Avec le retour du printemps, beaucoup d'avocats songent à changer de job. Ça déménage dans les cabinets!

C'est habituellement la période de l'année où les avocats en cabinet ont de grandes décisions à prendre pour la suite de leur carrière. Comme les comités d'évaluation ont depuis quelques semaines remis leurs rapports, ils savent maintenant s'ils conservent leur job ou non. Et combien ils gagneront pour la prochaine année. Pour les autres - invités gentiment à partir ou qui ont décidé de quitter le bureau de leur propre chef, insatisfaits de leur rémunération -, ils ont déjà envoyé leur CV, réactivé leur réseau, prévu des lunchs avec des associés, et enchaîné avec quelques entrevues d'embauche. C'est bien connu, pour les avocats qui «déménagent», le 1er juillet a lieu au printemps...

Cette année, la chasse au boulot risque d'être plus fructueuse qu'au cours des deux dernières années. La récession est finie, la reprise semble bien amorcée. «Ça bouge, on sent un regain de vie dans le marché de Montréal», dit la recruteuse juridique Caroline Haney. Elle souligne que les cabinets ont recommencé à réembaucher des avocats, après deux ans de prudence.

Signe que la confiance est revenue, le débauchage chez les concurrents est aussi à la hausse. Depuis le début de l'année, plusieurs cabinets de Montréal sont d'ailleurs très actifs en ce domaine, ayant réussi à chiper quelques bons candidats. Dans le milieu juridique, on évalue souvent - peut-être à tort - la santé d'un cabinet d'avocats à son dynamisme à recruter chez les rivaux. On se dit: «Hé, si ce cabinet embauche tellement de monde, c'est que les affaires doivent être florissantes.» À l'inverse, lorsque plusieurs avocats quittent un bureau, on est porté à croire que ce cabinet a des difficultés.

Des cabinets actifs

Cette année, ça a commencé sur les chapeaux de roues dès janvier, avec la «redistribution» des avocats en droit des affaires de Bélanger Sauvé. Rappelons-le, ce cabinet a décidé l'an dernier de recentrer sa pratique en droit administratif et en droit des assurances, avec pour conséquence que les 15 à 20 avocats pratiquant en droit des affaires devaient poursuivre leur pratique ailleurs. Cinq avocats sont ainsi passés chez De Grandpré Chait, six chez Miller Thomson, trois chez Cain Lamarre et une chez Fraticelli Provost.

Or, voilà qu'on a appris cette semaine que le cofondateur et président du conseil d'administration de Bélangé Sauvé avait lui aussi décidé de partir. Dès le 3 mai, Pierre Sauvé se joindra donc au bureau montréalais de Miller Thomson Pouliot, retrouvant ainsi ses ex-collègues Bernard Blouin, Alain Bergeron, Lucie Kouyoumijian, Alain Laplante, Yves Robillard et Julien Tardif, qui avaient fait le saut chez Miller en début d'année.

«Nous sommes bien heureux d'accueillir Me Sauvé dans notre équipe», a déclaré, au cours d'un bref entretien téléphonique, Louis-Michel Tremblay, associé-directeur du bureau Montréal de Miller Thomson. Il est vrai que lorsqu'on vient d'embaucher six avocats et que l'on convainc en plus le fondateur d'un rival de délaisser son bébé, on a de quoi être satisfait. Chez Bélanger Sauvé, l'associé René Piotte remplacera Me Sauvé à la tête du cabinet à partir du 1er mai, qui par ailleurs conservera le nom du cofondateur.

D'autres cabinets sont également été très actifs. Gowlings, notamment, a recruté plusieurs avocats, dont quelques «vedettes». Fin janvier, le bureau montréalais a réalisé un gros coup en débauchant Mireille Fontaine, spécialiste dans les secteurs du capital d'investissement privé et des fusions et acquisitions. Me Fontaine pratiquait depuis 12 ans au bureau de Montréal de McCarthy Tétrault, où elle était associée. Puis, en février, le cabinet a embauché Julie Desrochers, de Fraser Milner Casgrain (FMC), où elle était la chef du groupe de droit immobilier et développement urbain du bureau de Montréal.

Chez FMC, on a dû trouver l'hiver pénible, puisqu'en février, pas moins de six associés ont déguerpi, dont le plus notoire, Neil Katz, parti se joindre au groupe des services financiers de Blakes à titre d'associé. Mais FMC s'est bien repris ce mois-ci avec l'embauche de l'ex-patron des services juridiques de Gaz Métro, Marc Lemieux.

La palme du coup le plus fumant revient cependant sans doute à Davis, cabinet peu connu au Québec, qui compte plus de 200 avocats au Canada et au... Japon. En février, le bureau montréalais a annoncé l'embauche de sept avocats en provenance de BCF, soit les associés Jean-Yves Fortin, Hubert Sibre et Marc Philibert, de même que les avocats Mélanie Martel, Annie Claude Beauchemin, Ayman Daher et Julien Archambault. Sept avocats d'un seul coup, on n'avait pas vu ça depuis la fusion de Desjardins Ducharme avec Lavery, en 2007.

Comme quoi, au jeu du débauchage, il n'est pas toujours nécessaire d'être le plus important pour sortir gagnant...

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