(Montréal) Il faudra produire l’électricité, mais la transition énergétique nécessitera aussi des investissements massifs dans le réseau de transport électrique, prévient le président et chef de la direction de Boralex, Patrick Decostre.

C’est un défi pour tous les gouvernements occidentaux, estime le dirigeant du producteur québécois d’énergie qui a des activités au Canada, aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.

« Il y a des limites [à la capacité de réseau], a-t-il expliqué lors d’une conférence téléphonique, vendredi, visant à discuter des résultats du quatrième trimestre. Les gouvernements vont devoir investir beaucoup d’argent. Quand je dis beaucoup d’argent, c’est probablement des milliards, mais c’est la seule façon de faire la transition énergétique. »

Questionné par un analyste, M. Decostre identifie la saturation des réseaux comme le principal défi à la planification de projets à moyen terme. La responsabilité de résoudre ce problème n’incombe pas aux producteurs d’énergie, selon lui. « Ça ne dépend pas de Boralex. Notre rôle est de trouver les endroits où il est possible de connecter les projets ou de trouver un endroit où l’on peut faire des démarches pour avoir la capacité nécessaire pour se connecter en 2027-2028. »

Le Québec devra également bonifier la capacité du réseau d’Hydro-Québec tandis que la société d’État estime qu’il faudrait 100 TWh en nouveaux approvisionnements en électricité propre pour décarboner le Québec d’ici 2050.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Vue aérienne du parc éolien de la Seigneurie de Beaupré, dont Boralex a contribué au développement. Ensemble, les phases I et II de ce projet terminé et actuellement en exploitation, représentent une puissance installée de 365 MW, formant ainsi le plus grand projet éolien au Canada à ce jour.

En décembre dernier, le gouvernement Legault a permis à la société d’État de repousser de quelques mois un appel d’offres d’énergie éolienne de 2300 mégawatts (MW) afin de donner la priorité aux endroits où les projets peuvent être connectés au réseau plus rapidement. Certains emplacements auraient nécessité plus de temps pour bâtir les infrastructures nécessaires au réseau de transport électrique.

Des échéanciers devancés

Malgré le défi que représente la congestion des réseaux à moyen terme, Boralex parvient à accroître son pipeline de projets. La société recense 5524 MW de projets en développement ou en construction à travers le monde. Il s’agit d’une augmentation de 35 % par rapport à l’an dernier.

Boralex est parvenue à devancer l’échéancier de certains projets dans un contexte de rareté de main-d’œuvre et de pression inflationniste, souligne l’analyste Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux. « Dans cet environnement difficile, Boralex excède encore les attentes avec la mise à jour sur ces projets en développement. »

L’analyste note que l’entreprise a devancé à 2024 le moment prévu de la mise en service de l’équivalent de 150 MW. « Nous anticipions que 195 MW pourraient être mis en service en 2024, ce chiffre a été relevé à 345 MW, soit une augmentation de 150 MW. »

Résultats financiers

Au quatrième trimestre, Boralex a dévoilé une perte nette de 7 millions, comparativement à un bénéfice de 20 millions pour la période correspondante l’an dernier. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 68 % à 322 millions.

La société a produit 1619 gigawattheures (GWh) d’électricité, soit une progression de 9 %. La production est 2 % inférieure aux attentes de la direction. La production éolienne était près de la cible, mais la production hydroélectrique et solaire était inférieure de 12 % et 3 %, respectivement.

L’analyste Nelson Ng, de RBC Marchés des capitaux, estime que le quatrième trimestre de l’entreprise répond à ses attentes. Il souligne que les résultats sont meilleurs qu’il ne l’avait anticipé pour le segment de l’énergie solaire et éolienne, mais que l’hydroélectricité et les coûts de l’entreprise sont légèrement inférieurs à ses prévisions.

L’action de Boralex perdait 42 cents, ou 1,17 %, à 35,39 $ à la fermeture de la Bourse de Toronto.