La chancelière Angela Merkel a continué à tenir tête mercredi à ses partenaires en répétant son opposition à une intervention plus poussée de la Banque centrale européenne (BCE) et à une mutualisation de la dette sous forme des «euro-obligations» proposées par Bruxelles.

Alors que la Commission européenne présente ce jour un «Livre vert» sur les euro-obligations, la chancelière a jugé dans un discours aux députés du Bundestag que c'était «atteler la charrue avant les boeufs» de se pencher sur cette question avant d'avoir réalisé une plus étroite intégration des économies de la zone euro. «Cela ne va pas marcher», a-t-elle prédit.

Elle s'est également montrée inflexible dans son opposition à une intervention plus poussée de la BCE dans la lutte contre la crise qui secoue la zone euro.

«La zone euro a une banque centrale qui est uniquement responsable de la stabilité de la monnaie, c'est son mandat, elle l'exerce» en toute indépendance, a-t-elle dit. «Il est très important que l'Europe puisse s'appuyer sur ces institutions indépendantes, et n'a pas le droit de changer quoi que ce soit à ce mandat», a-t-elle poursuivi.

En conséquence, a reconnu la chancelière, les Européens ont «un montant plafonné à disposition pour ériger des pare-feu» à la crise, et sont «un peu plus vulnérables que des pays dont les banques centrales peuvent imprimer de la monnaie».

Un constat qui ne l'amène toutefois pas à infléchir sa position.

Pour Berlin, le salut dans la crise actuelle réside dans un renforcement des mécanismes de contrôle des politiques budgétaires des Etats de la zone euro, et une plus forte harmonisation des politiques économiques.

La résistance bec et ongles de l'Allemagne à une intervention massive de la BCE, souhaitée notamment par la France et attendue par les marchés, est source de fortes tensions en Europe.

Théoriquement «utiles» mais «irréalistes»

FRANCFORT - Le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) a jugé mercredi que des euro-obligations «seraient un actif de réserve utile pour l'économie mondiale» même si elles sont considérées comme une «perspective irréaliste».

«Même s'ils sont clairement considérés comme une perspective irréaliste, des eurobonds, du pur point de vue du système monétaire international, seraient un actif de réserve utile pour l'économie mondiale», déclare Vitor Constancio selon le texte d'un discours prononcé à Londres.

La Commission européenne présente mercredi ses pistes de réflexion sur ces titres de dettes communs aux pays de la zone euro, considérés comme l'un des remèdes à la crise de la dette, mais auxquels l'Allemagne s'oppose.

Selon M. Constancio, de telles euro-obligations seraient théoriquement utiles pour que la monnaie européenne concurrence le dollar comme actif de réserve mondiale et peut-être la monnaie chinoise à l'avenir «quand la Chine aura une monnaie convertible, un taux de change flexible et un marché des obligations développé».

À ce titre, le vice-président voit le fait que «des investisseurs asiatiques et des banques centrales étrangères aient compté pour une part importante de la demande d'obligations émises par le Fonds européen de stabilité financière (FESF)» comme un signe encourageant du rôle joué par l'euro.

M. Constancio a par ailleurs affirmé qu'il «semblerait justifié d'établir des mécanismes pour fournir des liquidités lors de crises financières quand les liquidités privées disparaissent soudainement».

«Bien que les banques centrales continuent certainement à assumer leurs responsabilités en temps de détresse, elles ne peuvent pas promettre dès le début de fournir une quantité significative de liquidités, car cela interfèrerait avec leur mandat et créerait un aléa moral», dit-il.

La BCE rachète chaque semaine des obligations d'État de la zone euro sur le marché secondaire, mais se refuse à annoncer à l'avance le montant qu'elle rachètera ou à le faire de façon illimitée, ce à quoi certains l'encouragent pour faire baisser les écarts de taux d'intérêt entre pays.