D'ici 2022, les 700 familles qui attendent d'obtenir des services de répit, de dépannage ou de gardiennage pour leur enfant autiste auront reçu de l'aide, prévoit le gouvernement. Dans son plan d'action sur le trouble du spectre de l'autisme, dévoilé ce matin, le gouvernement propose 35 actions totalisant 29 millions de dollars par année jusqu'en 2022 afin de supporter cette clientèle.

La liste d'attente d'enfants de 0 à 5 ans en attente de services d'aide en autisme, dont des services d'intervention comportementale intensive (ICI), diminuera de 45 %, annonce la ministre déléguée à la réadaptation, à la protection de la jeunesse, à la santé publique et aux saines habitudes de vie, Lucie Charlebois. C'est donc 500 enfants de moins qui seront en attente.

Des professionnels seront embauchés afin de faciliter l'obtention d'un diagnostic pour les enfants, ajoute le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Actuellement, devant l'importance de l'attente pour obtenir un diagnostic en autisme, plusieurs familles doivent dépenser des milliers de dollars en se tournant vers le privé.

Encourager la recherche

Chaque enfant se fera accorder un intervenant pivot dès l'obtention des premiers services afin de coordonner l'ensemble des soins et des services qui lui seront offerts.

Du soutien financier sera accordé à des organismes communautaires afin de créer de nouvelles places de répit. 

Des ententes seront également conclues afin d'offrir plus de soutien aux adultes autistes à la fin de leur scolarisation, à 21 ans.

Le ministre Barrette insiste pour annoncer que 1,25 million de dollars iront à la recherche en autisme.

« En autisme, la science est en train de s'écrire. L'évolution des connaissances passe par la recherche », dit M. Barrette. La majorité des fonds financeront des recherches visant à déterminer si l'ICI est réellement efficace ou non.

Des travaux sont également en cours avec le Collège des médecins sur le surdiagnostic et la surmedicamentation des enfants autistes. Depuis 2001, le nombre d'enfants ayant reçu un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme a augmenté de 850 % au Québec.

Le Plan d'action du gouvernement a été conçu à la suite du Forum sur les troubles du spectre de l'autisme, tenu l'an dernier. « Ça va donner de l'air et de l'espoir aux familles, qui vivent des périodes de turbulence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », affirme Mme Charlebois.

Réactions

« Je repars ce matin avec de l'espoir. C'est un bon début. Mais il faudra voir sur le terrain si ça répond vraiment aux besoins » - Jérémie Lagacé de la Coalition autisme Québec, papa d'un enfant autiste de 4 ans.

« Nous sommes optimistes que ce plan d'action permettra de répondre aux attentes et aux espoirs des personnes atteintes de TSA ainsi que de leurs proches. (...)  Il ne faut pas oublier que le trouble du spectre de l'autisme dure toute une vie et que des dizaines de milliers d'adolescents, adultes et personnes âgées ont besoin d'un grand soutien. Pour le moment, nous croyons que l'attente en a valu la chandelle, mais nous allons demeurer aux aguets afin de nous assurer que ce plan soit mis en oeuvre rapidement et de manière efficace » - Diane Proulx Guerrera, présidente du conseil d'administration de la Fondation Miriam qui milite pour l'amélioration des services offerts aux Québécois vivant avec un trouble du spectre de l'autisme (TSA).

« Ajouter 29 millions de dollars par année, c'est mieux que rien. Mais considérant l'ampleur des besoins dans toutes les régions du Québec, c'est peu. Certaines problématiques ne trouvent également pas de réponse dans le Plan d'action. Par exemple, le fait qu'un des parents, qui sont séparés dans 80 % des cas, ne peut souvent travailler, car il doit s'occuper de son enfant » - Brigitte Carrier, présidente du conseil d'administration de la Société de l'autisme de Laval.

Le Plan d'action sur le trouble du spectre de l'autisme (2017-2022)

• 0 à 5 ans: 11,2 millions pour rehausser les services en réadaptation et intervention comportementale intensive

• 6 à 18 ans: 5 millions pour rehausser les services en réadaptation

• 18 ans et plus: 3 millions pour rehausser les services socioprofessionnels, communautaires et de réadaptation

• Tous âges confondus: 3,8 millions pour créer de nouvelles places de répit et de soutien financier

• 6 millions pour offrir du soutien spécialisé aux personnes dans leur milieu de vie et développer des services résidentiels