Condamnée à l'austérité par la crise financière et une croissance révisée à la baisse notamment, la France présentera mercredi en fin d'après-midi son plan de rigueur pour 2011 et 2012 après d'ultimes réunions de cadrage présidées par Nicolas Sarkozy à l'Élysée.

Bien gardé, le secret sur le volume et les composantes de ce plan sera levé à 18 heures (13h00 à Montréal) lors d'une conférence de presse du premier ministre François Fillon, qui s'exprimera ensuite sur le plateau du 20 heures de TF1.

Un point est cependant acquis: François Fillon révisera à la baisse la prévision de croissance de l'économie française (2% attendus jusqu'à présent cette année, 2,25% en 2012), a annoncé la porte-parole du gouvernement Valérie Pécresse à l'issue du Conseil des ministres.

Parmi les mesures du plan de rigueur encore débattues mercredi matin, figuraient «les modalités de la taxation des hauts revenus, toujours pas arbitrées», a-t-on indiqué de source gouvernementale.

Selon des chiffres non confirmés par le gouvernement, le respect des engagements de la France sur le déficit public exigerait jusqu'à 4 milliards d'euros d'économies et de recettes fiscales supplémentaires sur l'exécution du budget 2011 et 10 milliards l'an prochain.

De l'aveu même du ministre de l'Economie François Baroin, le cadrage du budget 2012, à huit mois de l'élection présidentielle, restera comme «le plus difficile du quinquennat». Le gouvernement doit réduire le déficit de 20 milliards pour le ramener de 5,7% du PIB attendus cette année à 4,6% l'an prochain.

La cure d'austérité qui s'annonce est cependant le prix à payer pour conserver durablement le «triple A» de la France et éviter à la zone euro un nouveau séisme financier comme celui provoqué par la dégradation de la note américaine de AAA à AA+ le 5 août et par la crise grecque.

Les premières mesures anti-déficit du plan français, applicables dès cette année, seront très vraisemblablement adoptées par le Parlement lors de la session extraordinaire convoquée le 6 septembre pour examiner le nouveau plan européen d'aide à la Grèce.

Dans ses efforts, la France a été précédée par l'ensemble des pays les plus vulnérables de la zone euro, même si l'ampleur de son plan tout comme la menace qui pèse sur son économie apparaissent nettement moindres.

L'Espagne a annoncé plus de 50 milliards d'économies depuis 2010, l'Italie a adopté à la mi-août un plan de rigueur de l'ordre de 45 milliards d'euros, le Portugal ou la Grèce ont pris elles aussi des mesures drastiques en échange du sauvetage de leurs économies par l'Union européenne et le FMI.

À l'inverse, la vertueuse Allemagne vient de s'offrir le luxe de revoir à la baisse sa prévision de déficit public, à 1,5% du PIB cette année.

Dans le détail et parmi la multitude de pistes évoquées, deux mesures du plan de rigueur auront valeur de symboles.

Le gouvernement pourrait revenir en partie sur la défiscalisation des heures supplémentaires, emblématique du «travailler plus pour gagner plus» cher à Nicolas Sarkozy, mais seules les entreprises seraient concernées.

Il s'apprête aussi à taxer les «ultra-riches». L'idée d'une taxe de 1 à 2% frappant les 30.000 foyers dont les revenus annuels dépassent le million d'euros a été évoquée. Elle rapporterait jusqu'à 300 millions à l'Etat. «Peanuts», a rétorqué mercredi le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly.

Seize très grandes fortunes françaises, dont Liliane Bettencourt, se sont déjà cependant déclarées prêtes à apporter une «contribution exceptionnelle» mais «raisonnable» à la réduction des déficits publics.

Les propriétaires de logements locatifs auront les yeux rivés sur le dispositif Scellier avec une réduction d'impôt qui pourrait être ramenée de 22% à 15% et les futurs propriétaires sur le prêt à taux zéro qui pourrait devenir moins favorable pour l'acquisition de logements anciens.