(New York) La chaîne américaine de supermarchés Walmart a fait mieux que prévu pendant les fêtes de fin d’année, mais ses prévisions pour 2023 ont déçu Wall Street alors que l’inflation pèse sur les dépenses des consommateurs.

Le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 164 milliards de dollars américains pour la période achevée au 31 janvier, soit le 4trimestre de son exercice décalé, nettement mieux qu’anticipé et en hausse de 7,3 % sur un an.

Il a obtenu de bonnes performances notamment dans ses activités de commerce en ligne et de livraisons.

« Nous gagnons des parts de marché dans toutes les catégories de revenus, y compris les plus élevées », a déclaré le patron de Walmart, Doug McMillon, lors d’une conférence téléphonique.

Le bénéfice net du groupe a été de 6,3 milliards sur cette même période. Rapporté par action et ajusté des éléments exceptionnels, il a été de 1,71 $, là aussi au-delà des attentes.

Mais Walmart anticipe un bénéfice par action compris entre 5,90 et 6,05 $ pour l’exercice fiscal en cours, en dessous des attentes du marché.

M. McMillon a dit s’attendre à une « inflation tenace » au cours des mois à venir.

Selon le directeur financier du groupe, John David Rainey, les prévisions traduisent « une grande incertitude quant à la situation macroéconomique ».

À Wall Street, l’action de Walmart a grappillé 0,6 % pour clôturer à 147,33 $.

Lors d’une conférence téléphonique avec des analystes, le directeur financier Richard McPhail a précisé que les perspectives tenaient compte de l’évolution des dépenses des consommateurs des biens vers les services.

La chaîne américaine a par ailleurs annoncé qu’elle allait dépenser 1 milliard de dollars pour des hausses de salaire des employés américains et canadiens.

Cela signifie que les salariés seront payés au moins 15 $ par heure partout aux États-Unis, ont précisé les dirigeants du groupe. Au Québec, le taux général du salaire minimum augmentera de 1,00 $ l’heure à compter du 1er mai prochain, pour passer à 15,25 $ l’heure. Au Nouveau-Brunswick, le salaire minimum sera relevé à 14,75 $ l’heure le 1er avril.

« Ni attrayant ni séduisant »

Premier employeur privé aux États-Unis et réputé pour ses prix souvent plus abordables que ceux de ses concurrents, Walmart est sous pression dans un contexte d’inflation persistante.

La hausse du coût de la vie pousse en effet les consommateurs à se focaliser sur les produits jugés de première nécessité, à commencer par l’alimentaire, au détriment du reste.

Au quatrième trimestre de son exercice décalé, Walmart a affiché une santé solide dans ce secteur ainsi que dans d’autres segments comme les produits pour animaux ou les produits d’hygiène personnelle.

En revanche, des catégories comme les jouets, les vêtements ou les produits électroniques ont rencontré plus de difficultés.

« Walmart ne peut malheureusement pas faire grand-chose pour remédier à la faiblesse de la demande de ses principaux clients », a noté Neil Saunders, de GlobalData.

Selon l’analyste, l’entreprise devrait toutefois adapter ses offres commerciales.

« Le problème de Walmart, c’est qu’ils agissent et pensent comme des acteurs de l’alimentaire, en faisant du marchandisage de manière très fonctionnelle avec peu ou pas d’intuition », explique-t-il.

« Cela n’est ni attrayant ni séduisant pour de nombreux clients », poursuit M. Saunders.

Les résultats de Walmart ont également été affectés par des coûts de main-d’œuvre plus élevés et des stocks excédentaires pour certaines marchandises, bien que la société ait déclaré avoir fait des progrès sur ce front.

Dans le communiqué des résultats, M. McMillon a fait l’éloge du personnel des magasins : « Il a agi rapidement et de façon énergique pour relever les défis liés aux stocks et aux coûts auxquels nous avons été confrontés l’année dernière. »