Le gouvernement a injecté 100 millions pour augmenter le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux, mais ceux-ci ont été détournés pour des cas électifs, n'aidant pas à désengorger les urgences, a expliqué ce matin le ministre de la Santé, Gaétan Barrette.

En commission parlementaire sur l'étude des crédits de son ministère, M. Barrette a souligné qu'il maintenait la cible de 12 heures d'attente en moyenne pour les patients sur civière aux urgences -Québec a marqué le pas l'an dernier avec une attente moyenne de 15,6 heures, identique à l'année précédente. «Tous les jours, de 10 à 15% des lits de courte durée sont occupés par des patients qui ne devraient pas y être, c'est entre 2000 et 2500 lits!», a souligné M. Barrrette. Les médecins utilisent ces lits, qui devraient servir aux urgences, pour leurs patients, des cas électifs.

Pour la première fois, le budget de la Santé, de 36,7 milliards, occupe plus de la moitié des dépenses du gouvernement. Le budget augmente de 4,2% cette année, contre une augmentation de 3,3% en Ontario, a fait valoir M. Barrette.

Mais il a fait face au tir croisé de ses critiques du PQ, Diane Lamarre et de la CAQ, François Paradis, qui ont demandé des comptes sur les temps d'attente qui «stagnent», a souligné M. Paradis. «C'est vrai que cette année la réduction du temps d'attente n'a pas diminué de façon significative. Mais il a diminué considérablement par rapport aux 17 heures au moment où on est entré en poste (avril 2014)», a souligné le ministre Barrette.

Mme Lamarre a demandé en vain les coûts des «centres de débordement». Plus de 511 patients sont en moyenne dans ces lits de transition qui sont sortis des statistiques des urgences. On ne peut savoir la durée moyenne de ces cas en débordement. On a des patients à plus de 24 heures (20,7% des gens), à plus de 48 heures (5,1% des patients). «On est le seul endroit au monde à avoir des statistiques comme ça. Le ministre ne parvient pas à résoudre le problème!» de soutenir Mme Lamarre. Pour le ministre Barrette, la statistique demandée sur les centres de débordement «n'existe pas de façon formelle».

Les séjours de plus de 48 heures sont passés de 6 à 5%, une amélioration de 18%, s'est félicité le ministre Barrette, «quand les choses s'améliorent, elles ne stagnent pas».

«Trois années après l'arrivée du ministre, le temps d'attente est toujours plus de 15 heures», a martelé le député caquiste Paradis. À l'Hôpital général juif de Montréal, on était à 12h30 en mars 2016, on a augmenté depuis de 90 minutes à 14 heures d'attente en moyenne. Pour M. Barrette, cet hôpital est très performant, on a donné des lits de plus et au même moment on constate un débordement des urgences. «Ça ne prend pas un grand cours de gestion pour conclure que les lits n'ont pas été utilisés en priorité pour les patients de l'urgence», a constaté M. Barrette. «Dans une urgence, un lit libéré, c'est extrêmement convoité. On demande que les lits libérés servent aux patients à l'urgence», a-t-il soutenu.