(Montréal) Le couperet tombe chez Montréal International, qui met à pied près de 19 % de ses effectifs, tandis que l’organisme perd certains mandats de Québec et du fédéral et que son enveloppe budgétaire n’a pas suivi l’inflation.

Montréal International a annoncé à 16 de ses 85 employés qu’ils étaient mis à pied, mercredi, a appris La Presse Canadienne. L’organisme a également envoyé un courriel à ses partenaires où on réitère que les missions d’attraction des investissements internationaux et de recrutement des travailleurs étrangers se poursuivront.

Le président-directeur général de Montréal International, Stéphane Paquet, a confirmé la nouvelle en entrevue. « On a dû parler aux gens ce matin pour leur expliquer (la décision). »

Il attribue cette décision à trois facteurs, mais « le plus important » est la perte des mandats d’attraction des étudiants étrangers accordés par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). « En décembre dernier, on m’a avisé que les mandats d’attraction de rétention des étudiants allaient prendre fin le 31 mars. »

Au MIFI, on répond que le recrutement d’étudiants étrangers sera assuré par d’autres partenaires. « En se concentrant sur les activités de recrutement de main-d’œuvre étrangère, Montréal international sera en mesure de bien répondre aux besoins du marché du travail pour les secteurs prioritaires du Québec », explique Maude Méthot-Faniel, la porte-parole de la ministre Christine Fréchette, dans une déclaration écrite.

La décision du MIFI touche aussi Québec International qui a mis à pied 3 de ses près de 100 employés, a confirmé sa porte-parole Isabelle Cloutier dans un courriel.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) Michel Leblanc

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, trouve qu’il s’agit d’une triste nouvelle pour les professionnels de Montréal International dont il fait l’éloge en entrevue. Il juge que Montréal International est une organisation « essentielle » et « stratégique » pour l’économie de la région métropolitaine.

M. Leblanc croit toutefois qu’il est normal qu’un gouvernement révise certaines ententes lorsque les besoins changent. La CCMM, elle-même, s’est trouvée dans la même situation par le passé.

La grande région de Montréal n’avait peut-être plus besoin de déployer autant d’efforts pour recruter des étudiants étrangers, selon M. Leblanc. Il souligne que Montréal a maintenant un fort pouvoir d’attraction auprès des étudiants étrangers et que le contexte d’accès difficile au logement change la donne. « On dépensait de l’argent pour faire ce qui va très bien présentement, peut-être même trop bien. »

Le besoin « le plus criant » en ce moment n’est pas tant de recruter des étudiants étrangers, mais de trouver un moyen de loger les étudiants, peu importe qu’ils soient québécois ou internationaux, estime M. Leblanc.

Pour sa part, M. Paquet souligne que les efforts de Montréal International auront permis de rejoindre près de 14 000 étudiants internationaux, qui se sont inscrits sur sa banque de candidature.

« Ce sont des gens qui étudient à 75 % dans les secteurs de pointe comme les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques. Puis, il y en a beaucoup qui sont au deuxième cycle, il y en a beaucoup qui sont au troisième cycle. Donc, ce sont des gens que la planète s’arrache. »

M. Paquet ignore combien de candidats ont poursuivi des études à Montréal. Il souligne qu’en 2022, l’organisme a généré 1155 inscriptions d’étudiants étrangers.

Montréal International se prépare aussi au non-renouvellement de trois mandats de l’Agence de développement économique du Canada (DEC) pour l’aérospatiale, les technologies propres et le secteur de l’est de Montréal.

L’organisme va continuer ses démarches pour attirer des investissements dans ces secteurs, mais la perte de l’enveloppe budgétaire dédiée fait qu’il pourra y accorder moins de ressources, explique son patron. « Il y aura moins de monde qui va travailler là-dessus. »

Ces mandats représentaient environ « autour d’un quart de million » par mandat, soit environ 750 000 $. « Ce n’est pas des masses, mais ça faisait une différence. »

Au cabinet de la ministre Soraya Martinez Ferrada, qui est responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour le Québec, on souligne que les mandats confiés à Montréal International avaient une durée limitée. « Lorsqu’ils sont octroyés, les dates d’échéances sont claires et connues par l’organisation. Bien que ces mandats ponctuels aient été complétés, Montréal International a toujours accès à d’autres fonds de DEC », répond la porte-parole Marie-Justine Torres.

Les effets de l’inflation

L’enveloppe budgétaire de Montréal International est également demeurée stable dans un contexte de forte inflation, souligne M. Paquet. « Quand l’inflation est à 2 %, on est capable, on devient plus productif puis on fait des gains, mais quand l’inflation est aussi élevée que ce qu’on a vécu dans les quatre dernières années, bien là, ça fait plus mal. »

L’organisme fait des démarches auprès de Québec, du fédéral et de la Communauté métropolitaine de Montréal pour obtenir plus de financement.

M. Paquet assure qu’il n’a pas l’intention de faire d’autres mises à pied dans les prochains mois. « 16 personnes sur un total de 85, c’est beaucoup. Je n’ai pas l’intention de faire d’autres mises à pied dans les prochains mois, dans les prochains trimestres. »

Correction :

Dans une précédente version, nous écrivions que Québec International avait 36 employés. Ils sont près d’une centaine. Nos excuses.