 2021, le prêt moyen pour l’achat d’une voiture d’occasion a grimpé de près de 10 % pour atteindre 19 000 $. Pour les camions légers, les fourgonnettes et les VUS, très populaires, le bond est de 23 % (de 34 000 $ à 42 000 $), selon Desjardins.

Les plus récentes données de Statistique Canada indiquent que le Québécois moyen a dépensé 10 492 $ en transport, en 2019. Il sera intéressant de voir quel a été l’impact de la pandémie sur cet important poste budgétaire lors de la publication des statistiques de 2020 et 2021.